Ça y est… les cloches et les lapins sont passés, c'est l'heure des chocolats de Pâques. Des pièces, des œufs, des poules et j'en passe qui, si délicieux soient-ils, ont ou vont (pour les retardataires) vider votre portefeuille. Et pour cause, le prix du cacao a atteint des sommets records cette année. Un prix "pas forcément à croquer", mais qui n'empêche pas les Réunionnais d'en reprendre une bouchée (Photo : rb/www.imazpress.com)
Chez chocolat Kapp au Tampon, "nous n'avons pas de hausse de nos tarifs pour Pâques cette année", déclare Damien, le gérant. "Et ce car j'avais commandé relativement en avance auprès de mes fournisseurs."
Mais il le dit, "mes fournisseurs m'ont annoncé effectivement une hausse à partir du mois de juin".
Le prix eux aussi n'ont pas augmenté chez Delacour à l'Étang-Salé. "Nous vendons le même prix que l'année dernière."
"De toute façon, si on fait ce métier c'est par passion", indique Édith Delacour. "Si on fait ce métier c'est par passion, pas pour s'enrichir, sinon on serait financièrement car nous ne vivons que de ça, et c'est loin d'être le cas", ajoute-t-elle.
Face à la concurrence des grandes enseignes, Édith Delacour poursuit en déclarant : "nous vivons les dernières années de l'artisanat et ça ce n'est pas une illusion, c'est une réalité".
D'autres se dirigent vers des chocolats plus industriels et vers la grande distribution.
Dans ces grandes enseignes, même si certains slogans avancent "le prix moins cher", "prix à croquer"… sur l'étiquette le prix donne des frissons. Pour exemple : une cloche avec des petits rochers à l'intérieur pour la modique somme de 6,99 euros.
Les gros œufs d'une célèbre marque coûtent eux plus de 17 euros. À ce prix il faut vraiment avoir envie de chocolat.
En moyenne, dans la grande distribution, les prix varient entre 4 euros et 8 euros.
- Le chocolat reste incontournable -
Les vendeurs peuvent toutefois se rassurer, le lien entre le chocolat et les Réunionnais reste toujours aussi fort.
Chez Damien Kapp, tout est fait maison. Et les saveurs qu'il propose attirent. "On a énormément de clients mais la tendance de ces derniers mois pour les différentes fêtes, c'est que notre clientèle vient plus en dernière minute qu'avant l'inflation."
"Les clients continuent de venir chez nous, quitte à acheter plus petit", souligne la gérante de la maison Delacour, évoquant l'inflation qui frappe les Réunionnais.
Destinés en majeure partie aux enfants… mais aussi aux adultes, les chocolats de Pâques, bien qu'achetés en moindre quantité, restent incontournables.
Car Pâques est l'occasion de se réunir en famille autour d'un délicieux repas et surtout de céder à ce péché mignon qu'est le chocolat. Et ce, même s'il faut y mettre le prix.
- Des chocolats très coûteux… -
Des prix qui ont encore flambé cette année. + 5% en un an, selon une enquête de l'UFC-que Choisir.
"Sur 80 chocolats enquêtés, la hausse s’établit à 5% entre Pâques 2023 et 2024", ce qui est plus que l’inflation alimentaire qui se situe à 3 % sur la même période, note l’étude.
Deux principales raisons à cette inflation: d'abord le prix du cacao qui flambe et qui n'a jamais été aussi cher.
Le prix du cacao a atteint de nouveaux records historiques, dépassant 10.000 dollars la tonne le 26 mars à New York.
Le cacao utilisé pour fabriquer des bonbons en chocolat est en très grande partie récolté en Afrique de l’Ouest. Or, la région a subi une vague de chaleur humide intense en amont des récoltes, tuant les plants. Moins de récolte entraîne inévitablement une augmentation des prix de la matière première.
À l'avenir, il est donc à craindre que la grande chasse aux œufs ne se termine en minuscule et ridicule "chassounette".
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Si à première vue, difficile de faire le lien entre le retour à la vie du Christ et la chasse aux œufs, les deux sont bien liés.
L’origine des œufs de Pâques prend racine bien avant que la religion chrétienne n’entre dans l’Histoire.
Dans l’Antiquité, et notamment en Perse et en Egypte, il était coutume de s’offrir des œufs décorés ou teints en rouge à la venue du printemps, saison de la vie retrouvée. A cette époque lointaine déjà, l'œuf symbolisait la renaissance, le renouveau.
Cette signification coïncide avec la résurrection du Christ que l’on célèbre à Pâques. L'œuf de Pâques en chocolat serait alors le descendant d’une coutume empreinte d’une forte symbolique spirituelle.
Il semblerait également que la période de jeûne du Carême ait joué un rôle dans le développement de cette coutume. Pendant les 40 jours du Carême, et ce jusqu’au XVII° siècle, les chrétiens n’avaient pas le droit de consommer d'œufs. Mais les poules, elles, ne cessaient pas d’en pondre pour autant.
Par conséquent, à la fin du Carême, alors que le jeûne est rompu, les familles avaient des dizaines d'œufs sur les bras. Survient alors l’idée, pour ne pas les gâcher, de les décorer et de les offrir en cadeau lors du dimanche de Pâques.
Pendant plusieurs siècles, les œufs de Pâques étaient de simples œufs de poules cuits, ornés de dessins ou colorés. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que l’idée de remplir ces œufs de chocolat liquide commence à prendre de l’ampleur.
Quoiqu'il en soit, cher ou pas, les chocolats sont là. Si la hausse du cacao ne se fait pas encore sentir, c'est à Noël très certainement que l'on verra les prix exploser. Mais attendons encore un peu avant. Laissons-nous d'abord le temps de digérer et le prix et les chocolats de Pâques.
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