Abolition de l'esclavage

Le Département : le Gran 20 désanm célébré au musée de Villèle

  • Publié le 23 décembre 2022 à 12:14

La 5ème édition du Gran 20 désanm a eu lieu au musée de Villèle à Saint-Gilles les Hauts, des milliers de personnes étaient sur place pour la soirée du 19 décembre et la journée du 20 décembre pour profiter des expositions, du kabar et des découvertes du chantier archéologique. L'occasion de commémorer l'abolition de l'esclavage sur notre île, en présence des élus dont le Président du Département, Cyrille Melchior, le Préfet de La Réunion, Jérôme Filippini, Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, et de son directeur adjoint Pierre-Yves Bocquet, ainsi que les représentants du Mozambique et d'Afrique du Sud. (Crédit photo : Département de La Réunion)

Les festivités ont débuté devant la Chapelle Pointue avec un chant de la chorale formée par des personnes du quartier de Villèle sous la direction de Laurence Beaumarchais. Puis c'est au son de plusieurs gongs, symboles de paix, et de la voix de Nicole Dambreville qui a chanté "Mafate" que Cyrille Melchior et ses invités ont retiré les colliers d'esclaves des " Trois Frères Marrons"? qu'ils ont remplacé par d'originaux colliers de fleurs fabriqués par l'artiste Sanjee Paleatchy.

« Il faut transmettre l’histoire avec confiance. Il faut la transcender. A partir d’une période trouble, d’une période violente, la société réunionnaise s’est construite dans la paix aujourd’hui. Nous avons un devoir de mémoire pour que plus jamais la violence de l’esclavage ne puisse être pratiquée à La Réunion et dans n’importe quel pays au monde. Nous voulons défendre les valeurs de liberté. Le Département commémore cette abomination en y associant les gens du quartier, les artistes, la population… C’est cela la commémoration, l’union de toutes les personnes qui vivent en défendant cette grande valeur de liberté ! », a déclaré Cyrille Melchior, président du Département.

"A l'occasion de sa venue sur l'île pour les célébrations du Gran 20 desanm, Jean-Marc Ayrault, Président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, a eu le plaisir de visiter le Lazaret de La Grande Chaloupe, équipement culturel départemental, et a pu constater le travail mené depuis de nombreuses années pour la valorisation et la diffusion de l'histoire de la quarantaine et de l'engagisme."

« Nous oublions trop souvent que dans l’océan Indien l’esclavage a aussi existé à une échelle tout aussi importante que dans des régions comme les Antilles ou la Guyane. Il y a une forme de réparation à faire, une injustice à corriger par rapport à cette période.  C’est fondamental que les livres scolaires relatent cette période difficile. La France a fait une grande avancée avec la Loi Taubira votée en 2001 qui reconnaît l’esclavage comme crime contre l’humanité. Dans cette loi, est inscrite l’obligation d’enseigner cette période de l’esclavage dans les écoles et c’est très important ! Il y a aussi la question de la recherche qui est primordiale. Nous sommes ici à Villèle et les fouilles archéologiques permettent de retrouver des traces et de faire connaître au grand public cette histoire douloureuse et tragique qui fut aussi une histoire de résistance et  de marronage. », a souligné Jean Marc Ayrault, Président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

Libération du Kan

Dans le kan fabriqué suivant les techniques traditionnelles sous la direction de l’association Kan Villèle, c’est par la lecture de textes déclamés par Didier Ibao et Lolita Tergemina que la visite s’est poursuivie. Après une démonstration de moringue, des dégustations de gato lontan (confiture manioc, patate, ti son...) ont été proposées.

 L’exposition Edmond Albius

En face des mappings, réalisés par Frédéric Brun-Picard en hommage à Edmond Albius et à l'invité sud-africain,  le Président Cyrille Melchior et des enfants du quartier de Villèle ont dévoilé l’exposition « Edmond » conçue par les Archives Départementales et le Musée de Villèle. Une exposition par ailleurs accessible en 4 langues (français, anglais, portugais et créole réunionnais) sur le portail Esclavage Réunion.

1er chantier archéologique

C’est l’un des temps forts de la célébration du 20 désanm pour le Département. La vaste opération de réhabilitation et de construction programmée sur le site nécessite au préalable un diagnostic archéologique. Tous les visiteurs ont pu s'informer du contenu de ces fouilles et des premières "découvertes".

Fleurissement du mémorial aux esclaves

Le fleurissement du mémorial dédié aux esclaves est un temps protocolaire qui fait aussi l’objet d’une belle appropriation populaire. Très nombreux ont été les visiteurs à avoir déposer une fleur sur ces noms d’esclaves gravés dans l’ancien hôpital des esclaves.

Le Gran 20 désanm

Pour valoriser les héritages issus de l’histoire de l’esclavage, le Département de La Réunion a présenté au cours de ce Gran 20 désanm, l’exposition et danse « Rant dann ron, maloya pan ou la fé »,   travaux issus de la résidence au musée du photographe Jean-Marc Grenier.

Le Gran 20 désanm a aussi été l’occasion d'évoquer la période du colonat, une forme d’exploitation agricole qui a existé après 1848 jusqu’en 2010. Ce travail de collecte de la mémoire vivante soutenu par le musée de Villèle est porté par l’association Kan Villèle. Une quinzaine de témoignages d’acteurs directs de la période du colonat a commencé à être  recueillie.

Le kabar pou dansé et pou mangé

Comme chaque année, les milliers de visiteurs ont pu goûter gratuitement à la cuisine lontan grâce aux associations de quartier qui ont préparé jus de canne, jus de tamarin, sosso maïs, ravages…avec une nouveauté 2022, un vilaz manzé, conçu suivant des technique de développement durable et qui a conquis le public.

Les festivités qui se sont achevées tard dans la nuit avec le Kabar podium et le kabar connecté du groupe Destyn Maloya qui était accompagné du groupe malgache Ansta Sakalava.  Du maloya traditionnel énergique et puissant qui pendant deux heures a fait raisonner comme leurs ancêtres au même endroit le maloya, le blues des esclaves qui chantaient leur souffrance et leur soif de liberté !

Le groupe de Gramoun Sello est aussi passé et le 20 c'est Tikok Vellaye qui a menée la danse.

Les enfants ont pris toute leur part dans ce Gran 20 Désanm : un podium Marmay maloya a accueilli des enfants de Cilaos, de St-Paul et du Tampon, et 200 autres ont fabriqué des cerfs-volants dédiés à Anchaing, Dimitile...

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