Depuis la rentrée scolaire de septembre 2024, nous, acteurs et actrices de la société civile, avons appelé à une Convention Citoyenne pour l'École ou plus largement l'Éducation (Photo : sly/www.imazpress.com)
Nous faisons le constat que l'Éducation nationale suffoque, rendue exsangue par une succession de réformes démagogiques, adoptées sans concertation, mises en œuvre à pas forcé, amendées sans jamais faire l’objet d’évaluations, alimentant les inquiétudes de la communauté éducative et renforçant une certaine défiance vis-à-vis de notre système éducatif.
Dans ce contexte, l'annonce d'Emmanuel Macron, d'organiser une convention citoyenne sur l'éducation apparaît comme une main tendue vers cette réflexion commune que nous, parents d'élèves, enseignants, chercheurs, élèves, avons appelée de nos vœux. Cependant, les précédentes conventions citoyennes et l’étroitesse de celle-ci nous invitent à modérer notre enthousiasme.
L’exploitation des conclusions des deux précédentes expériences de convention citoyenne (pour le climat et la fin de vie), pourtant présentées comme de formidables moments de démocratie participative, nous invite à analyser cette annonce comme un “étricage” des enjeux de l’éducation réduits aux seuls rythmes scolaires, en ciblant les vacances d’ores et déjà jugées « trop longues » (article de février) et en détournant ainsi habilement le regard d’une des vraies problématiques de l’éducation, l’attractivité des métiers dans ce domaine de l’action publique qui porte pourtant la nation française.
En effet, même si les temps scolaires et les rythmes des enfants sont à interroger, ils ne peuvent pas être le sujet principal d’une convention citoyenne sur l'École. Ce qui doit en être le point focal c’est l'éducation au sens large, son sens, sa qualité, ses finalités, ses moyens.
Ce travail de démocratie participative à venir doit être le lieu d’une réflexion globale sur l’éducation, faisant la part belle aux questions de la mixité, de l’inclusion, de la pédagogie, des contenus scolaires, du nombre d’élèves par classe, de la formation de ses acteurs, de l’attractivité de ses métiers, de l’utilisation de son budget, avec un audit à la clé qui permettrait de comprendre pourquoi le premier budget de l’État semble si peu efficace.
Nous devons sortir l'Éducation des agendas politiques et initier une réflexion démocratique sur un temps long afin de repenser l'École pour les cinquante années à venir. Il en va de notre avenir, de notre démocratie, de la capacité des générations actuelles et futures à faire face aux urgences qui s’imposent à nous. La démocratisation du système éducatif doit être la principale mobilisation de toute la communauté éducative dans toutes ses composantes et de la société républicaine entière. L'École ne doit plus être instrumentalisée politiquement, ni être la cible des politiques de siphonnage des services publics. Pour cela, la Convention Citoyenne de l'Éducation annoncée par le Président de la République doit être ambitieuse; elle ne doit pas voir ses conclusions dictées par avance, ni dépendre du calendrier ou des intérêts politiques.
Nous appelons le Président de la République à garantir un cadre ouvert et transparent pour les travaux de la Convention Citoyenne de l'Éducation et à en faire un grand moment pour notre École, pas seulement sur les rythmes mais bel et bien sur notre système éducatif, "sans tabou ni totem". Nos enfants méritent que l’on repense l’éducation comme un investissement pour l’avenir.
Premiers signataires
Daniel Guyot, enseignant formateur du 1er degré
Christophe Estève, directeur d’école et enseignant
Lucie Vouzelaud, professeure d’histoire-géographie
Régis Guyon, directeur adjoint de l’institut français de l’éducation
Olivier Plancke, professeur d’histoire-géographie
Émilie Agnoux, co-fondatrice du laboratoire d’idées Le Sens du service public, experte à la fondation Jean Jaurès
Christophe Chartreux, professeur de lettres, retraité
Paul Fabry, professeur d’histoire-géographie
Kenza Athanasopoulos, parent d’élève
Pierre-Henri Moury, médecin
Élodie Bordas, professeur des écoles
Joëlle Marie-Reine Sciard, Conseillère Régionale Nouvelle-Aquitaine
Théophane Meignen, parent d’élève
Benoît Leuret, ancien directeur départemental de la protection des populations
Paulette Pradal, retraitée
Noélie Pradal, ingénieure agronome
Valérie Lestang, AESH
Nathalie Jacob, professeure des écoles
Jérôme Fabre, professeur des écoles
Christelle Beral, professeure des écoles
Valérie Petitjean, professeure des écoles
Florian Suau, gestionnaire de paie et parent d’élève
Mathilde Talmont, professeure des écoles
Loïc Bordas, collaborateur comptable et parent d’élève
PUYLAURENT Natacha , professeure des écoles
HOAREAU Sabrina, cadre bancaire, représentante syndicale CFDT FBA.
Manon GABRIEL , Artiste-enseignante en conservatoire
Depitre catherine conseillère municipale, retraitée de l’Education Nationale
Noël ALLOUARD, ingénieur en Génie Civil
Jean Eudes Dallou, directeur retraité Maisons d’Enfants à Caractère Social
Joel Personné, retraité
Mathilde Gustave, professeure des écoles
Julie Batifoulier, étudiante
Sébastien Batifoulier, agent ONF et parent d’élève
Hélène Batifoulier, retraitée
Ophélie Bartin, infirmière puéricultrice et parent d’élève
Chantal Audebeau, enseignante
Marjorie Salvador, professeure de sciences et techniques et médico-sociales