Deux organisations quittent le syndicat réunionnais

CGTR : les raisons du déchirement

  • Publié le 18 juillet 2014 à 05:00

Après avoir quitté la CGTR, l'Union régionale a expliqué ce jeudi 17 juillet 2014 les raisons de ce divorce. L'UR et la Fédération commerce et services l'ont décidé le 5 juillet dernier lors de la tenue d'un congrès extraordinaire. Après plus d'un an de tensions et de conflits avec le premier syndicat de La Réunion, les deux organisations souhaitent désormais se recentrer sur du "syndicalisme de terrain", en opposition au "syndicalisme de salon." Une demande d'affiliation a été faite auprès de la CGT nationale afin de bénéficier d'un nouvel appui stratégique. Quelques jours après la fin du conflit à la Cilam, une grève a d'ores et déjà été annoncée pour la semaine prochaine par Pascal Hoareau, secrétaire général de l'Union régionale.

Près de deux semaines après avoir acté la désaffiliation de la CGTR lors d'un congrès extraordinaire, Pascal Hoareau, secrétaire général de l'Union régional explique les raisons de cette scission, au micro de RTL Réunion.

Quel est le motif de votre conférence de presse ?

Cette conférence de presse fait suite à un communiqué que nous avons transmis mercredi pour annoncer notre désaffiliation de la CGTR.

Qu’est-ce qu’une désaffiliation ?

Nous étions liés juridiquement à la confédération,notamment d’un point de vue financier. Les cotisations perçues à l’époque par l’Union régionale sud étaient reversés par la CGTR.

Quelles ont été les causes de cette décision ?

Depuis un an, il y a eu quelques tensions et des conflits entre l’Union régionale et la confédération. Nous avons essayé de trouver des solutions en interne,mais malheureusement les portes ont toujours été fermées. Nous avons même demandé la tenue d'un congrès extraordinaire de la confédération. Mais, nous n’avons eu aucune réponse. Nous nous sommes retrouvés au pied du mur et il y a un choix qui a été fait par les adhérents de se retirer de la CGTR.

Quels sont ces conflits ?

Il y a eu différentes problématiques. A mon avis, celle qui a enclenché le conflit avec la confédération était notre demande de transparence financière sur les comptes de la CGTR. Un vote a été exprimé dans la commission exécutive sur un vote "contre", qui a été très mal perçu, des condamnations ont été faites. Au fur et à mesure la situation est devenue de plus en plus conflictuelle.

Nous sommes attachés à un principe : nous devons connaître l’usage qui est fait de l’argent donné à un syndiqué. C'était le sens de nos interventions au niveau de la confédération et nous n’avons pas eu les réponses souhaitées. Pire, nous avons été condamnés parce que la confédération a estimé que les questions étaient un peu trop gênantes… En tout état de cause, n'ayant pas eu accès à cette information, nous avons décidé de nous retirer de la confédération.

Aujourd'hui, où en êtes-vous ?

La désaffiliation de la CGTR est effective. Nous n’avons plus aucun lien juridique avec la confédération. Nous ne payons plus rien, elle ne nous reverse plus notre cote part.

Sous quel statut êtes-vous aujourd'hui ?

Notre structure existe depuis plus d'une vingtaine d'années. Nous ne sommes plus affiliés à la CGTR mais nous restons quand même un syndicat. C'est sur cette structure aujourd'hui que nous fonctionnons.

Comment s'appelle ce syndicat ?

Union régionale.

En quoi votre organisation a changé ?

Toute référence à la CGTR a été supprimée dans nos statuts. L’Union régionale a également modifié le champ d'interventions géographique. Aujourd'hui, nous n’interviendrons plus uniquement dans le Sud, mais sur toute La Réunion.

Vous avez parlé de différence entre un syndicat de terrain et de salon. Que voulez-vous montrer aux personnes syndiqués ?

Nous pratiquons et nous voulons développer un syndicalisme de terrain. C’est-à-dire être au plus près des salariés, être là quand ils ont besoin de nous, parfois nous rendre disponible même sur des heures tardives pour participer à des réunions… Nous allons tendre vers ce type de syndicalisme. Nous n’allons pas être dans un syndicalisme que nous qualifions de salon avec une représentation qui peut être un peu trop importante à notre goût et dans ses instances où il ne se passe pas grand chose.

Voulez-vous dire que certains croisent les bras alors d'autres foutent le feu ?

Je ne serais pas aussi catégorique. Mais, en termes d'images, nous sommes dans un syndicalisme qui peut être plus porté vers l'action.

Qu’allez-vous dire aux différents adhérents ?

Notre premier devoir est d'informer les adhérents sur ce qui se passe depuis le 5 juillet : les informer de la désaffiliation à la CGTR, et de la demande d'affiliation qu'il y a eu au niveau de la CGT. Dans la foulée, nous souhaitons organiser un congrès pour fusionner les deux structures qui ont quitté la confédération : la Fédération commerce et service et l’Union régionale. Si nous obtenons l’affiliation avec la CGT, nous deviendrons un syndicat interprofessionnel affilié. Si la demande échoue, nous serons un syndicat indépendant et autonome.

N’avez-vous pas peur de créer de la confusion parmi vos adhérents ?

Oui. Il y a un gros travail d'information qui a déjà commencé. Nous rencontrons régulièrement nos délégués par qui nous faisons passer le maximum d’informations sur la situation de l’Union régionale. Le congrès extraordinaire du 5 juillet dernier a eu lieu avec les adhérents, donc ils ont eu l'occasion d'avoir des informations sur ce qui se passe.

Entre CGT et CGTR, comment allez-vous vous différencier ?

La CGTR n'est pas un syndicat affilié à la CGT. Il y a une convention et une coopération avec la CGT. Pour nous - et les congressistes qui ont validé cette demande d'affiliation - l'appui de la CGT est importante notamment au niveau de l'information générale que peut nous fournir la confédération nationale.

Vous parlez d'action de terrain. Avez-vous déjà prévu des actions ?

Malheureusement, nous n’avons pas de calendrier des actions de grève. Il y a déjà eu celle de Cilam qui a débuté sous l’étiquette de la CGTR et qui s’est terminée après la congrès. La semaine prochaine nous devrions démarrer une nouvelle grève entièrement sous l'étiquette Union régionale. Nous voulons inscrire la lutte comme un moyen d'action pour faire aboutir les revendications des salariés.

Que sera cette grève ?

Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus… pour l'instant.

Le président de la République arrive dans une semaine. Avez-vous des actions prévues pour la venue de François Hollande ?

Une interpellation sera faite à propos du dialogue social à La Réunion par l’Union régionale. Nous parlerons notamment de l’exemple de la CIlam.

C'est un dossier qui vous a marqué dernièrement…

Oui, dernièrement et même depuis un an déjà. Il y avait eu un premier mouvement, et un nouveau cette année. Au fur et à mesure, nous voyons que les choses sont de plus en plus difficiles…

Vous parliez d'actions un peu plus différentes. Comment seront-elles organisées ?

Nous n’allons pas donner les détails de nos futures actions. Mais rien que dans la manière d'agir, nous serons beaucoup plus sur le terrain, plus proche des salariés.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
Citoyens du Sud
Citoyens du Sud
10 ans

Ivan le Terrible ne s'est jamais caché de sa haine envers les gens du Sud. Ces derniers ont fini par le comprendre... Mieux vaut tard que jamais!

mf
mf
10 ans

Les régionales arrivent à grand pas .... C'est que le débuit

sony
sony
10 ans

Pourquoi il parle toujours de grève?
Ce mot revient constamment.
Il ne parle jamais de concertation avec le patronat.
C'est dommage de penser a la guerre avant de penser a la paix