Prudence

Houle : le danger est réel et permanent, restez loin du bord

  • Publié le 9 août 2024 à 15:24

Ce jeudi 8 août 2024 a été marqué par une nouvelle disparition sur le littoral réunionnais. Une jeune femme de 21 ans a été happée par une vague au Gouffre de l'Étang-Salé. Une disparition qui intervient une semaine à peine après celle de Noah, jeune homme âgé lui aussi d'une vingtaine d'années à Boucan Canot, lui aussi emporté par une vague. Des drames qui rappellent que, même si la mer a l'air faussement calme et même s'il n'y a pas de vigilance vague-submersion, la houle australe est particulièrement dangereuse (Photo : rb/www.imazpress.com)

"Il faut faire très attention, surtout pendant l'hiver. Car même s'il n'y a pas d'avis de forte houle, la hauteur moyenne des vagues peut être de 2 à 3 mètres", explique Thomas Rostaing, directeur du Cross (Centre régional opérationnelle de surveillance et de sauvetage).

Pendant l'hiver, "la météo oscille entre accalmies et présence de forte houles, notamment aux abords des plages avec des séries qui montent à deux à trois mètres ", rappelle David Soula, coordinateur adjoint de la surveillance des plages de Saint-Paul.

"Les sauveteurs font d'ailleurs de la prévention pour indiquer aux gens de ne pas accéder, même avec de l'eau au niveau des genoux, ça reste dangereux. Évitez de vous rapprocher trop près de la mer", alerte-t-il.

Guillaume, père de Noah, avait d'ailleurs tenu à rappeler "aux jeunes de faire attention". "Aujourd'hui c'est mon fils, demain ça peut être vous."

Météo France rappelle d'ailleurs dans ses prévisions que "la mer est agitée entre la Pointe au Sel et la Pointe de la Table au déferlement d'une houle de Sud-Sud-Ouest proche des 2 à 2 mètres 50".

- La houle, première cause de mortalité en mer -

Le directeur du Cross de La Réunion informe que "la houle est malheureusement la principale cause de mortalité en mer à La Réunion".

"Même en dehors des périodes de vigilance météo, la mer peut être un danger. Les noyades causées par la houle, sont la 1ère cause de décès en mer à La Réunion (27 personnes ont perdu la vie dans ces conditions entre 2012 et 2023)", indique la préfecture.

"Les personnes sont happées par la houle, que cela au Gouffre, au Souffleur, sur les plages… il faut faire très attention."

En l'espace d'une semaine, deux personnes ont été portées disparues, emportées par les flots de l'océan.

Ce jeudi 8 août 2024, une jeune femme de 21 ans a été happée par une vague au niveau du Gouffre de l'Étang-Salé. La personne portée disparue se trouvait avec sa famille dans un bassin naturel lorsqu'une vague est arrivée, emportant avec elle une fillette de 10 ans et la vingtenaire. Si l'enfant a pu être récupéré sain et sauf, la jeune femme n'a toujours pas été retrouvée.

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Noah, également la vingtaine, est lui porté disparu depuis le vendredi 2 août. Voilà six jours que le jeune homme a été emporté par une vague. Depuis, pas un jour ne passe sans que sa famille, ses proches, amis, bénévoles et professionnels ne se mobilisent pour le retrouver. 

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Le 27 avril, un jeune homme avait été happé par les vagues au niveau du gouffre de L'Etang-Salé. Malgré l'intervention de l'hélicoptère de la gendarmerie de deux membres de la brigade nautique, qui l'ont secouru des eaux, il n'a pas pu être réanimé par l'équipe médicale mobilisée sur place. La victime était âgée de 28 ans.

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Thomas Rostaing ajoutant que "se pose aussi la question de la sécurité des sauveteurs, des personnes qui vont à l'eau dans des zones dangereuses".

- La houle australe… une houle particulièrement dangereuse -

Interrogé par Imaz Press, Sébastien Langlade, responsable adjoint du service de prévisions explique que : "les houles australes sont générées par les tempêtes des moyennes latitudes qui circulent très loin au sud de La Réunion. On parle souvent des "40èmes hurlants" et des "50èmes rugissants" pour faire référence aux latitudes 40 Sud et 50 Sud où circulent très fréquemment ces tempêtes dans l'hémisphère sud. Elles affectent les côtes ouest et sud de l'île principalement durant l'hiver austral (50% des épisodes observés entre juin et septembre)".

Ces houles australes sont caractérisées "par des hauteurs moyennes de vagues pouvant varier entre 1m50/2m pour les cas de petites houles mais pouvant aller jusqu'à 6m pour les grandes houles les plus extrêmes observées à La Réunion".

Elles sont aussi caractérisées par une période importante, "c'est-à-dire que le temps séparant deux vagues est assez long (de l'ordre de 12 secondes mais jusqu'à 20 secondes possibles)". "Cela a pour conséquence de générer des vagues déferlantes assez puissantes à la côte (plus la période est élevée, plus les vagues sont puissantes aux déferlements à la côte)", précise Sébastien Langlade.

"Les houles à longue période comme les houles australes se caractérisent à la côte avec un temps pouvant être assez long entre "2 séries" de vagues." En effet, "à la côte, les déferlements se produisent par séries de quelques vagues (entre 3 et 6 en général) séparées par des moments de calmes relatifs pouvant durer plusieurs minutes voire plusieurs dizaines de minutes", ajoute-t-il.


"Un observateur sur la côte arrivant entre deux séries peut donc avoir l'impression trompeuse que la mer est calme (notamment s'il n'y a pas de vent et que la surface de la mer est lisse sans "moutons"). Il peut alors se faire surprendre par l'arrivée de la série de vagues suivante."

C'est ce "genre de conditions que connait La Réunion actuellement sur les côtes Ouest et Sud-Ouest avec une houle australe petite à modérée (2m à 2m50 en hauteur moyenne des vagues) et peu ou pas d'agitation liée au vent", informe le météorologue.

La dangerosité de la houle australe nécessite la plus grande prudence de la part des populations et des comportements responsables.

Il est conseillé d'éviter de s'approcher du bord de l'eau, de ne pas prendre la mer pour les plaisanciers et professionnels de la mer et de ne pas se baigner.

À cette occasion, le Cross a tenu à rappeler le numéro d'urgence à appeler en cas d'urgence en mer. "Si vous êtes témoin d'une urgence en mer, appelez le 196, numéro du Cross".

- Le 196 permet alors de joindre directement un centre de sauvetage en mer (CROSS), 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

- Le 196 est gratuit.

- Avec le 196, un CROSS en tant que service d’urgence peut aussi solliciter les opérateurs de téléphonie pour localiser un téléphone portable d’une personne impliquée dans une situation de détresse en mer.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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