Environnement - Récifs de la Réunion

Le corail souffre du réchauffement climatique

  • Publié le 23 mars 2010 à 04:00

Après le thon rouge, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction) a " refusé ", ce dimanche 21 mars 2010 à Doha, d'apporter " sa protection aux coraux rouges ", utilisés depuis des millénaires par les bijoutiers, annonce l'AFP. Les coraux de la Réunion sont quant à eux inscrits depuis plus de 20 ans à la Convention de Washington et bénéficient à ce titre d'une étroite protection. Mireille Guillaume du Laboratoire d'écologie marine à l'Université de la Réunion et spécialiste du Muséum national d'histoire naturelle dresse un état des lieux des coraux tropicaux réunionnais " qui résistent tant bien que mal à la pression de l'urbanisation ", mais qui " souffrent de plus en plus de l'élévation de la température des océans ".

Tous les coraux durs sont inscrits à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, sauf la famille des coralliidae (ou Corallium), dits coraux rouges et roses que l'on trouve en Méditerranée et dans le Pacifique. "Le refus de cette proposition est logique. Concernant leur reproduction précoce, les prélèvements effectués à la main, leur distribution verticale dépassant les 700 m de profondeur, l'espèce n'est pas en danger et la Convention de Washington n'était pas la plus appropriée à mon sens. Une gestion des stocks serait plus adaptée, " analyse Mireille Guillaume du Laboratoire d'écologie marine de la Réunion.



Néanmoins, tous les coraux, qu'ils soient méditerranéens ou tropicaux, sont directement exposés à la menace climatique : " La hausse des températures et l'acidification des océans met réellement en danger les récifs, " insiste Mireille Guillaume. " Le corail est un animal mal armé contre les variations de son milieu, il est excessivement sensible. "



Les Scléractiniaires ou coraux durs de la Réunion vivent fixés sur les substrats durs et construisent ainsi les récifs frangeants de l'île (lagons). Si les coraux ne sont pas commercialisés, les récifs doivent faire face à plusieurs menaces : la surpêche des poissons, l'accroissement de la fréquentation des lagons, le piétinement, les nombreuses activités de loisirs ou de prélèvements, l'urbanisation croissante du littoral.



Les coraux de la Réunion doivent affronter un autre danger, celui du réchauffement climatique. Sous l'effet de facteurs de stress (pollution, augmentation de la température, de la teneur en CO2, baisse de la salinité...), les coraux peuvent perdre leur couleur, laissant transparaître leur squelette de calcaire blanc. Ce phénomène appelé blanchissement est dû, soit à la perte des pigments de la micro-algue vivant en symbiose (association) avec le corail, soit à l'expulsion de cette algue par le corail lui-même. " Il y a eu plusieurs vagues de blanchissement du corail à la Réunion, qui est désormais devenu récurrent. On suit de très près l'évolution de la situation. " Mais, tout n'est " pas si sombre ", nuance l'experte du Laboratoire. " Les coraux branchus en " corne de cerf " sont présents sur l'île. Aux Seychelles, ils ont quasiment disparu. Devant le déclin des récifs coralliens partout dans le monde, la Réunion ne s'en sort pas si mal. Les zones de sanctuaires créées avec la Réserve marine (née en 2007) ont un rôle essentiel à jouer pour l'avenir, " assure Mireille Guillaume. " Une aire marine protégée, sans pêche, permet un rééquilibre naturel avec le temps. Il nous faudra analyser l'impact de ces sanctuaires. "



Face aux incertitudes liées à la possible adaptation des coraux au changement climatique ou à de plus sombres perspectives, " les politiques sont au courant des variations climatiques en cours et à venir et de leurs conséquences, on ne peut plus fermer les yeux, " prévient la biologiste.

Annabelle Ovré pour
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