Prévention

Dépistages de cancers : La Réunion peut (beaucoup) mieux faire

  • Publié le 23 octobre 2024 à 05:45
  • Actualisé le 23 octobre 2024 à 07:54

Les cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal font actuellement l’objet de programmes de dépistage organisé sur tout le territoire national. A La Réunion, le taux de participation à ces dépistages sont très en deçà des objectifs nationaux. Les pistes pour améliorer l’implication des Réunionnais ont été présentées au cours d'une conférence de presse ce mardi 22 octobre 2024 dans les locaux de la caisse générale de sécurité sociale (Photo d'illustration AFP)

"Le dépistage organisé des cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal constitue un enjeu majeur de santé publique, particulièrement à La Réunion, où les taux de participation restent très inférieurs aux cibles nationales" ont constaté les autorités sanitaires.

C’est pour cette raison que l’ARS (Agence régionale de santé) et la CGSS (Caisse générale de la sécurité sociale) ont invité ce mardi matin plusieurs médecins, oncologues et patientes à s’exprimer devant la presse, dans le cadre des manifestations organisées tout au long d’Octobre Rose, le mois de sensibilisation au cancer du sein.

Gérard Cotellon, directeur de l’ARS, l’a rappelé en introduction : "le cancer est la première cause de mortalité prématurée dans le monde, en France et à La Réunion. C’est 1.200 morts par an sur notre île, soit le quart des décès prématurés".

Or, pour augmenter ses chances de survie face au cancer, rien ne vaut un dépistage précoce. Le gynécologue et sénologue Gilles Carasset a insisté : "le diagnostic précoce fait tout : quelle que soit la méthode, plus un cancer est pris en charge tôt, moins lourde est la prise en charge, et plus grandes sont les chances de survie".

Malgré ces évidences, les Réunionnais.es ont tendance à moins se faire dépister que la moyenne nationale. Selon les chiffres de Santé publique France, en janvier 2024, à La Réunion, moins de la moitié (46,5 % précisément) des femmes de 50 à 74 ans ont répondu aux propositions de dépistage du cancer du sein pour un objectif de 70%.

Moins de 30% des hommes et femmes de 50 à 74 ans pour le cancer colorectal pour une cible à 65%. Et 64 % des femmes de 25 à 65 ans pour le cancer du col de l’utérus pour une cible à 80%.

Benoit Serio, directeur de la CGSS, a été clair : "face à cette stagnation, voire régression du nombre de personnes qui se font dépister, on tire la sonnette d’alarme !é.

Pourquoi ces "résistances" à ces programmes de dépistage ? Premier facteur évoqué par le directeur de l’ARS : "le niveau de précarité élevée de la population réunionnais". C’est un constat unanimement partagé par tous les acteurs du monde médico-social : de plus en plus de personnes se préoccupent plus de savoir comment ils vont nourrir leurs enfants jusqu’à la fin de la semaine que de savoir s’ils vont développer un cancer dans les prochaines années.

Deuxième facteur mentionné, spécifique au cancer du sein : la crainte d’avoir mal aux seins, lors de la mammographie. "Personnellement, je préfère avoir mal un instant lors de la mammographie plutôt que de souffrir longtemps de soins lourds telle que la chimiothérapie" témoigne Véronique Técher, qui a du se faire soigner pour un cancer du sein et est aujourd’hui bénévole dans le Sud au sein de l’association Asetis.

La peur du diagnostic ou encore l'argument "il n'y en a pas dans ma famille" sont également cités.

Pour améliorer l’adhésion des Réunionnais aux programmes de dépistage, les responsables et médecins présents ce mardi matin ont annoncé vouloir «"communiquer différemment".

Depuis janvier 2024, les invitations au dépistage sont réalisées par l’Assurance-Maladie. Des téléconseillers sont mobilisés pour contacter plus de 1,4 million de personnes en France hexagonale et outremer. On nous a assuré que le recrutement de téléconseillers maitrisant le créole et le shimaoré a été privilégié.

Les médecins généralistes vont également être mobilisés. Des médiateurs vont également être déployés dans une partie des antennes France Service pour accompagner et orienter les personnes qui le souhaitent dans leurs premières démarches (exemple : prise de RV dans un cabinet de radiologie).

Dernière piste, mais pas la moins importante : l’implication des patients dans leur prise en charge. Illustration avec l’auto-palpation régulière des seins dans le cas du cancer du sein. "Ça ne remplace évidemment pas une mammographie. Mais c’est un premier pas. Et ça peut aussi être une façon d’impliquer les hommes" souligne Véronique Técher.

xl/www.imazpress.com / [email protected]

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1 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
4 mois

Les stats sont en partie fausses. J'explique :
Suivi par coloscopies régulières suite à des antécédents familiaux, je reçois régulièrement une proposition de dépistage du cancer du colon dont je ne tiens naturellement aucun compte.
Mais nul doute qu'on me compte statistiquement comme un refus de dépistage.
Il serait bon que les campagnes de dépistages cernent un peu mieux leurs cibles car la sécu sait parfaitement que je me surveille bien mieux qu'avec un test.