Alors que deux grévistes de la faim ont été hospitalisés vendredi soir

SIB : l'emblématique combat qui n'intéresse personne

  • Publié le 22 février 2014 à 05:00

Ce vendredi 21 février, l'état de santé des deux salariés de la SIB en grève de la faim depuis cinq jours a été jugé suffisamment préoccupant pour les transférer à l'hôpital, interrompant des négociations pas très bien engagées avec la direction. Pas sûr toutefois que cela suffise à attirer l'attention sur un conflit social pourtant lourd de symboles et emblématique des dérives du système économique mondial, mais qui n'a mobilisé ni les syndicats, ni les politiques, ni la population.

Avant l’ambulance venue les transférer ce vendredi soir au centre hospitalier Gabriel-Martin de Saint-Paul, Jocelyn Rivière et Jean-Jacques Ferrère ont vu pendant cinq jours défiler joggeurs, cyclistes et autres promeneurs devant la cour de l’usine de la SIB. Autant de gens qui n’imaginaient pas le combat se jouant derrière ces grilles. Ou alors qui n’en avaient que faire.

Car il faut bien l’avouer, la grève de la faim des deux salariés n’a pas eu l’effet escompté. Ils ont certes attiré l’attention de quelques médias et de certains élus, mais n’ont pas fait évoluer d’un pouce la position du groupe américain Colgate/Palmolive, propriétaire de l’usine. Surtout, ils ne sont pas parvenus à déclencher un quelconque élan de solidarité au sein d’une population bien sourde aux appels des employés de la SIB.

Même leur propre syndicat, la CGTR, ne leur a apporté qu’un soutien tardif et timide. Empêtrée dans ses dissensions internes, celle-ci en a oublié sa vocation première, à savoir la défense des salariés contre un patronat dont Colgate/Palmolive est pourtant une caricature de cynisme dans la recherche du profit.

Dans le conflit social de la SIB, tous les ingrédients étaient ainsi réunis pour mener un combat "exemplaire" contre une multinationale ayant décidé de liquider une usine pourtant prospère. Le rapport des experts est en effet sans appel : "les sociétés françaises du groupe affichent des performances remarquables au service de l’actionnaire, la SIB est loin d’avoir démérité avec une profitabilité au-dessus du lot", soulignent-ils.

Les "SIB" auraient pu devenir l’emblème de la lutte contre cette mondialisation libérale dont la CGTR est la première à dénoncer les effets. Mais il n’en a rien été. Et ce même dans une ville du Port où la tradition de résistance et de luttes sociales est pourtant une réalité historique. À la place règne un sentiment généralisé de fatalisme et de résignation, comme si un combat perdu d’avance ne valait pas la peine d’être mené.

Un signe qui ne trompe pas, c’est que même les politiques n’ont pas osé se lancer dans une récupération du mouvement, eux qui étaient quasiment tous venus se prosterner devant Samuel Mouen il y a quelques mois. Certains se sont bien fendus de quelques communiqués, d’autres se sont un peu plus démenés à l’image d’Huguette Bello ou de Thierry Robert, mais sans grandes illusions ni efficacité. À l’image de ces kyrielles de réunions pour la galerie à la préfecture ou à la Dieccte.

C’est que les services de l’Etat eux aussi se trouvent bien impuissants dans ce dossier. De la fameuse phrase de Lionel Jospin en février 2001 devant les salariés de Michelin – "l’Etat ne peut pas tout" – au renoncement de François Hollande à Florange face à ArcelorMittal, les ouvriers savent qu’ils sont le plus souvent livrés à eux-mêmes face à leurs dirigeants.

Mais à l’heure où La Réunion souffre de mille maux socio-économiques et où elle s’apprête à choisir ses élus municipaux, on aurait pu croire à une tout autre mobilisation pour essayer de sauver ces 33 emplois. Eux qui n’ont pas hésité à mettre en jeu leur santé, Jocelyn Rivière et Jean-Jacques Ferrère n’auront pu que constater, amèrement et douloureusement, une profonde indifférence de l’ensemble de la société réunionnaise.

Guilhem George pour www.ipreunion.com

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7 Commentaires
Tom
Tom
11 ans

Argumenter et dites moi pourquoi je doit la fermé...

Clément Courtois
Clément Courtois
11 ans

Comparez ce qui est comparable Monsieur s'il vous plaît. Samuel Mouen se battait pour 50 000 Réunionnais qui allait perdre une prime de 100€. Et cette action était dirigeait contre l'Etat. Ces salariés se battent pour 33 emplois et contre une société privée totalement libre de faire ce qu'elle veut. Loin de moi l'idée de dénigrer ce combat attention. C'est plutôt votre prise de position qui est inquiétante. Un tel papier aurait été le bienvenu pour soutenir Samuel Mouen contre le mépris des socialistes et notamment du maire de Saint-Denis qui, sur sa commune même, à moins d'un kilomètre de sa mairie, n'a pas daigné se déplacer ! A quand un article là dessus dites moi ???

Roland
Roland
11 ans

Tom, si c'est comme ça que tu t'appelles, tourne ta langue 7 fois dans ta bouche, ça t'éviteras de dire des bétises

tomdu, depuis son mobile
tomdu, depuis son mobile
11 ans

Tom ferme ou bouch

esmeralda
esmeralda
11 ans

Si cette entreprise dégage des bénéfices et est viable, les salariés n'ont qu'à s'organiser pour la reprendre en coopérative. Ils leur suffit d'y mettre leurs indemnités. je suis certain que la direction approuverait.
Pourquoi ils ne le proposent pas ?

Frigidaire
Frigidaire
11 ans

Tout le monde en parle mais que fabrique SIB ?

Tom
Tom
11 ans

Si ils veulent fermé leur usine, qu'ils le ferme ont est dans un pays libre oui ou non? Faut pas s'acharner, juste l’accepter et rebondir dans autres choses, certes c'est pas évident mais faut aller de l'avant et tourner la page.