Santé Publique France (SPF) confirme trois nouveaux décès en lien avec le chikungunya ce mercredi 7 mai 2025. Le bilan est désormais de 12 morts. 28 autres décès sont en cours d’investigation, dont celui d'un nourrisson. Dans son bulletin de la semaine 18 (du 28 avril au 4 mai), SPF souligne que le nombre de cas, de passage aux urgences et dans les cabinets médicaux amorce une baisse. Cette tendance reste "à confirmer dans les prochaines semaines". Nous publions le bulletin ci-dessous (Photo d'illustration www.imazpress.com)
- Points clés -
• Les indicateurs de surveillance aux urgences et en médecine de ville amorçaient une baisse. Tendance à confirmer dans les prochaines semaines en raison d’un jour férié (1er mai) et de début des vacances scolaires. Néanmoins, l’épidémie est toujours active avec des disparités selon les territoires.
• Le risque que des cas contaminés à La Réunion donnent lieu à l’installation d’une chaine de transmission autochtone en Hexagone en augmentation(début de la période la plus propice à l’activité du moustique vecteur en France hexagonale).
- Décès -
Tous les décès investigués et classés comme liés au chikungunya concernaient des personnes âgées de plus de 70 ans porteuses de comorbidités
Depuis le début de l’année, 12 décès survenus entre les semaines 11 et 17 ont été classés comme liés au chikungunya (10 directement et 2 indirectement liés) par le comité en charge de l’évaluation de l’imputabilité.
Ces décès sont survenus chez des personnes de plus 70 ans (min-max : 71-95 ans) porteuses de comorbidités (pathologies chroniques essentiellement).
28 autres décès sont actuellement en cours d’investigation (sujets âgés et comorbides) quant à l’imputabilité du chikungunya dont un décès néonatal. Ces décès sont susceptibles de ne pas apparaître dans le bilan final, si l’investigation conclut à une absence de lien avec le chikungunya et d’autres pourront être déclarés ultérieurement.
- Surveillance en médecine de ville -
Consultations pour clinique évocatrice de chikungunya en médecine de ville
• Diminution de l’activité pour clinique évocatrice de chikungunya en médecine de ville
Ces données doivent être interprétées avec prudence en raison d’un jour férié en S18 (1er mai) et d’un plus faible nombre de médecins participants en S18 avec 31 médecins versus 39 en S17.
En médecine de ville en semaine 18, l’activité du réseau de médecins sentinelle pour motif chikungunya diminue à 14% de l’activité totale versus 20% en S17.
Rapporté à l’échelle de l’île, on estime :
• A plus de 14 030* le nombre de consultations en médecine de ville pour des cas cliniquement compatibles avec le chikungunya pour la semaine 18 (contre 23 140 en S17).
• A plus de 174 700 consultations depuis le début de l’année.
Ces estimations reposent sur l’activité des médecins de ville contribuant au réseau des médecins sentinelles de l’île et sur les données de l’assurance maladie.
- Surveillance des passages aux urgences -
• Diminution du nombre de passages aux urgences pour motif chikungunya depuis 2 semaines
Depuis le début de l’année, 2 389 passages pour ce motif ont été recensés dans les 4 hôpitaux de l’île.
Depuis deux semaines le nombre de passages aux urgences pour ce motif était à la baisse (-7% entre S16 et S17 et -25% entre S17 et S18). En S18, 250 passages ont été recensés pour motif de chikungunya versus 332 en S17
Le nombre d’hospitalisation après passage pour ce motif diminuait également depuis 2 semaines après un maximum de 80 hospitalisation en S16 (70 hospitalisations en S17 et 61 en S18).
Concernant la part d’activité aux urgences pour motif chikungunya, elle était également en baisse et passait de 7,5 % en S17 à 6,6% en S18.
Parmi les 2 389 passages pour motif chikungunya enregistrés depuis le début de l’année :
• 60% correspondaient à des passages adultes (18 ans et plus), soit 1 437 passages
• 40% à des passages pédiatriques (0 - 18 ans), soit 952 passages.
En S18, le nombre de passages d’adultes diminuait depuis 3 semaines et passait de 183 en S17 à 152 en S18 (-17%).
Le nombre de passages chez les moins de 18 ans diminuait également depuis 2 semaines (de 149 en S17 à 98 en S18, soit une baisse de 34%).
Baisse du nombre de passages hebdomadaires pour motif chikungunya dans les services d’urgences du Sud, Ouest et Nord.
En S18, les passages aux urgences pour motif chikungunya au GHER-Est Réunion ré-augmentaient avec 48 passages versus 39 en S17. Ces passages représentaient 19% de l’ensemble des passages pour ce motif dans les 4 CH de l’île.
Pour les 3 autres CH, une diminution des passages aux urgences pour motif chikungunya était visible :
• CHU-Sud Réunion : après un plateau à plus de 140 passages hebdomadaires entre S14 et S16, une tendance à la baisse se dessinait depuis 2 semaines. En S18, 80 passages ont été recensé pour ce motif versus 125 en S17 (-36%).
• CHU-Nord Réunion : après 3 semaines de plateau à près de 100 passages hebdomadaires, les passages pour motif chikungunya diminuaient de plus de 30% entre S17 (103 passages) et S18 (70 passages).
• CHOR Ouest Réunion : pour la deuxième semaine consécutive le nombre de passage pour motif chikungunya diminuait et passait de 65 en S17 à 52 en S18 (-20%)
- Cas de chikungunya hospitalisés plus de 24 heures -
Le risque d’hospitalisation majoritairement lié à la présence de comorbidités
Le nombre de cas hospitalisés >24h pour chikungunya signalés à Santé publique France à ce jour est de 340.
Pour 298 d’entre eux le chikungunya était le motif d’admission, soit 88%. Pour les autres cas, le diagnostic a été confirmé au cours de l’hospitalisation de manière fortuite. Parmi ces cas :
• Près d’un quart (23%) d’entre eux avait moins de 6 mois et près de la moitié (43%) avait plus de 65 ans. Ce sont ces 2 populations qui représentent la majorité des cas hospitalisés pour chikungunya.
• Dans 95% des cas, les patients présentaient au moins un facteur de risque de forme sévère lié à une comorbidité (pathologie chronique telle qu’obésité, insuffisance rénale chronique ou diabète de type II), à l’âge ou à un état de grossesse.
• Une hospitalisation pour suivi de chikungunya au cours de la grossesse a été signalé chez 74 femmes enceintes.
• Un suivi court sans gravité associée a été identifié pour 48 nourrissons de moins de 6 mois. La prise en charge hospitalière de ces nourrissons est pour la plupart des cas liée à une gestion de la douleur.
- Cas graves (défaillance d’au moins un organe) -
Les défaillances d’organes touchent principalement les patients aux âges extrêmes (+ de 65 ans et les nourrissons de moins de 3 mois)
A noter que les données hospitalières ne sont pas consolidées, liées à la charge de travail intra-hospitalière et au délai de transmission qui en découle.
A ce jour, 66 cas graves (c’est-à-dire ayant présenté au moins une défaillance d’organe) ont été signalés.
Il s’agissait de 36 adultes de plus de 65 ans et comorbides, 7 personnes de moins de 65 ans (dont 6 présentant des comorbidités) et 23 nourrissons de moins de 3 mois.
- Surveillance de cas confirmés biologiquement -
Cas présentant un test biologique (PCR ou sérologie) positif pour le chikungunya
Forte diminution du nombre de cas confirmés depuis la S13 en lien avec à l’arrêt de la confirmation systématique des cas et au jour férié (1er mai).
En raison du délai de consolidation des données issues des laboratoires qui sont présentées ici par date de début des signes s’arrêtent à la S17. La confirmation biologique systématique des cas suspects pourrait avoir été interrompue, notamment dans les zones de forte circulation de la maladie.
Depuis le début de l’année 2025, ce sont plus de 47 500 cas confirmés de chikungunya autochtones qui ont été signalés à la Réunion.
En semaine 17, 3 079 cas confirmés signalés contre 3 601 en S16.
- Analyse de risque -
En S18, les indicateurs de surveillance aux urgences et en médecine de ville amorçaient une baisse. En raison d’un jour férié (1er mai) et de début des vacances scolaires, cette tendance devra être confirmée dans les semaines qui arrivent. Néanmoins, l’épidémie de chikungunya est toujours active sur tout le territoire et l’activité pour chikungunya se maintient à un niveau élevé.
Concernant les passages aux urgences pour motif chikungunya, une baisse est visible aussi bien pour la population adulte que pour la population pédiatrique. Si l’on regarde la répartition des passages selon les CH, trois secteurs amorcent une diminution plus ou moins récente (Sud, Ouest et Nord) alors que l’Est connait une ré-augmentation entre S17 et S18.
L’impact des hospitalisations s’observe toujours chez les personnes fragiles, les nourrissons, les personnes âgées, les personnes ayant des pathologies chroniques et les femmes enceintes chez qui la maladie peut être grave. La même situation s’observe pour les décès : ces derniers concernant à ce stade quasi exclusivement des personnes âgées comorbides.
Les premières tendances à la baisse qui se dégagent en S18 doivent être interprétées avec prudence et être suivie dans les prochaines semaines afin de confirmer la dynamique épidémique.
Depuis le début de l’année, de nombreux cas de chikungunya qui se sont contaminés à La Réunion ont été diagnostiqués à leur retour en hexagone. Avec l’arrivée d’une météo plus clémente et propice à l’activité du moustique vecteur, la période actuelle en France hexagonale est considérée comme la période à risque de transmission locale.
Aussi, le risque que des cas contaminés à La Réunion donnent lieu à l’installation d’une chaine de transmission autochtone du virus et donc à l’apparition de cas secondaires augmente.