Chantiers au ralenti

BTP : la CAPEB dresse un bilan morose sur fonds d'instabilité politique

  • Publié le 31 janvier 2025 à 15:24

La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) de La Réunion, organisait ce vendredi 31 janvier 2025 sa conférence de presse de rentrée. Elle y a dressé un bilan 2024 morose, et s'est inquiétée du futur de la filière alors que l'instabilité politique ne "permet d'avoir de visibilité pour l'année à venir" (Photo d'illustration sly/www.imazpress.com)

"Nous changeons d'interlocuteur toutes les semaines", lance Cyrille Rickmounie, président de la CAPEB. "Sans budget, les commandes publiques n'avancent pas, pourtant La Réunion a un potentiel incroyable", regrette-t-il.

"L'année 2024 a été une année tourmentée, et 2025 commence avec des perspectives dont on ne voit pas l'issue", ajoute-t-il, rappelant que la suppression de la Loi d'ouverture pour le développement économique de l'Outre-Mer (LODEOM) serait une catastrophe. "Il faut absolumentt la maintenir."

Entre l'augmentation des prix des matériaux et le ralentissement des chantiers, la filière du BTP se porte mal. 1.000 salariés ont dû être licenciés en 2024. Ce sont "les TPE/PME qui ont le moins embauché et le nombre d'entreprises occupant aucun salarié a augmenté de 23% sur la même période. Cette situation est inquiétante dans une profession où l'on a du mal à attirer les jeunes", s'inquiète le syndicat.

Et malgré une baisse des taux d'emprunt, "la reprise de l'activité n'est pas visible et certains observateurs prédisent un redressement pas avant 2026", pointe la CAPEB. "Ces mêmes observateurs soulignent également les conséquences majeures de l'incertitude, notamment fiscale, des entreprises sur leurs investissements et leurs emplois. Un point que l'INSEE confirme", rappelle le syndicat.

- Baisse des permis de construire -

Selon l'IEDOM, "les chefs d'entreprises du secteur de la construction et des travaux publics témoignent d'une dégradation de leur activité, mais à un rythme moins soutenu que ces derniers trimestres. Ils déclarent des effectifs en nette baisse au 3ème trimestre 2024".

"Leur solde d'opinion sur les carnets de commande reste négatif depuis le début de 2022. La situation du secteur reste fragile, le niveau des logements mis en chantier étant plus bas au 3° trimestre que pendant la crise de la covid", souligne par ailleurs cette étude.

L'Artisanat du Bâtiment et des Travaux Publics n'échappe pas à ce climat général. Ainsi, tous es segments de l'activité des entreprises sont orientés à la baisse sur l'ensemble de l'année 2024.

En matière de construction, selon la note de conjoncture de la DEAL de novembre 2024, le nombre de logements autorisés à la construction est estimé à 6.200 à La Réunion, soit une baisse de 8,3 % par rapport à la même période un an auparavant.

La chute concerne les logements individuels (-21,1 %), aussi bien les individuels purs (- 20,4 %) que les groupés (-22,2 %). Par ailleurs, les mises en chantier ont reculé (- 16%) par rapport à la même période, un an plus tôt. Tous les types de logements sont concernés : les individuels (- 19,7 %) et les collectifs (- 12,7).

Cyrille Rickmounie regrette d'ailleurs que "les permis de construction mettent aussi longtemps à être délivrés". "Cela prend entre 8 et 14 mois, il faut que les politiques s'emparent de ce sujet".

- Appel à rénover -

La CAPEB pointe le fait que "les opportunités de chantier ne manquent pas", mais "nous sommes suspendus au bon vouloir des responsables politiques à prendre es décisions de bon sens et à l'instabilité politique latente". "Nous n'avons toujours pas de budget, ce qui entraîne une suspension des versements de MaPrimeRenov, alors que le marché de la rénovation énergétique se structure", rappelle-t-elle.

Et, alors que de nombreux logements pourraient être rénovés, le syndicat regrette que le Premier ministre, lors de son discours de politique générale, "au cours duquel il a fait part de sa volonté d'une politique du logement repensée et de grande ampleur", n'a "jamais évoquer la rénovation, limitant son propos à des mesures d'encouragement à la construction neuve".

La CAPEB "n'oppose pas le neuf à la rénovation mais observe, au regard des besoins en logements, que la dynamique actuelle est suffisante". "La majorité du potentiel est dans la rénovation" conclut-elle.

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