[INFOGRAPHIE] Hausse des prix

Le pouvoir d'achat des Réunionnais toujours plus en danger

  • Publié le 6 mai 2022 à 07:10
  • Actualisé le 6 mai 2022 à 07:11

Alors que La Réunion est en proie depuis toujours à un fort taux de chômage et bat des records en matière d'habitants vivant sous le seuil de pauvreté, la crise dans laquelle est plongée la France depuis désormais deux ans n'en finit pas de tourmenter les foyers réunionnais. Entre crise sanitaire et guerre en Ukraine, les prix se sont envolés, que ce soit en matière de carburant, d'énergie, ou même de produits de consommation. (Photo photo RB imazpress)

Quand on sait que 37% de la population vit sous le seuil de pauvreté - fixé à 1.102 euros par mois pour une personne seule - et que plus de 665.000 personnes sont couvertes par les aides de la Caisse d’allocation familiale (CAF), difficile d’imaginer que l’envolée des prix n’a pas porté un coup dur aux portefeuilles de chacun.

Pour se faire une idée de comment l’augmentation des prix à la consommation, qui a battu des records en avril, impact la vie des Réunionnais, Imaz Press s’est prêté à une simulation à l’aide de la CAF. Imaginons une famille composée d’un couple sans emploi, avec un enfant en bas âge et un adolescent de moins de 14 ans.

De nombreuses aides et allocations existent pour venir en aide à ce type de famille, le Revenu de solidarité active (RSA) en tête. A noter que plus de 232.000 personnes sont concernées par cette aide à La Réunion.

En vivant en couple, avec deux enfants, les parents pourront bénéficier d’une aide de 1.019 euros par mois, selon une simulation de la CAF. S’ajoutent à cela 418 euros d’aide personnalisée au logement (APL), et 132 euros pour les allocations familiales. Au total, la famille dispose donc de 1.569 euros pour le mois, et perçoit donc moins que le seuil de pauvreté pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans, qui est fixé à 2.314 euros par mois.

En admettant que cette famille occupe un logement social avec deux chambres, elle devra payer environ 300 et 500 euros, dépendant de la commune, si l’on s’en réfère au prix affichés sur les sites des bailleurs sociaux. S’ajoutent à cela le prix des transports, de l’énergie, des factures et de la nourriture.

Interrogés par Imaz Press, nos abonnés ont indiqué dépenser environ 300 euros en nourriture chaque mois, 24 euros pour une bouteille de gaz actuellement, environ 150 euros en facture en tout genre, et environ 150 euros en essence. En fin de mois, il resterait donc moins de 200 euros pour le mois. Peu de marge de manoeuvre donc, notamment en matière dépenses pour d’éventuels loisirs, frais de dernières minutes ou urgent.

Cette hypothèse repose par ailleurs sur un calcul optimiste des aides versées. Il faut par ailleurs noter que malgré le fort taux de pauvreté, on estimait le nombre de demandeurs de logements sociaux à 32.305 en 2019 soit une augmentation de 9% par rapport à 2018.

La situation est aussi particulièrement préoccupante du côté des personnes retraitées. En 2020, à La Réunion, la moyenne de le retraite s’élevait à 668 euros, d’après les données de la Caisse nationale d’assurance vieillesse. Sur une population de 94.770 retraités, il faut par ailleurs signaler que 21% d’entre eux perçoivent le minimum vieillesse, un montant minimum accordé aux personnes qui n'ont pas suffisamment cotisé aux régimes de retraite pour pouvoir bénéficier d'un revenu équivalent à 916 euros.

Certes, les dépenses sont moins conséquentes qu’une famille de quatre personnes. La réalité n’en reste pas moins précaire, avec des dépenses obligatoires dont les coûts sont en augmentation constante.

• Quelques chiffres

De manière globale, le versement des différentes prestations sociales et le prélèvement des impôts directs réduisent fortement les inégalités de revenus et la pauvreté. "Sans cette politique de redistribution, la moitié des Réunionnais (50%) vivraient sous le seuil de pauvreté, soit 12 points de plus qu’avec cette redistribution" signalait l’Insee en 2021.

Le poids des prestations sociales dans le revenu disponible est trois fois supérieur à La Réunion, selon les chiffres de l'Insee : 17 % contre 6 % dans l’Hexagone. Fin 2019, 25 % des personnes de 15 à 64 ans étaient allocataires d'un minima social à La Réunion, contre 8 % dans l'Hexagone. Les pensions et retraites pèsent nettement moins dans le revenu disponible à La Réunion, avec 16 % contre 28 % pour la Métropole.

La pauvreté touche par ailleurs davantage les enfants. En 2019, 110.500 enfants mineurs vivent dans un ménage pauvre, soit 46 % d'entre eux (21 % dans l'Hexagone). Comme pour l'ensemble de la population, la pauvreté des mineurs est plus prégnante dans les petites communes rurales : elle atteint 63 % à Salazie, 60 % à Cilaos et 58 % à Sainte-Rose. Elle s'élève à 56 % dans les communes plus urbaines de Saint-Benoît ou du Port.

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
3 Commentaires
Mais où ils sont '
Mais où ils sont '
3 ans

C'est bien d'en parler avec des stats, mais à l'heure où on parle des prochaines législatives, il serait bien de faire un reportage sur le bilan des députés sortants et qui veulent se représenter ! Le buzz des lettres et communiqués ne seront pas comptabilisés dans la mesure où rien n'a été concrétisé. Que du vent !!Afin d'éviter que dans cinq ans on se retrouve encore à critiquer le gouvernement et à pleurer sur notre sort, car, qui mieux qu'un ou une député.e pour battre le poing sur la table ! A condition qu'ils veuillent le faire et soient considérés dignes de confiance face aux ministres.Sinon élire des bras cassés qui jouent perso et leur famille.. très peu pour moi !

Justine
Justine
3 ans

Merci Imazpress ! Cet article montre la réalité et les difficultés pour de très nombreuses personnes dont je fais partie...

Thomas
Thomas
3 ans

De quoi se rappeler la mère patrie nourricière !