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Bichiques : le précieux alevin a presque disparu des rivières et des tables

  • Publié le 11 septembre 2024 à 07:21

Depuis le 1er septembre 2024, la traditionnelle pêche bichique a débuté à La Réunion. Mais le précieux petit alevin, tellement apprécié des gourmets péi, se fait de plus en plus rare. Il a même été placé en en catégorie "quasi menacée" d'extinction. Réchauffement climatique, surpêche, braconnage… expliquent cet état de fait. La règlementation a été durcie pour favoriser le renouvellement de l'espèce. Si cet objectif n'est pas atteint, les restrictions pourraient encore se durcir, au grand déplaisir des pêcheurs et des consommateurs. En attendant sur les étals, le bichique se vend (presque) au prix du caviar (Photos : sly/www.imazpress.com)

L'état des lieux n'est guère brillant pour le caviar péi. En 2019, le bichique fin, Cotylopus acutipinnis de son nom scientifique, a été évaluée "en danger" alors que le "gros" bichique, Sicyopterus lagocephalus, a été placé en catégorie "quasi menacée" sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

"Le bichique subit une double peine. Il est prélevé au stade d'alevin (jeune poisson) et braconné au stade adulte", confie Armand Métro, directeur de la fédération départementale des pêches en milieu aquatique de La Réunion.

"Le cabot bouche ronde (le bichique adulte - ndlr) est pêché alors que c'est interdit", déplore-t-il. C'est d'ailleurs l'espèce la plus braconnée dans les rivières de La Réunion.

"Les populations de ces espèces ne sont effectivement pas en très bon état", confirme la préfecture.

Au braconnage, s'ajoutent le réchauffement climatique et l'assèchement des cours des rivières. "Il y a de moins en moins d'eau et forcément moins de surface habitable pour ces espèces" souligne Armand Métro. Les bichiques n'arrivent plus à remonter les cours d'eau et à aller jusqu'aux embouchures des rivières" détaille-t-il.

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Il y a 20 ans les vouves étaient remplies de tonnes du précieux alevin à chaque montée. "Désormais lorsqu'une centaine de kilos est collectée on dit que c'est une bonne montée" soupire Armand Métro. "On estime qu’environ 1.800 kg de bichiques ont été pêchés par les pêcheurs professionnels lors la saison 2023-2024, bien loin des dizaines de tonnes pêchées annuellement au siècle dernier selon les estimations" dit-il encore.

La raréfaction de la ressource a, évidement, fait grimper les prix. Le kilo, qui se vendait entre 30 et 40 euros il y a encore une dizaine d'année, atteint maintenant 100 à 120 euros.

- Une règlementation pour éviter l'extinction de l'espèce -

Pêcheur et président de l'association bichique de la Rivière des Marsouins à Saint-Benoît, Coralin Régis est prsque fataliste. C'est difficile mais on fait avec. Parfois il y a des bichiques parfois il n'y en a pas, c'est comme ça c'est comme jouer au loto"soupire-il.

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Face à cette rareté, la préfecture a décidé il y a plusieurs années, de mettre en place une nouvelle règlementation. "Une bonne chose" commente Coralin Régis.

La règlementation préfectorale, élaborée en concertation avec les professionnels de cette pêche, a un object majeur. "Il s'agissait de reconstituer la ressource" note Armand Métro.

Pour cela il fallait "préserver les cabots bouche ronde, à la fois pour leur forte contribution à la valeur écologique des cours d'eau réunionnais, et pour permettre le maintien d'une pêche raisonnée traditionnelle", expose la préfecture.

Ainsi, la pêche a été maintenue, mais elle est très fortement encadrée. Les prélèvements sont interdits six mois par an, contre deux semaines avant 2021, date d'entrée en vigueur de la réglementation.

Un canal de reproduction libre et toujours en eau doit obligatoirement être mis en place sur les zones de pêche. Le nombre de vouves et de filets ainsi que leurs dimensions sont limités.

Le nombre de kilos d'alevins capturés doit obligatoirement être transmises aux autorités par les pêcheurs en fin de saison.

Une évaluation de cette réglementation "sera faite dans trois ans. Nous serons alors en mesure de dire s'il fauti ou non durcir les resctrictions" note Armand Metro. Il n'exclut pas "une fermeture de la pêche bichique si la ressource continue de diminuer".

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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11 Commentaires
Blurp
Blurp
1 semaine

Libéralisons définitivement cette pêche traditionnelle. En trois ans ce sera plié et faute de proies il n'y aura plus de pêcheur-prédateurs pour râler. Et qu'on n'aille pas leur accorder des aides. Et les acheteurs ne sont pas en reste dans le tableau.
Pourquoi ne pas inventer des recettes à base de vers-blanc ou de carias, c'est aussi la saison ?

Papangue
Papangue
1 semaine

Moratoire , Interdiction TOTAL de Pêche 3 voire 5 ans … et peine SÉVÈRE Aux contrevenants ..😡😡

gesticulation
gesticulation
1 semaine

à l'époque c'était la surpêche des bichiques partout les prix au maximun

magouilles
magouilles
1 semaine

ils ont tout détruit au profit de l'arzent

P. Fabien
P. Fabien
1 semaine

La solution évidente était un moratoire au moins de 2 années, dont l’idée a été rejetée par les parties prenantes, autorités et pêcheurs, et probablement nombre de consommateurs aussi, en faveur d’une ridicule suspension de quelques mois. Encore une fois les visées à court terme d’individus qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez sont en train de provoquer les pires dégâts par des demi-mesures hypocrites. Tant pis pour les bichiques, RIP, et pour la Réunion dont la nature s’appauvrit, et pour ceux qui acceptaient encore de payer des fortunes pour ces alevins.

Arbu
Arbu
1 semaine

La réunion n’est pas au bout de ses surprises, bientôt plus rien à manger la bas puisque 80% de ce qui est consommé arrive pr avion et bateau, en fait les gens bouffent du pétrole en dévastant petit à petit l’île.. il n y a aucune résilience alimentaire bon courage pour la suite…et foutez la paix aux baleines avec le surtourisme de masse.

HULK
HULK
1 semaine

Interdiction totale pendant 5 ans et sanctions très lourdes pour les contrevenants. Il suffit de vouloir. Tout le reste n'est que bla-bla.

Atterré
Atterré
1 semaine

TOUS les professionnels de la bichique ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis.
Les pêcheurs en polluant chimiquement les cours d'eau, les accapareurs et les revendeurs en pratiquant des tarifs exorbitants et les consommateurs en achetant, quoi qu'il en coûte, par snobisme, ces alevins surestimés ! ! !
Voilà, subséquemment, une très bonne nouvelle !

Jsus
Jsus
1 semaine

Tant que c est pas totalement interdit

LOD
LOD
1 semaine

Une fin du monde pilotée sous l'égide de ceux que nous mettons au pouvoir, et qui ont le culot de prétendre "mais qui pouvait prévoir" ; ajoutant comme d'habitude, que certes ils sont aux responsabilités, mais évidemment jamais coupables ; l'apocalypse est organisé comme un business , mais ça ne serait la faute de personne ^^ par-contre, quiconque le dénonce et s'y oppose est criminalisé comme opposant à la liberté d'entreprendre... et de nuire #MacCarthysme "parce que je le vaux bien, après moi le déluge !" ! #FreePaulWatson #goVegan

Ben
Ben
1 semaine

Tant mieux, ça évitera que certains balancent des truc toxiques dans les rivières pour les pêcher, qu'e le lit des rivières soient modifiés, que certains ramassent des sommes folles en les vendant. Bref, que du positif à cette échelle. Imaginons la même chose à l'échelle mondiale: destructions des habitats des animaux, fin des abeilles, moins de produits agricoles (tout ce qui est pollenisé) surconsommation, surpêche... La fin de l'humanité est en marche.