Ils reviennent

Abattoir Evollys : la grève est finie, les poulets de retour en rayon dès vendredi

  • Publié le 12 septembre 2024 à 02:59
  • Actualisé le 12 septembre 2024 à 05:29

Poulets jaunes, poulets entiers, cuisses de poulet, poulets fumés, saucisses de poulet… depuis le début de la grève à l'abattoir de l'Étang-Salé, il était devenu difficile de trouver du poulet dans les rayons de supermarchés, comme dans certains restaurants cuisinant des produits frais. Mercredi, les salariés ont annoncé mettre fin à leur mouvement et le travail reprend donc ce jeudi matin, 12 septembre 2024. Les poulets devraient être de retour dans les rayons des commerces dès ce vendredi (Photo rb/www.imazpress.com)

Dans plusieurs grandes et moyennes surfaces de l'île, le poulet s'est fait rare ces derniers temps. À Sainte-Marie – avant l'annonce de la fin de grève – les rayons étaient vides. "Suite à un souci de planification nous regrettons de ne pouvoir faire suite à la livraison de tous vos produits" expliquait une pancarte apposée près du rayon.

Du côté des restaurateurs la crainte s'était aussi fait sentir. À Saint-Denis, Maéva Gastrin cuisine essentiellement avec des produits frais et péi. Ce mardi, son plat signature – un gratin de riz au poulet – n'avait pas pu sortir de ses fourneaux en raison de la grève. "J'ai dû adapter mes plats", nous a-t-elle confié.

Pour ces commerçants, la décision de la reprise du travail à l'abattoir de l'Étang-Salé a été une bonne nouvelle.

Toutefois, ne vous ruez pas sur les magasins, le poulet reprendra place dans vos étals seulement à partir de vendredi. Un peu de patience donc.

- Une activité qui reprend ti pa ti pa à l'abattoir -

C'est la procédure de conditionnement qui est à l'origine de cette journée d'attente supplémentaire. Tout d'abord parce qu'il faut prélever les volailles (près de 10.000 pour un seul bâtiment d'élevage), avant de pouvoir les conditionner.

"Nous devons reprendre l'activité petit à petit en passant par la prise de commandes avant de conditionner la marchandise", explique Thibault Lecerf, chef de projet à Évollys.

"Il faut fabriquer, conditionner, palettiser et mettre en camion", ajoute-t-il, expliquant que pour chaque produit le conditionnement est différent.

"Si on fait un poulet entier c'est assez rapide, il est abattu, conditionné, palettisé. Mais si on fait un jambon de volaille, cela prend plus de temps. Il faut abattre le poulet, l'envoyer en charcuterie, le mettre au congélateur, le cuire, le refroidir, le découper en morceaux, le conditionner et le palettiser", détaille Thibault Lecerf.

- Un véritable soulagement pour les éleveurs -

La décision de reprise est également "un soulagement pour les éleveurs qui pourront enfin apporter leurs volailles à l'abattoir", souligne Stéphane Sarnon, président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles).

Et pour cause, les éleveurs ont dû faire face à "des poulets prêts à sortir mais qui ne peuvent pas être acheminés à l'abattoir. Il grossit, il prend de la place dans le bâtiment, il faut le nourrir et cela occasionne des risques d'étouffement et il y a un surcoût en termes d'alimentation et d'énergie consommée" lance Olivier Chamand, éleveur de volailles.

S'il n'a pas été directement impacté, ses volailles ayant été prélevées avant la grève, il note que "ses collègues sont en souffrance".

Si la grève avait duré, "cela aurait engendré une perte économique énorme", souligne Jean-Michel Moutama, représentant de la CGPER (Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion).

- "La fin d'une grève, mais pas d'une bataille" -

Pour rappel, ce mercredi, après l'annonce de la réquisition de plusieurs salariés par la préfecture pour "assurer la continuité de la récupération chez les éleveurs des poulets pour abattage, au titre du bien-être animal et de la sécurité sanitaire", les salariés de Evollys ont décidé d'un commun accord de mettre fin à leur grève et de reprendre le travail dès ce jeudi.

"Nous n'accepterons plus jamais d'abattre des volailles pour les détruire comme nous l'avons fait pendant des années sous la gouvernance du groupe Urcoopa", dénonce Thibault Lecerf, évoquant plus d'un million de produits "détruits volontairement par manque de place ou pour date limite de consommation dépassée".

La fin d'une grève mais qui ne signifie pour autant pas "la fin de la bataille". Aucune option n'est écartée mais le mouvement de contestation continue."

"Nous reprenons dans des conditions normales mais en revanche le mouvement ne s'arrête pas là" indique Thibault Lecerf, représentant des salariés.

Il précise que "les salariés resteront mobilisés jusqu'au 19 septembre", date où le tribunal de commerce de Saint-Denis statuera sur la requête de l'Urcoopa visant à reprendre à son compte la présidence de l'abattoir.

"Depuis 2017, à la suite à d'une "accumulation de dettes très importantes", l'Urcoopa avait cédé la présidence de la structure à l'entreprise Ducheman et Grondin via un protocole qu'elle veut désormais faire annuler", souligne Mickaël Guillou, secrétaire CSE UES Evollys. Mais "les salariés ne veulent pas de dégradation de leurs conditions de travail et de gel des salaires", souligne-t-il. 

Si l'exploitation d’Evollys est dirigée par l'entreprise Duchemann et Grondin, Urcoopa est propriétaire de la société via sa filiale Soficoop.

Contactée, l'Urcoopa pas encore donné suite à nos sollicitations.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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