Aventure

L'Océan indien à la rame : une vie de couple à contre-courant

  • Publié le 28 janvier 2024 à 06:07
  • Actualisé le 28 janvier 2024 à 08:52

Début avril 2024, le couple Sophie Bernier-Fanch Landron sera à pied d’oeuvre à Carnavon pour scruter la bonne fenêtre météo. Les deux amoureux ont en effet décidé de se lancer un sacré défi : la traversée de l’océan Indien, entre l’Australie et La Réunion. A ce jour, seul l’aventurier Emmanuel Coindre l’a fait. Mais pour notre couple singulier, pas question de chasser son record. L’aventure se situera ailleurs. Il s’agira d’explorer leurs propres limites (Photos : Facebook - L'indien à la rame)

"Je ne le ferai avec personne d’autre que lui !" Sophie Bernier est formel dans le hangar de Félix ULM à Cambaie. Jamais de la vie, elle n’aurait songé à traverser l’océan Indien à la rame, si ce n’était pas avec Fanch Landron, son amoureux.

Mais l’ex-infirmière a une telle confiance en son beau médecin qu’elle a dit banco. "Je sais qu’avec lui, ça va bien se passer, reprend-elle. Il n’y a pas l’ombre d’un doute chez moi. J’ai confiance en lui. C’est une expérience peu commune que l’on va vivre en couple. Mais en aucun cas, un test pour fortifier notre union."

C’est tout simplement "l’aventure d’une vie", acquiesce Fanch, en parlant de ce défi hors-norme, qui consistera à traverser l’océan Indien à la rame, sans bateau d’assistance, pour nos deux tourtereaux.

La date n’est pas encore fixée avec précision. Mais ce couple singulier, hors du commun même, s’envolera début avril pour l’Australie. "C’est de Carnavon, à 800 km au nord de Perth que l’on a prévu de partir, explique Fanch. Il faudra évidemment choisir la bonne fenêtre météo pour le faire, mais notre but ultime est de rallier les côtes réunionnaises."

Jusque-là, un homme l’a fait à leur connaissance. Il s’agit du Français Emmanuel Coindre. Il y a dix ans, cet aventurier aguerri, le premier homme à avoir traversé en solitaire les trois grands océans à la rame, avait atteint La Réunion à bord de son canot Long Cours, à l’issue d’un périple de 56 jours 7 heures et 29 minutes et 7 000 km sur l’océan Indien. Parti de Carnavon également, il avait accosté au port de plaisance de la Pointe-des-Galets.

"Nous, peu importe ! A la Rivière des Galets ou ailleurs, ce sera déjà bien si on arrive, sourit Fanch. On verra bien où le vent nous porte !" "En tout cas, on a hâte de vivre cette aventure hors-normes, hors du monde, reprend Sophie. On table sur 100 jours, car il n’est absolument pas question dans notre esprit d’établir un record, de battre celui d’Emmanuel Coindre."

- "On sera livrés à nous-mêmes" -

Leur quête se situe ailleurs. "Une fois partis, on sera livré à nous-mêmes, ne se méprend pas Fanch. On aura bien sûr un routeur à terre pour nous aiguiller. On sera aussi en relation permanente avec le Cross (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et Sauvetage) de La Réunion, qui lui-même a averti les services de sauvetage à Maurice et en Australie en cas de pépins" dit Sophie Bernier

Elle ajoute : "on n’est pas des allumés ! On a fait en sorte de tout mettre en place en amont pour ne pas avoir de mauvaises surprises avec balises GPS, système AIS, un genre de radar pour éviter les collisions en mer. Mais ce qu’on cherchait au-delà de toute cette logistique sécuritaire indispensable, c’est vivre une aventure minimaliste, avec bien entendu de la rusticité à bord, se confronter aux aléas extérieurs que l’on va forcément rencontrer sur notre route. C’est la façon dont on va y réagir qui nous intéresse."

Une capacité d’adaptation qui sera mise à rude épreuve dans un océan Indien, redouté par la plupart des marins. "On sait que potentiellement, on peut être confronté à de la casse, un pilote automatique endommagé, un dessalinisateur qui tombe en panne, un chavirage ou un cargo qui croise dans les parages, admet Sophie. Mais on s’y est préparé. On essaie d’anticiper tout ce qui pourrait survenir."

"Tant que l’électronique fonctionnera à bord, on sera bon !", lâche Fanch, qui n’est pas un novice en matière de traversées. Il a déjà fait deux traversées Réunion-Madagascar à la rame, la deuxième avec Sophie, qui elle-même a bouclé par le passé une traversée Maurice-Réunion en kite.

Le couple installé depuis 2003 sur l’île pour Fanch, depuis quatorze ans pour Sophie, s’est donc déjà frotté aux éléments lors de périples extrêmes. "On s’est préparé physiquement à cette aventure avec un coach", souligne encore Sophie.

- "On a prévu de ramer chacun dix heures par jour" -

Car le périple ne sera pas de tout repos. Il faudra composer avec les éléments. "La première difficulté sera d’ordre météo, confie Fanch. A la rame, on sera tributaires des courants et des vents marins.

L’embarcation est solide, insubmersible. Elle fait entre 800 à 900kg à plein. Mais ce n’est ni un bateau à voile ni un bateau à moteur, où l’on peut tenir plus facilement un cap, remonter au vent."

Dans le cas présent, l’énergie sera la force de leurs bras. "On va se relayer, confie Sophie. Chaque jour, ce sera un effort long et endurant. On a prévu en moyenne de ramer dix heures par jour par personne."

Le reste du temps, ils tâcheront de se reposer tout en sondant la mer et ses déchets plastiques. C’est en effet l’autre volet de leur aventure. En contact avec une chercheuse, ils ont prévu de faire des observations et des relevés scientifiques pour elle.

"On va même tâcher d’adapter un filet à notre bateau pour récupérer ces déchets et permettre à notre amie chercheuse de les analyser dans un deuxième temps", souligne Fanch qui a fait attention avec Sophie à éviter la saison cyclonique. "On diminuera ainsi les risques de grosses tempêtes", dit-il avant de conclure.

"Traverser un océan, c’est incroyable dans notre esprit ! Le traverser à la rame, c’est encore plus dingue. Et ça suffirait à notre bonheur si on y parvenait."

Pour suivre leur traversée ce sera par ici.

fp/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Galves colette
Galves colette
8 mois

On vous suivra !!! C’est sûr !!!!!!avec vous de tout cœur