Contestation aux prud'hommes et nouvelles actions à venir

Le Port : les ex-salariés de la SIB ne désarment pas

  • Publié le 21 octobre 2014 à 05:00

Ce mardi 21 octobre 2014, au Port, des responsables du syndicat Union régionale 974 vont recevoir les 24 ex-salariés de la SIB (Société industrielle de Bourbon) - filiale du groupe américain Colgate-Palmolive ayant fermé ses portes le 4 avril dernier - afin de préparer leurs dossiers en vue de la contestation de leurs licenciements devant les prud'hommes. Cette réunion sera aussi l'occasion d'envisager "de nouvelles actions pour demander des comptes à Colgate", selon Jocelyn Rivière, représentant du personnel très remonté : "On nous a fait des promesses mais aucune n'a été tenue ! L'usine a fermé il y a sept mois et aucun salarié n'a été reclassé ! On va se faire entendre de nouveau dans les jours à venir", prévient-il.

Le 17 juillet 2014, la direction du travail (Dieccte) indiquait avoir refusé le licenciement de cinq salariés "protégés" (les délégués du personnel) de la SIB, soulignant que "le motif économique n’est pas constitué". Une décision accueillie à l’époque avec satisfaction par Jocelyn Rivière, souhaitant qu’elle profite "à tous les autres salariés de la SIB".

C’est en ce sens qu’ils ont décidé d’engager une procédure devant les prud’hommes, soutenus par l’Union régionale 974. "C’est le fondement même du licenciement économique qui a été remis en cause par la Dieccte, considérant qu’il ne s’agissait pas d’améliorer la compétitivité de l’entreprise, mais uniquement d’augmenter les profits. Si ça vaut pour les délégués du personnel, c’est pareil pour les autres", souligne Clara Derfla, secrétaire générale du nouveau syndicat.

L'exemple des "Conti"

Ils vont donc monter des dossier en s’inspirant du combat judiciaire mené par les ex-salariés de l’usine Continental de Clairoix (Oise), qui avaient obtenu gain de cause devant le tribunal des prud’hommes de Compiègne. Ce dernier avait jugé illégitimes les licenciements pour motif économique des salariés de Continental et leur avait octroyé des dommages et intérêts. "Comme dans l’affaire Continental, il y a une notion importante qui est celle de co-emploi", explique Clara Derfla. "C’est-à-dire que cela ne concerne pas seulement la SIB, mais cela engage aussi la responsabilité de la maison-mère", poursuit-elle.

Ainsi, dans le cas des "ex-Conti", la cour avait condamné solidairement la société Continental France et sa maison-mère allemande Continental AG à payer à chaque salarié des dommages et intérêts. Cette décision a d’ailleurs été confirmée en appel le 30 septembre dernier.

Mais pour Jocelyn Rivière et l’ensemble des salariés de la SIB, le combat ne s’arrête pas au simple conseil des prud’hommes. "Ce qu’on demande, c’est de pouvoir travailler", confie-t-il. "Il y a un an, on nous disait que tout allait bien, et aujourd’hui on se retrouve dans la panade, dans l’incertitude... Aucun salarié n’a encore été reclassé ! On nous a fait des promesses, mais ce n’était que de belles paroles. Tout le monde est abasourdi...", déplore-t-il.

Un combat "pour l'ensemble des salariés de l'île"

Mobilisés pendant près de trois mois de la fin novembre 2013 au mois de février 2014 pour défendre, en vain, leurs emplois, les ex-SIB sont prêts à retourner au charbon pour plaider leur cause au-delà du terrain judiciaire. Ils ont déjà obtenu le soutien de certains parlementaires – Huguette Bello, Thierry Robert, Ericka Bareigts, Paul Vergès – qui ont écrit au ministre du Travail François Rebsamen et au ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Et ils entendent bien rappeler la direction de Colgate/Palmolive à ses promesses. "On va se faire entendre de nouveau dans les jours à venir. Je ne suis pas prêt à laisser tomber. Je pense à mes camarades et je suis très déterminé", assure Jocelyn Rivière.

Car derrière le sort réservé aux ex-salariés de la SIB se jouent d’autres enjeux. "Ce combat, c’est pour l’ensemble des salariés de l’île", estime Clara Derfla. "Il s’agit de montrer aux employeurs qu’ils ne peuvent pas éclater leur société en plusieurs petites filiales et ensuite procéder à des licenciements économiques sans que la maison-mère ne rende des comptes", souligne-t-elle. "Cela doit servir d’exemple pour qu’il n’y ait pas de deuxième SIB", espère pour sa part Jocelyn Rivière.

www.ipreunion.com

guest
2 Commentaires
yvan
yvan
9 ans

bravo vive les sibiens et l' UR974 !

run
run
10 ans

C'est l'exemple malheureusement du comportement des grandes multinationales qui viennent faire le plein de marges de valeurs ajoutées pour repartir avec. Ce sont ces grandes entreprises, aidées par la Grande Distribution locale, qui affaiblissent très souvent les entreprises réunionnaises à capitaux réunionnais. Un Colgate ou une autre marque internationale n'injecte rien en investissements dans l'économie locale. Ce sont des requins avec à leur tête des expatriés de passage profitant de beaux salaires et e belles maisons de fonction...comme en Afrique.