Des centres saturés

Hébergement d’urgence : La Réunion manque de places d'accueil

  • Publié le 24 janvier 2023 à 10:41
  • Actualisé le 24 janvier 2023 à 11:51

Le 14 janvier 2023, un navire, avec à son bord 69 migrants Sri-Lankais a accosté à La Réunion. À leur arrivée, tous ont été placés dans un gymnase réquisitionné et aménagé à Sainte-Marie. Depuis, 22 des 69 migrants ont été autorisés à entrer sur le territoire. Si l’arrivée de ces migrants fait fortement réagir à La Réunion, elle révèle également un problème de taille sur notre île, celui des places d’accueil en centre d’hébergement (Photo : rb/www.imazpress.com)

« Pour accueillir, encore faut-il pouvoir le faire », peut-on lire sur nos réseaux sociaux. « La Réunion n’a pas à être terre d’accueil pendant que nos gramounes survivent et que nos SDF dorment dans la rue », croient pouvoir s’insurger d’autres.

Il est vrai que La Réunion, l'eldorado pour ces Sri-Lankais, peine à trouver de la place dans ses centres d’hébergements. Une précision s'impose à ce stade : il n'y pas d’amalgame entre ces migrants à la recherche d'un avenir meilleur et les Réunionnais plongés dans la misère. Les centres d’accueil spécifiques sont différents pour les uns et pour les autres. Ce qui est certain est que tous ces centres sont totalement saturés.

- 275 places pour plus de 300 demandes par jour -

À La Réunion, si l’on se concentre exclusivement sur les hébergements d’urgence, il n’existe que 275 places pour toute l’île. 275 places pour plus de 280 personnes mises à l’abri chaque nuit en moyenne, selon les chiffres de la Fondation Abbé Pierre Réunion. « Comme tout centre d’urgence, nos hébergements sont pleins », souligne Manon Heribert-Laubriat, directrice du pôle social de la Croix-Rouge. « Les places libérées dans la journée sont déjà redistribuées », ajoute-t-elle.

« On essaie au maximum de gérer les personnes qui ont le plus besoin de prise en charge mais parfois on est obligé de pratiquer la suroccupation », ajoute Manon Heribert-Laubriat. Par exemple, « à Saint-Denis, on a 50 personnes pour 47 places. On essaye de jongler pour accueillir les gens dignement et respecter la dignité de la personne qui a pu avoir des accidents de vie. »

Ces centre accueillent des familles dans la misère, des victimes de violences. « À La Réunion, les mamans avec enfants passent en priorité mais malheureusement, les personnes seules et marginalisées restent majoritairement sans solution », dit-elle, résignée.

En 2020, selon les chiffres de la Fondation, près de 1.600 personnes étaient sans domicile fixe en 2020 à La Réunion.

Ce chiffre augmente d'année en année alors que les places vacantes restent durablement manquantes

- Mais où sont les logements ? -

Pour ces centres d’hébergement, outre le manque d’accueil, l’une des préoccupations principales, est de trouver un logement à ces personnes. « Depuis le Covid c’est devenu très difficile car il y a un manque de logements pour assurer l’hébergement de ces personnes après leur sortie des structures d'accueil», précise Manon Heribert-Laubriat en ajoutant : "ces personnes ne cherchent pas à vivre dans un centre mais à avoir un toit à eux sur la tête ».

Sur près de 33.000 demandes de logement social en 2020, 13.670 concernent des ménages sans domicile personnel. Seulement 6.861 attributions ont été réalisées en 2021, soit à peine 28 % des 35.780 des demandes déposées cette même année.

« Normalement les personnes doivent rester une quinzaine de jours en centre, mais maintenant la moyenne c’est six mois », souligne Manon Heribert-Laubriat de la Croix-Rouge.

Pour faire face à cela, la fondation Abbé Pierre de La Réunion a évoqué une solution, celle d’accélérer le « Logement d’abord ». « L’ambition de faire de La Réunion un territoire + zéro personnes SDF / Logement d’abord + est possible, à condition de se fixer des objectifs de résultat à atteindre et les moyens d’apporter une réponse adaptée à chaque personne », note la fondation.

- 160 demandeurs d'asile hébergés à Saint-Denis -

Pour les demandeurs d’asile, la situation est légèrement différente. Conformément au droit français, l’État doit obligatoirement proposer un hébergement aux personnes ayant été autorisées par l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) à demander l'asile en France.

Ces demandeurs ne sont pas hébergés dans les mêmes structures que les Réunionnais en attente d’une solution. « Ces établissement ne sont pas financés par les mêmes ministère », précise Manon Heribert-Laubriat. « Même si on supprime le centre pour les demandeurs d'asile, cela ne créerait pas plus de place pour les Réunionnais en situation de détresse, cela ferait seulement un établissement en moins » dit encore directrice du pôle social de la Croix-Rouge.

Actuellement 160 migratns sri-lankais sont accueillis au sein de l’hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile (HUDA) de Saint-Denis.

Manon Heribert-Laubriat est désolée en constatant que l’arrivée de ces personnes en demande d’asile crée des conflits. « Nous avons des personnes en difficulté en face de nous, il convient de les aider, quelle que soit leur origine nationale, ce sont avant tout des êtres humains » dit-elle.

Pour rappel, le gouvernement souhaite améliorer le 115, numéro d’urgence des sans-abris, en évoquant « plus de réponses et plus d’écoutants ». Encore faudrait-il des places soient créées

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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