Manuel Valls a de nouveau engagé ce mardi la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi travail, en annonçant à la tribune de l'Assemblée nationale son recours à l'article 49-3 de la Constitution dès le retour du texte en deuxième lecture.
Si aucune motion de censure n'est déposée dans les 24 heures, le projet de loi sera définitivement adopté. Le groupe Les Républicains, qui a déjà fait savoir qu'il ne déposerait pas de motion, a quitté ses bancs à l'annonce du 49-3.
Par Kiki SIREGAR - © 2016 AFP
Au moment même où des dizaines de milliers de personnes manifestaient dans le pays, le gouvernement a une nouvelle fois décidé d’utiliser l’article 49.3 de la constitution pour faire adopter la loi travail à l’assemblée.
Quel aboutissement lamentable ! Sous la dictée du Medef, le gouvernement a introduit une loi massivement rejetée dans le monde du travail, y compris dans son propre électorat. Douze journées de manifestations ont rassemblé des centaines de milliers de travailleurs pendant quatre mois. Des cheminots aux raffineurs, des dockers aux éboueurs, des secteurs entiers ont fait grève. Les calomnies les plus grossières contre les manifestants, les amalgames les plus insultants, les opérations de police : tout a échoué contre cette mobilisation, restée populaire jusqu’à aujourd'hui. Même à l’assemblée, le gouvernement a été incapable de dégager une majorité. Jusqu’au bout, fût-ce au prix d’un discrédit complet, Hollande, Valls et El Khomri ont voulu faire ce cadeau supplémentaire au patronat.
Aidé par l’arrivée opportune des congés, le gouvernement estime peut-être qu’il a gagné la bataille. Il a surtout réussi à mobiliser contre lui des centaines de milliers d’ouvriers, de salariés, de jeunes ou de retraités. Gageons que cette combativité retrouvée sera, au mois de septembre et au-delà, le ferment d’un renouveau des luttes contre les capitalistes et leurs larbins du PS.