Justice

Mayotte - Le juge Hakim Karki dans le viseur du premier président de la cour d'appel

  • Publié le 18 juin 2014 à 09:08

Hakim Karki, juge d'instruction du tribunal de grande instance de Mayotte, a été convoqué ce lundi 16 juin 2014 à La Réunion devant le premier président de la cour d'appel, Dominique Ferrière. Selon la Lettre de l'océan Indien (LOI), le haut magistrat lui a demandé de s'expliquer à la suite d'une plainte d'un avocat l'accusant de "propos déplacés lors d'une audition". La LOI souligne le comportement "étrange" de M. Ferrière qui "s'est empressé de saisir la direction des services judiciaires à Paris, sans même chercher à obtenir la version de Karki". Elle indique aussi que le magistrat de Mayotte "doit faire face à de plus en plus de réprimandes tatillonnes de sa hiérarchie". Une affaire intervenant alors que le parquet général souhaite dessaisir Hakim Karki du dossier de trafic de drogue mettant en cause des gendarmes du GIR (groupe d'intervention régional) à Mayotte. Le parquet général souhaite en effet, rapatrier toute l'affaire à La Réunion. Un dépaysement auquel s'oppose, notamment, celui qui est encore procureur de la République de Saint-Denis, Philippe Muller...

"J’ai rencontré M. Hakim Karki, point." Ce lundi 16 juin 2014, Dominique Ferrière ne s’est pas épanché sur le sujet. Le premier président de la cour d’appel a tout de même reconnu avoir reçu le juge mahorais accompagné d’Emmanuel Poinas, secrétaire général du syndicat FO-magistrats.

Selon la Lettre de l’océan Indien, un avocat accuse Hakim Karki "d’avoir tenu des propos déplacés lors d'une audition durant laquelle il réclamait pour son client la restitution d’un scellé composé d'or". Le juge mahorais "l'aurait tutoyé et lui aurait dit qu'il pouvait faire une croix sur la restitution de ce scellé", ce que conteste le magistrat.

Mais la LOI estime surtout que le comportement de Dominique Ferrière est "étrange" dans cette affaire. "Lorsque ce dernier a reçu la plainte de l'avocat contre Karki, le mois dernier, il s'est empressé de saisir la direction des services judiciaires à Paris, sans même chercher à obtenir la version de Karki (qui était alors en vacances)", relève le journal, qui poursuit : "En outre, la plainte de l'avocat semble avoir été rédigée dans l'urgence et contient une énorme bévue : cette lettre est datée d'avril 2014 alors que, sans doute par erreur, elle fait allusion à des événements qui se seraient déroulés en mai 2014 !"

"Le juge Karki pourrait finir par déposer plainte contre X pour harcèlement, car il doit faire face à de plus en plus de réprimandes tatillonnes de sa hiérarchie, laquelle lui a refusé les diverses demandes de mutation qu'il a déposées", indique également la LOI.

Hakim Karki est notamment en charge de l'instruction d'une partie du dossier concernant le trafic de drogue mettant en cause des gendarmes du GIR à Mayotte. Un dossier dont le parquet général entend le dessaisir pour le rapatrier entièrement à La Réunion, comme le révélait Imaz Press le 8 avril dernier, ce à quoi s’oppose... le procureur de la République de Saint-Denis Philippe Muller. De là à faire un lien avec la mutation forcée de ce dernier, il y a un pas que certains n’hésiteront sans doute pas à franchir.

"J’ai bien compris qu’on allait faire le lien, c’est son système de défense (celui de Philippe Muller, ndlr) de se présenter encore comme un chevalier blanc...", a estimé Dominique Ferrière ce lundi.

Par ailleurs, dans un article publié ce mrcredi 18 juin lepoint.fr affirme que "le conflit opposant le juge Karki à ses supérieurs entrave le fonctionnement de la justice" et crée une "véritable pathologie de service dans les juridictions pénales de Mayotte". Le calme et la sérenité nécessaires à une bonne admnistration de la justice semblent loin d'être à l'ordre du jour...

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
REVEILLEZ VOUS
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10 ans

ce à quoi s’oppose... le procureur de la République de Saint-Denis Philippe Muller. De là à faire un lien avec la mutation forcée de ce dernier, il y a un pas que certains n’hésiteront sans doute pas à franchir.