La mère et le beau-père écroués (actualisé)

Sténaya, tuée à 2 ans et demi, deux mois après le classement sans suite d'une enquête pour violence

  • Publié le 11 février 2025 à 13:22
  • Actualisé le 24 mai 2025 à 08:43

Elle avait 2 ans et demi, toute la vie devant elle. Ce vendredi 7 février 2025, cette petite fille a été tuée à la Ravine des Cabris à Saint-Pierre. Sa mère et son beau père ont été placés en détention pour violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner. La famille faisait l'objet d'un suivi en assistance éducative. Une enquête pour violences à l'encontre de la petit fille avait été ouverte et.. classée sans suite en décembre 2024. (Photo d'illustration www.imazpress.com)

Ce lundi 10 février 2025, la mère et le beau-père de la fillette ont tous deux été mis en examen et placés en détention provisoire. Ils encourent 30 ans de réclusion criminelle.

Ils avaient été placés en garde à vue samedi alors "que les éléments médicaux mettaient en évidence l'intervention d'un tiers dans le décès", indique la vice-procureure de Saint-Pierre, Carole Pantalacci.

Vendredi, la petite fille avait été découverte en arrêt cardio-respiratoire au domicile familial. Malgré l’intervention des secours l’enfant décédait à 17h25 le jour même.

Les deux mis en cause sont poursuivis pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de 15 ans par ascendant ou personne ayant autorité, violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à 8 jours sur mineur de 15 ans par ascendant ou personne ayant autorité, privation de soins ou d’aliments, et non-assistance à personne en danger."

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- La mère et le beau-père déjà suivis pour des faits de violences -

La famille était connue des services de protection de l'enfance. Selon le parquet "cette famille avait fait l’objet d’un suivi en assistance éducative".

"Une enquête avait été ouverte fin mai 2024 pour des faits de violences sur l’enfant", indique la vice-procureure de Saint-Pierre, Carole Pantalacci, interrogée par Imaz Press.

"La petite fille faisait l'objet d'une mesure d'assistance éducative prise par le juge des enfants", indique Nathalie Anoumby, directrice générale du pôle des solidarités au Département de La Réunion – en charge de la protection de l'enfance. Dans ce cadre, l'enfant a été placé pour une durée de trois mois renouvelables.

Son placement avait été décidé en mars, "suite à une hospitalisation au CHU de Terre-Sainte où l'enfant présentait des fractures suspectes et probablement anciennes", ajoute Nathalie Anoumby. Un signalement a donc été fait au procureur qui "a ordonné une mesure de protection et une ordonnance de placement provisoire (OPP) avec droit de visite en présence d'un tiers".

- Une enquête pour violence classée sans suite -

Six mois après, soit en août 2024, le droit de visite a été étendu à "un droit d'hébergement", indique Patrick Dalleau, directeur du pôle enfance et famille au Département.

"La famille collaborait avec les services du Département, les visites des assistantes sociales ne montraient aucun élément d'inquiétude ni de danger et donc le juge a décidé une main-levée sur les mesures et la fillette a pu retourner vivre chez sa mère et son beau-père" note le directeur du pôle enfance et famille.

"Aucun élément ne laissait augurer un tel drame", poursuit Patrick Dalleau. 

"Les relations avec la maman étaient bonnes, elle venait à toutes les séances, l'espace pour l'enfant était bien aménagé, la mère en difficulté de logement s'était donnée les moyens et elle attendait un deuxième bébé", ajoute-t-il. "Le beau-père était lui un homme discret qui s'impliquait dans la prise en charge de l'enfant", abonde Nathalie Anoumby.

À partir de cette main-levée et du retour dans l'environnement familial, la mère, le ti-père et la petite fille n'étaient plus suivis par le Département, la famille – toujours sous le coup d'une enquête - ne l'ayant pas demandé".

Sur ce point, le Département reconnaît que des "pistes d'améliorations pourraient être faites pour renforcer le volet du retour au domicile".

"En décembre, l'enquête "avait été classée sans suite", précise le parquet qui affirme que ce classement sans suite a été ordonné "en l’absence d’éléments suffisants pour caractériser des violences ou mauvais traitements, faute d’éléments de preuves suffisants, malgré des investigations poussées notamment sur le plan médical".

Parallèlement, "un juge des enfants avait été saisi par le parquet dans le cadre de l’assistance éducative c’est-à-dire afin de s’assurer des conditions de son éducation et de son développement", ajoute-t-elle.

- La protection de l'enfance et ses multiples failles -

"Ce classement sans suite est juste impensable alors que la famille avait déjà un passif" s'exclame Jessy Yong-Peng, présidente de l'association EPA (Écoute-moi, Protège-moi, Aide-moi),

"Cette mort est une nouvelle fois la conséquence d'un système à modifier, à faire évoluer" dit-elle. "Il faut que les professionnels soient mieux formés pour repérer ce type de situation en amont. Les familles défaillantes doivent êre suivies par les services de la protection maternelle et infantile (PMI), elles doivent avoir des obligations et peut-être des sanctions si elles ne présentent pas les marmailles à la PMI" expose Jessy Yong-Peng.

"Un enfant de deux ans ne sait pas verbaliser ce qu'il vit. Il faudrait que le principe de précaution s'applique. Il ne faut pas laisser les enfants dans un milieu violent", lance la présidente de EPA.

Elle déplore également un manque d'action du Département en charge de la protection de l'enfance. Si une convention a été signée en décembre 2024, "on ne voit rien venir de ce plan".

Interrogé, le Département reconnait que ce plan a "pris plus de temps" mais "dès la semaine dernière, l'action de sensibilisation dans les écoles a débuté".

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- Une nouvelle affaire Elianna -

"C'est une nouvelle affaire Elianna. Tout le monde sait mais personne ne fait rien et si quand même on fait, on minimise", déplore Jessy Yong-Peng.

Elle fait allusion à la mort de la petite Elianna. L'enfant de 2 ans est décédée le 28 mars 2018 à Saint-André après avoir été battue. Le 5 mai dernier, le ti père Cédric Babas a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle et la mère a été acquittée. Cédric Babas a fait appel.

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Les derniers faits de maltraitance ayant entrainé la mort d'un enfant remontent à la nuit du jeudi 1er au vendredi 2 juillet 2021. Un petit garçon de 3 ans était décédé dans une résidence de La Montagne, à Saint-Denis. Il avait été battu à mort par son ti père. Ce dernier a ensuite été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

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En 2022, à La Réunion, parmi les 11.208 victimes de violences recensées par le Département, une sur deux était un mineur.

En 2023, 6.192 informations préoccupantes portant sur des enfants ont été enregistrées par la cellule dédiée (CRIP), soit une hausse de 15 % par rapport à 2022.

Parmi elles, 60 % concernaient des situations qualifiées de dangereuses

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Le numéro vert national d'aide contre les violences : le 119 (7j/7 - 24h/24), appel gratuit de postes fixes et mobiles

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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10 Commentaires
Yann
Yann
3 mois

La juge pour enfants qui a signée la main levée devrait être citée à comparaître au procès d’assises. Verdict comme pour Elianna : 20 ans pour le tu-père et zéro pour cette pauvre femme

Missouk
Missouk
3 mois

Terrible, pauvre gamine ... Quant aux services sociaux, totalement débordés par manque de personnel le plus souvent, faudra que ce chez Cyrille Melchior dont la protection de l'enfance est de sa responsabilité nous explique quelles sont ses priorités!

bibi
bibi
3 mois

la police on l appelle pour les voisins problemes et ils viennent pas ou 3j apres.mais les fdp font 50%du chiffre grace au cannabis....bref jamais là quand il faut ,legalisez le cannabis et au boulot!

Tijac
Tijac
3 mois

Bravo shakur c'est tout à fait cela. Des incompétents ont tués cette gamine . Hélas on va les laisser tuer encore.

Shakur
Shakur
3 mois

"Aucun élément ne laissait augurer un tel drame" et pourtant une fillette est morte sous les coups de deux adultes et avec l'aval des services sociaux qui ne n'ont pas été en capacité d'évaluer le danger.
Chaque personne concerné par le dossier de cet enfant doit répondre de leurs actes, de leurs décisions devant la justice. Ces personnes étaient sensés défendre les droits et protéger une enfant, ils ont failli à leurs devoirs qu'ils soient jugés en conséquence à coté des parents.

ZembroKaf
ZembroKaf
3 mois

C'est de la responsabilité du Président Melchior...qui ne donne pas à ses services sociaux les moyens RH pour bien fonctionner !!!
Il ne sait pas qu'il préside une collectivité "sociale et handicap" !!!

Marécage
Marécage
3 mois

La mère et le beau père déjà poursuivis pour des faits de violences : et les agents du departement i foutent rien, zot i laissent la fille retourne au sein de sa famille. Et la zot i trouve bizarre que la retrouve à elle dcd. Si c t zot famille, comment zot t i agirait. Pour moi c faute professionnelle grave pour ces agents.

Pierrot 974
Pierrot 974
3 mois

J'espère que celui ou celle qui a classé le dossier initial sans suite parvient à dormir et à se regarder dans un miroir.

micheline chemier
micheline chemier
3 mois

j ai telephoné au service enfant en danger car les enfants de la voisine pleuraient tt les soirs à 1h du mat avec musique a fond alcool a gogo etc ils m ont raccrochés au nez,les enfants ne vont que rarement à l ecole et personne ne réagit ....

Hope
Hope
3 mois

Aller voir le centre social le plus proche de chez vous.
Bravo pour ce que vous faites.