Les salariés ont peur d'une fermeture du site à moyen terme

Giordano industries : la crainte d'une "SIB bis"

  • Publié le 13 juin 2014 à 14:07

Au Port, les salariés de la société Giordano industries, spécialisée dans la fabrication de chauffe-eau solaires, sont toujours en grève illimitée pour protester contre le licenciement annoncé de 18 d'entre eux. Désespérant d'obtenir des réponses de la direction quant à leurs interrogations, ils craignent à moyen terme une fermeture pure et simple du site, à l'image de ce qui est arrivé à l'usine de la SIB (Société industrielle de Bourbon) il y a quelques mois.

"C’est comme si je revivais une deuxième fois l’histoire de la SIB..." Les mots sont de Jocelyn Rivière, délégué syndical de l’ex-usine appartenant à Colgate/Palmolive, venu soutenir ses "camarades" de Giordano industries ce mardi 10 juin.

Les salariés de la société de chauffe-eau solaires ont en effet de plus en plus le sentiment de suivre le même chemin, avec en point de mire la fermeture du site, comme le craint Jean-Paul Hoarau, délégué syndical CFDT : "Ça s’est passé pour la SIB, ça peut très bien se passer pour nous. Une fois que le processus est mis en route..."

Depuis ce lundi, un mouvement de grève a été déclenché pour protester contre une vague de licenciements programmés : 12 chez la filiale Soletech et 6 au sein de l’atelier de Giordano industries. Depuis, la situation n’a guère évolué. "On en est toujours au même point...", se désole Jean-Paul Hoarau,

Il y aurait bien le signe d’une avancée, puisque le délégué syndical indique qu’"apparemment, on nous a dit qu’ils auraient signé pour annuler la fermeture de Soletech". Mais l’homme se méfie. Selon lui, ce ne serait finalement que reculer pour mieux sauter. "C’est a priori une bonne chose, mais ils ont déjà vendu tous les outils, donc les salariés vont sur le chantier mais ils sont payés à ne rien faire car il n’y a plus de matériel ! Je pense qu'ils cherchent à gagner du temps...", affirme-t-il.

L’inquiétude vient également du silence de la direction depuis le début de la grève. "Ils ne veulent rien nous dire sans l’accord de la maison-mère (située à Aubagne, ndlr) et le directeur n’est même pas là. On n’a aucun moyen de négocier", explique Jean-Paul Hoarau. "On souhaite faire venir un commissaire aux comptes de la CFDT, mais ils refusent. Ils sont d’accord uniquement si c’est leur propre commissaire", ajoute-t-il.

Car les grévistes entendent bien faire valoir leurs arguments, comme ils l’ont fait ce jeudi devant l’inspection du travail. "On leur a apporté la preuve comme quoi une fermeture ne serait pas valable. On nous parle d’économie en licenciant 6 personnes, mais on ne gagnerait que 24 000 euros, ce n’est pas ça qui fera la différence...", détaille le représentant de la CFDT.

En attendant, de moins en moins de tâches sont effectuées à La Réunion dans la fabrication des chauffe-eau... "Je pense qu’ils vont partir ailleurs", craint Jean-Paul Hoarau. "Ils sont venus pour mesurer la taille des machines, ce n’est pas pour rien...", relève-t-il.

Comme pour leurs collègues de la SIB, les salariés de Giordano industries voient donc leur avenir en pointillés. Et comme pour leurs collègues de la SIB, ils se sentent bien seuls dans leur combat pour sauver leurs emplois. Le maire du Port Olivier Hoarau est bien venu les soutenir mercredi, leur annonçant son intention de solliciter le préfet en compagnie de la députée Huguette Bello. Mais les salariés n’ont pas eu de nouvelles depuis et aucun autre élu ne s’est pour l’instant manifesté. Côté politique, seul le Parti de gauche s’est fendu d’un communiqué de soutien. À ce niveau-là aussi, l’histoire semble se répéter...

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