Courrier des lecteurs de François Fasquel

Léon de Lépervanche, le défenseur de l'Humain d'abord !

  • Publié le 14 avril 2013 à 11:07

15 novembre 1961 : une foule immense venue des quatre coins de l'île rend un dernier hommage à l'homme qui porta le plus loin le combat pour l'édification d'un monde solidaire à La Réunion. Cet homme, qui rend son dernier souffle après une vie de luttes, s'appelait Léon de Lépervanche, le chantre de l'égalité.

Né un jour de novembre 1907 à Saint-Denis, il est très tôt bouleversé par les pensées communistes qu’il lit à travers les ouvrages de Karl Marx. Il prend conscience que la domination de la classe bourgeoise a pour condition essentielle l'accumulation de la richesse aux mains d’une minorité. Nous sommes en 1923. Engagé comme cheminot, il milite contre les licenciements abusifs et les soubresauts du patronat. Il n’a que 29 ans lorsqu’il apprend qu’en métropole, le Front Populaire, mené par Léon Blum, accorde aux travailleurs une augmentation de salaire de 7 à 15%, quinze jours de congés payés et la liberté du droit syndical. A La Réunion, ces accords ne sont pas appliqués.

C’est pourquoi, Léon de Lépervanche organise de nombreuses grèves, dont la plus dure en 1938, qui visent à faire accepter par le patronat l’extension aux travailleurs le bénéfice des accords de Matignon votés deux ans plus tôt à Paris. Ne réclamant que l’égalité de traitement, le mouvement n’obtient hélas que de maigres concessions. Au moment où le patronat lui demande de regagner son poste, De Lépervanche refuse car il exige la levée des sanctions à l’encontre de ses camarades qui n’ont fait que suivre son appel à la grève. Celles-ci maintenues, il est licencié le jour de ses 31 ans. Plongé dans la misère, De Lépervanche n’abandonne pas pour autant ses convictions et son courage.

Lorsque la guerre éclate en 1939, Léon est membre de la Ligue des Droits de l’Homme aux côté du docteur Vergès et du prince Vinh San en exil. Pendant l’Occupation en métropole, le gouverneur de La Réunion Aubert se range du côté de Pétain. De Lépervanche fait le choix inverse et s’engage dans la résistance ce qui lui vaudra d’être condamné à trois mois de prison en 1941 pour " menées communistes et intention manifestée de vouloir quitter clandestinement l'île ". De Lépervanche sait prendre position jusqu’à mettre sa vie en danger lorsqu’il s’agit de liberté, d’égalité et de fraternité. Le 28 novembre 1942, muni du titre de commissaire du peuple, il est un des premiers à monter à bord du Léopard, contre-torpilleur, venu libérer avec succès l’île. Après la guerre, il s’engage pleinement en politique. Il participe à la création du Comité Républicain d'Action Démocratique et Sociale (CRADS) aux côtés de Raymond Vergès, avec qui il obtient en 1946 de l’Assemblée nationale constituante, d’élever La Réunion au rang de département français. Sincère républicain, il s’éloigne du PCR dès sa création en 1959 lorsque les communistes soulèvent l’idée de l’autonomie.

Si Léon de Lépervanche revenait dans ce bas-monde, il serait sans nul doute plus écœuré par la situation économique et sociale dans laquelle nous sommes plongés. Rien à changer, cela s’est même empiré. D’abord, aujourd’hui les syndicalistes sont toujours peu protégés. A quand une loi défendue par le Front de Gauche sur l’amnistie des syndicalistes, défendant leurs emplois et camarades, poursuivis en justice ? Ensuite, les inégalités se sont renforcées.

Pouvons-nous rester insensibles aux 400 000 Réunionnais qui vivent sous le seuil de pauvreté alors qu’une minorité s’enrichit toujours, dont un élu déclarant sans vergogne gagner 90 000 euros par mois ? Les institutions actuelles ont résolument éloigné le pouvoir du peuple. Nos oligarchies locales détiennent tout le pouvoir (…) et à cette situation privilégiée correspond l’immense détresse des masses laborieuses ", voilà ce que dénonçait Léon de Lépervanche en 1946, et pourtant encore ô combien vivace aujourd’hui ! Comme le voulait Lépervanche, le peuple doit reprendre le pouvoir. Convoquer l’Assemblée constituante de la VIe République est une nécessité pour restaurer la démocratie véritable et arrêter de servir les intérêts privés des puissants.

De sa vie, Léon de Lépervanche en a fait un combat pour l’égalité de tous les Réunionnais. Résistant et militant, cet homme doit servir d’exemple et doit entrer dans le Panthéon des grands hommes Réunionnais. Parce qu’il pensait " humain d’abord ", il aurait sans nul doute entendu l’appel de Jean-Luc Mélenchon pour donner un grand coup de balai, le dimanche 5 mai 2013, à toute cette oligarchie pourrie qui capitule face aux banques et aux marchés. Indignez-vous ne suffit plus : tous les militants du Parti de Gauche vous demandent de résister et rejoindre notre combat mené en son temps par Léon de Lépervanche, notre héros tutélaire !

François Fasquel, militant au Parti de gauche

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2 Commentaires
Kolectif Kont\\\' léta Kolonialis Fransé
Kolectif Kont\\\' léta Kolonialis Fransé
10 ans

Vous vous trompez de héros. Léon Lepervanche a vendu la liberté des Réunionnais qui comme tout pays colonisé devait entrer dans un processus de décolonisation par l'autodétermination donc par référendum.
Léon Lepervanche et Raymond Vergès sont tous les deux des petits bourgeois de la société coloniale et n'ont aucune légitimité à jouir d'un titre de personnages célèbres de la Réunion.
Il s'est fait humilié par Paul Valentino à l'assemblée constituante. Il est un collaborateur du système colonialiste français. Vouloir ériger ce personnage comme référence c'est montrer officiellement que vous faites parti du clan des colonialistes ! Encore un parti national de plus à la Réunion que nous indépendantistes combatteront dans les idées.
Ce parti me semble bien métropolitisé ! Encore un parti de maître politain !
Vous devriez avoir honte car je pense que vos ailleuls ne vivaient pas sur l'île à cette époque, dois je déduire que vous voulez comme de nombreux historiens et universitaire travestir l'histoire des Réunionnais !

ydtebo
ydtebo
10 ans

des qualités certes, mais n'est ce pas lui qui déclarait à l'Assemblée Nationale qu'"il n'y avait aucun problème de langue ou de culture à la Réunion" , ou à peu près cela ( Scherer, la Reunion, collection Que sais je) ? d'où la problématique due la "colonialité du pouvoir" aujourd hui, si je ne m'abuse, posée par les postcolonialistes marxistes...