Chaos et anarchie

Pakistan: sang, impacts de balles et silence sur les lieux de l'attaque contre Imran Khan

  • Publié le 4 novembre 2022 à 16:17

Pendant des jours, le podium mobile d'Imran Khan a été un lieu d'effervescence permanente, les journalistes et conseillers déferlant autour de l'ex-Premier ministre pakistanais pendant qu'il haranguait ses admirateurs tout au long de sa "longue marche" sur Islamabad.

Mais vendredi matin, le conteneur maritime monté sur un camion qui était le véhicule de proue de cette marche, lancée par M. Khan pour bousculer le gouvernement et arracher des élections anticipées, n'était plus qu'une coquille vide derrière un cordon de police.

Des balles avaient percé le sommet du conteneur, couvert de taches de sang et drapé de banderoles plaidant pour le retour au pouvoir de M. Khan.

Jeudi après-midi, un individu a tiré plusieurs coups de feu en direction du conteneur depuis le trottoir, blessant M. Khan à une jambe et au moins dix autres personnes.

"C'est une horrible tradition que nous avons (ici)", déplore Osman Butt, un commerçant local qui a assisté à la scène, se référant à la violence politique au Pakistan, tristement courante.

Aussitôt après être descendu du conteneur et être monté dans une voiture pour aller à l'hôpital, M. Khan, 70 ans, avait toutefois pu rassurer ses supporteurs sur son état de santé.

"Imran est descendu du conteneur peu après et a fait le signe de la victoire, nous demandant de garder confiance et d'être patient", a déclaré Muhammad Usman, un témoin âgé de 28 ans, tiraillé entre fierté et inquiétude.

L'ancien champion de cricket se rétablit tranquillement dans un hôpital de Lahore et devrait pouvoir en sortir dans la journée, selon une députée de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice).

- "Chaos et anarchie" -

Vendredi matin, des jeunes gens ont sillonné à moto les rues de Wazirabad, brandissant des drapeaux du PTI. Réussissant à couvrir de leur voix le bruit des moteurs, ils ont scandé: "Longue vie à Imran Khan".

Le Pakistan est aux prises depuis des décennies avec des mouvements islamistes violents et plusieurs assassinats politiques ont émaillé l'histoire récente du pays.

L'attaque contre Imran Khan fait écho à l'attentat qui avait coûté la vie en 2007 à Benazir Bhutto, la première femme de l'ère moderne à avoir dirigé un pays musulman. Un kamikaze s'était fait exploser près de son véhicule alors qu'elle saluait ses partisans à Rawalpindi.

Depuis qu'il a été évincé du pouvoir en avril par une motion de censure, M. Khan a à plusieurs reprises assuré que sa vie était en danger.

L'attaque de jeudi, apparemment menée par un homme seul qui a été immédiatement appréhendé, a accru la tension dans le pays, plongé dans une grave crise politique et économique avant même la fin du mandat de M. Khan, arrivé au pouvoir en 2018.

Vendredi, quelques partisans du PTI se sont rassemblés sur la scène du crime, certains vêtus aux couleurs du parti.

"De tels incidents vont conduire au chaos et à l'anarchie", a mis en garde l'un d'entre eux, Ahmad Khan, âgé de 25 ans.

Les lieux étaient gardés par des policiers armés et passés au crible par la police scientifique. Un policier ayant requis l'anonymat a expliqué à l'AFP qu'ils organisaient une reconstitution de la fusillade.

"Notre chef va bien. C'est un brave, un homme d'acier qui nous rejoindra bientôt ici", a assuré un autre soutien, Qadir Khan Sulemankhel, 37 ans.

"Nous sommes prêts à faire tous les sacrifices requis pour notre chef", a-t-il ajouté. "Nous ne sommes pas démoralisés."

AFP

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