Il a été placé en garde à vue

"Hagard", le meurtrier présumé des Cévennes s'est rendu en s'excusant

  • Publié le 15 mai 2021 à 06:31

"Excusez-moi, je me rends": l'auteur présumé d'un double meurtre dans les Cévennes qui se terrait dans la forêt depuis plus de trois jours était "extrêmement affaibli et hagard" quand il s'est rendu vendredi, a indiqué la gendarmerie lors d'une conférence de presse.

"Je pense qu'il s'est rendu de guerre lasse (...) Nous avions un ratissage en cours par le GIGN, sentant cette équipe s'approcher, il a quitté sa cache en direction de son domicile" et s'est rendu à la première patrouille de gendarmes qu'il a rencontrée, a déclaré le général Arnaud Browaeys, commandant de la zone de défense et de sécurité sud pour la gendarmerie.

"L’individu a été interpellé à 19H25 près de l’église de Saint-Marcel de Fontfouillouse, dans la zone de recherche", a précisé une autre source proche de l'enquête, en évoquant aussi une "reddition sans résistance". "Il était en tenue complète de camouflage. Il était terré. On venait de trouver sa cache quelques instants avant qu’il ne se rende", a indiqué une autre source proche de l'enquête. "Il a sans doute senti que tout se resserrait contre lui, qu’il n’avait pas de possibilité de fuite".

"Excusez-moi, je me rends": tels ont été les mots de Valentin Marcone, 29 ans, qui a été placé en garde à vue pour "assassinats", ont indiqué le procureur de Nîmes Eric Maurel et le général Browaeys lors d'une conférence de presse.

Valentin Marcone était caché dans la forêt cévenole depuis mardi matin après avoir abattu son patron et un de ses collègues dans la scierie où il travaillait, dans le village des Plantiers (Gard). Quelque 350 gendarmes aidés de drones, d'hélicoptères et de chiens le traquaient sur un terrain "extrêmement difficile" escarpé et isolé."Il était terré, camouflé. On aurait pu passer à quelques pas de lui. Mais les différents chiens avaient marqué la zone dans laquelle on l'a retrouvé et dans laquelle on aurait concentré nos moyens dès demain", a expliqué le général Browaeys précisant qu'il n'y avait "rien dans sa cache, si ce n'est une couche de branchages".

La veille de cette interpellation le père de Valentin Marcone, Frédéric avait lancé un vibrant message audio à son fils pour qu'il se rende: "Il n'y aura pas feu si tu te rends maintenant, mon fils, fais moi confiance". "Valentin, c'est papa, je t'aime, on t'aime, (...), avait-il ajouté.

"Lorsqu'il s'est rendu, il n'avait plus d'arme" mais "on sait qu'il en manquait deux à l'inventaire" fait à son domicile, a également indiqué l'officier de gendarmerie, précisant que le fugitif n'avait pas non plus de nourriture. "On avait une vive inquiétude sur la détermination du fugitif, sur sa volonté d'en découdre avec les militaires de la gendarmerie", a rappelé le procureur selon qui c'est bien "le travail de terrain conduit par les gendarmes qui a permis sa localisation". "Il a été pris en étau", a-t-il dit.

Le maire des Plantiers, Bernard Mounier, a souligné pour sa part l'émotion des habitants qui ont dû vivre reclus durant la traque par mesures de sécurité, parmi lesquelles deux familles endeuillées.  Le fuyard est "susceptible d'être porteur d'une arme de poing et d'une carabine de précision", avaient mis en garde les gendarmes en appelant les habitants ou ceux qui l'auraient aperçu à ne pas intervenir directement en raison de la dangerosité de cet homme.

Les membres des familles  endeuillées "se sont regroupés à la mairie, sur les ponts et ils se sont regardés avec des larmes dans les yeux. Et les mots vont peut-être émerger, mais pour l’instant on est dans l’émotion, dans le silence, le réconfort, le soulagement. La peur s'éloigne mais je crois qu’au travers de ces regards là on sent aussi la perspective d’un devenir un peu plus compliqué. On va s’atteler à construire cette nouvelle maison", a expliqué l'élu.

Valentin Marcone était décrit comme "un solitaire, un homme apte à survivre en milieu hostile", par le procureur de Nîmes, Eric Maurel, lors d'une conférence de presse jeudi à Saumane, village voisin des Plantiers. Mais ce n'était "pas un adepte de l'idéologie survivaliste, pas plus qu'un paramilitaire", avait-il ajouté.

Le meurtrier présumé était en conflit avec son employeur. Et c'est à la suite d'une simple remarque de son patron, à qui il n'aurait pas dit bonjour, qu'il aurait sorti un pistolet et tiré, l'abattant lui puis un de ses collègues de plusieurs balles dans la tête, avant de prendre la fuite.

www.ipreunion.com avec l'AFP

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