Inhabitables

Garance laisse de (nombreux) sinistrés sans solution de relogement

  • Publié le 14 mars 2025 à 15:50

Depuis le passage de Garance sur La Réunion le 28 février 2025, plusieurs familles se retrouvent sans murs ou à ciel ouvert. Qu'ils vivent dans du social ou du privé, tous vivent la même chose… ils n'ont plus ou presque rien. Si certains d'entre eux ont pu retrouver un toit pour se loger – dans un autre appartement ou chez des proches – nombreux sont ceux qui doivent vivre sous les bâches, dans l'attente désespérée d'être un jour peut-être relogés (Photo : sly/www.imazpress.com)

Dans une résidence de la Semac à Saint-Benoît, cité Joseph Hubert, un couple dont le toit a pris la fuite n'a toujours pas été relogé. Et pourtant, leur appartement est totalement inhabitable.

Pas de toit, des fenêtres brisées, le plafond à terre et murs brisées, les différentes pièces de leur appartement sont toutes dévastées. Regardez.

Sans solution de relogement, cette famille a dû se réfugier dans un appartement du rez-de-chaussée pour se mettre à l'abri le jour du cyclone.

Sans eau, ni électricité, ce n'est seulement qu'au bout d'une dizaine de jours que, disent-ils, une personne de la municipalité est venue les voir.

- 109 logements inhabitables, un chiffre loin de la réalité pour la CNL -

Une famille sinistrée parmi tant d'autres et pourtant, sans avis de relogement alors que, selon l'Association régionale des maîtres d'ouvrage sociaux et aménageurs de l'Océan indien (Armos), 109 logements sont dits comme dévastés et nécessitent un logement urgent.

Pour l'administrateur de la Confédération nationale du logement (CNL), Erick Fontaine, "ce chiffre est faux. Moi qui suis sur le terrain je ne vois pas que des petites infiltrations, il y a des placo explosés, des faux plafonds à terre, des câbles qui pendent. Les chiffres sont inférieurs à la réalité".

Selon lui, "quand on a un cyclone qui traverse La Réunion il faut d'abord se poser et vérifier tous les logements. Car de nombreux logements sont inhabitables".

D'autant que "ce n'est pas en mettant une bâche sur le logement que l'on peut dire qu'il est habitable. Les locataires restent car ils n'ont pas d'autre choix".

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- Des familles sinistrées mais peu de solutions immédiates pour les reloger -

Interrogée, la présidente de l'Armos, également directrice de la SHLMR, Valérie Lenormand explique : "certaines familles ont pu être hébergées chez des proches ou dans les centres d'hébergement". D'autres "ont préféré rester dans leur logement parce que nous n'avons pas encore été en mesure de leur proposer une situation immédiate", admet-elle.

"Chaque situation est particulière. Nous on recense tous les besoins et on essaye de s'adapter, sachant que l'on ne peut pas faire du 100% sur-mesure car nous n'avons pas les logements qui le permettent. Ces logements vacants dans le parc social, ce n'est pas quelque chose qui existe."

Actuellement, selon l'Armos, seules une trentaine de familles ont été relogées. Pour ces dernières, "nous avons mis en place des conventions d'occupation temporaire pour permettre d'héberger temporairement une personne sans passer par la commission", explique Valérie Lenormand.

Après "il faut trouver un logement qui réponde aux caractéristiques de la famille, si la personne a un handicap, dans le secteur… Parfois, il arrive que le logement ne corresponde pas", ajoute la présidente.

Malheureusement, dans un parc social où les logements sont difficiles à obtenir, "cela peut aller vite comme ça peut prendre du temps".

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- Des logements vacants pas forcément à disposition des sinistrés -

À défaut de trouver un logement d'urgence dans le social, pourquoi ne pas dans ce cas mobiliser des logements vacants dans le privé ?

"Il n'y a pas de référent pour le parc privé. Cela appartient à plein de propriétaires, d'autant qu'ils n'ont pas l'obligation de mettre à disposition un logement et c'est là le grand débat dans ce genre de situation", lance Valérie Lenormand. "Si le propriétaire ne veut pas mettre en location son logement il a cette liberté, il n'y a aucun outil juridique qui le permet."

Pourtant, les élus des communes de l'est ont demandé à ce que soient réquisitionnés des logements vacants du parc privé.

"Nous avons fait appel aux propriétaires et nous attendons leur retour", souligne Arnaud Pouly, directeur de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.

- Dans le privé... aucune solution proposée pour se reloger -

À Saint-André, c'est une famille de cinq personnes qui a vu sa façade s'envoler sous ses yeux. 

"La façade est tombée du coup on a perdu beaucoup de choses. Les baies vitrées sont cassées", se désole la mère de famille.

Grâce à la mobilisation de ses proches et à l'aide de cordes, "nos amis ont relevé la façade pour ne pas qu'on se retrouve sans rien". Mais "si un autre cyclone passe ça ne tiendra pas". Regardez.

Malgré un sinistre qui a laissé la maison de moins d'un an sans isolation, avec des fenêtres qui menacent de tomber et un toit qui a failli s'envoler et une famille traumatisée, "nous n'avons eu aucune proposition de relogement", explique la maman.

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"Là on a des amis mais à long terme je ne sais pas comment on va faire", dit-elle. D'autant que son sinistre n'entre pas dans la catégorie du dommage de catastrophe naturelle, "mais dans le cadre du dommage ouvrage, Garance ayant révélé des malfaçons de construction". 

Malheureusement pour ces propriétaires ou locataires, il n'y a pas grand-chose de prévu. "Si ces personnes ne sont pas éligibles au social, il faudra trouver des solutions et nous y réfléchissons actuellement", indique Arnaud Pouly.

"L'État va recenser les personnes du secteur privé qui pourraient se trouver dans cette situation et sans hébergement pérenne mais cela ne pourra être fait qu'avec les remontées des CCAS", ajoute-t-il. Regardez.

Reste comme seule option pour ces sinistrés, "de voir avec leurs assureurs pour mettre en place des financements de manière pérenne le temps que leur appartement ou maison soit réparé", ajoute Arnaud Pouly.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Contrefaçon
Contrefaçon
3 mois

St benoit on veut remplacer banian selly par pied banane issa ilé ?

Dans les 2 cas zot pied de bois y tient pas débouté.

Faut pas être étonné que tourmt ne fonctionne pas.

Choqué
Choqué
3 mois

Je suis choqué par les images de la maison. En effet, ce n'est pas de la faute du cyclone Garance mais des propriétaires qui ont construit une maison à base de feuilles : des lames de bois à l'extérieur qui s'appuient sur des feuilles de composite, elles-mêmes adossées à une structure métallique et pour masquer le tout on a mis du placo à l'intérieur. Donc il n'y a pas de mur en dur de cette maison ! Pourtant, on voit à plusieurs détails qu'on y a mis de l'argent dans cette case.

Le maire qui perd tous ses procès lol
Le maire qui perd tous ses procès lol
3 mois

St benoit c'est la berezina. La catastrophe est normal pour beaucoup de petsonn. Ka ville est mal gérée.

Solène
Solène
3 mois

Est-ce que ces gens sont prêts à tout quitter pour aller dans une autre ville ?les bailleurs sociaux ont énormément de logements qui vont être livrés bientôt un peu partout dans l’île ces gens pourraient y être loger le temps de refaire leurs maisons ….