Lutte contre l'addiction

10 jours sans écrans : une initiative louable mais peu réalisable

  • Publié le 15 mai 2025 à 10:31
  • Actualisé le 15 mai 2025 à 13:50

L'Agence régionale de Santé de La Réunion appelle à participer du 13 au 22 mai 2025 au défi national "10 jours sans écran". Si l'impact d'une trop grande exposition aux écrans a largement été démontré, s'attendre à ce que des adolescents se passent totalement d'écrans sur leur temps de loisir semble bien ambitieux, surtout sans une implication directe des parents. C'est tout le comportement autour des écrans, et des réseaux sociaux, qu'il faut réussir à réguler aujourd'hui (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

Comme le rappelle l'ARS, à La Réunion, 75% de la population se connecte sur internet tous les jours. La majorité des foyers est équipée d’objets numériques, et les jeunes sont particulièrement concernés avec des conséquences sur leur santé mentale et physique, leur vie sociale….

"L'addiction aux écrans se traduit par une modification du comportement, avec un désintérêt pour l'école, les activités sportives, un fléchissement des résultats scolaires et moins d'investissement dans la vie personnelle", détaille l'addictologue David Mété.

"Il y a un impact important sur le sommeil, les effets de la lumière empêche l'endormissement et la qualité de sommeil. Cela peut mener à des troubles anxieux et dépressifs, et à une difficulté de se détacher des écrans malgré ses conséquences négatives", détaille-t-il.

- 10 jours pour apprendre à réguler les écrans -

Dans ce contexte, l'ARS et l'Education nationale ont lancé ce défi de 10 jours. Mais entre les devoirs à la maison qui passent souvent par internet, et l'attrait des réseaux sociaux chez les jeunes, difficile de les faire décrocher des écrans, même pour dix jours.

"Ce que veut rappeler l'ARS, c'est que tout ne doit pas passer par les écrans", estime le Dr David Mété. "Mais pour prévenir les écrans, l'engagement des parents doit être important. Il faut les soutenir dans leur rôle pour mettre des limites, limiter l'accès écrans aux tout-petits, et faire en sorte qu'il y ait un accès à d'autres loisirs qui ne passent pas par des écrans", déroule-t-il.

"Ce qui est compliqué aujourd'hui, certains ados continuent leur travail sur l'ordinateur. D'un côté les écrans sont nécessaires, ils sont devenus des outils dans l'éducation, mais il faut arriver à réguler."

Une régulation d'autant plus importante pour les tout-petits, qui peuvent subir un retard de développement en cas d'une trop grande expostion. Les écrans "contribuent à renforcer la passivité des jeunes enfants et à les éloigner de ceux dont ils ont fondamentalement besoin à cet âge : interagir avec leur environnement en utilisant leurs sens (toucher, voir, entendre, bouger, etc.)", rappelle la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives

"Les tablettes tactiles, interactives par nature, peuvent être introduites mais ne doivent en aucun cas se substituer aux jeux traditionnels ni être manipulées par les enfants sans accompagnement", note-t-elle cependant.

Le Haut conseil de la santé publique préconise d'ailleurs qu'"avant l’âge de 3 ans, les écrans sont à proscrire si les conditions d’une interaction parentale ne sont pas réunies" et d'interdire "les écrans 3D pour les enfants âgés de moins 5 ans".

Elle recommande aussi de "ne pas disposer d’écran dans la chambre des enfants et ne pas les laisser regarder la télévision une heure avant l’endormissement".

- Des outils pour limiter le temps d'écran -

Pour sensibiliser les plus jeunes à l'utilisation des écran, l'ARS met l'accent sur "l’écrantomètre", élaboré par l’association CoSE, qui permet de "prendre conscience de nos comportements et de vérifier si nous sommes dans une relation saine ou toxique avec les écrans".

Elle propose aussi des outils de gestion individuelle et familiale des écrans : le Faminum, un programme qui permet de construire une charte familiale personnalisée à chaque situation.

"Des outils de bien-être numérique présents sur les smartphones, qui proposent de poser des limites de temps d’écran par application, des plages horaires sans notifications", rappelle l'ARS. Depuis plusieurs années, il est en effet possible de limiter son temps d'écran via les réglages de son téléphone, et de consulter le temps passé dessus chaque semaine.

Pour Dr David Mété, "il ne faut pas diaboliser des outils qui sont aussi indispensables". "La clé reste la régulation, et les gouvernements ont leur rôle à jouer, il doivent obliger les fabricants à réguler leur contenu", lance-t-il.

Pour autant, "il faut des moments sans écrans, par exemple pendant les temps familiaux, interdire les téléphones pendant le repas par ex, et s'assurer que le téléphone est éteint ou en mode avion le soir et la nuit", propose-t-il.

Les Maisons des Adolescents et les Consultations Jeunes Consommateurs de La Réunion peuvent accompagner les parents et les jeunes concernés.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Izzy
Izzy
1 jour

Commencez par les lycées ou les ados ont besoin de leur portable et d' internet pour aller manger à la cantine : QR code, pour faire des exercices en cours etc....
Je suis la seule maman de tout un lycée a avoir poser ces questions à la rentrée scolaire. J' ai été obligée de lui prendre un abonnement internet alors que jusque là je gérais moi même sa connexion internet.
On marche sur la tête.
Idiocratie en cours...