L'équilibre était difficile à conserver et il ne l'a pas été : à La Réunion, comme en métropole, les grands groupes de distribution ont largement dépassé les petits magasins de proximité. Une logique de concentration est à l'oeuvre et la réglementation visant à protéger une forme de commerce à taille humaine n'a pas atteint ses objectifs.
Ă€ La RĂ©union, le phĂ©nomène a Ă©tĂ© particulièrement rapide et tend encore Ăs'accĂ©lĂ©rer : les grands groupes commerciaux de pĂ©riphĂ©rie se multiplient et font de l'ombre aux petites surfaces des centres villes. Mercredi 6 dĂ©cembre 2006, la chambre de commerce et d'industrie de La RĂ©union proposait ses mesures " pour un dĂ©veloppement Ă©quilibrĂ© et durable " mais dressait dĂ©jĂ un constat quelque peu amer : la rĂ©glementation mise en place pour tenter de prĂ©server une forme d'Ă©quilibre entre les diffĂ©rentes formes de distribution n'a pas atteint ses objectifs. Les centres commerciaux de pĂ©riphĂ©rie sont de plus en plus grands, attractifs et complets et, contre eux, les commerces de proximitĂ© ont du mal Ă lutter. Ils sont d'ailleurs incitĂ©s Ă grossir pour ne pas disparaĂ®tre. Un phĂ©nomène liĂ© Ă la combinaison des logiques des acteurs de l'amĂ©nagement avec celle des grands groupes qui paraĂ®t inĂ©luctable.
Ne pas bloquer toute dynamique
" Le Schéma de Développement Commercial, initié pour guider les choix des décideurs n'a jamais été évoqué en CDEC. L'Office Départemental d'Equipement Commercial est en panne - ou en sommeil volontaire, et ne peut jouer son rôle de régulation ", explique-t-on à la CCI. La réglementation serait-elle impuissante et ce phénomène économique irrestible? En tout cas, les élus de la CCI ont tenté de réduire le volume annuel des nouvelles autorisations. Du coup, l'année 2005 a connu un net recul des autorisations délivrées par rapport à 2004 et 2006 devrait également rester sur cette tendance ralentie. A terme, la CCI souhaite fixer un plafond annuel autour de 25.000 m_ par an pour ne pas, non plus, " bloquer toute dynamique ". Il apparaît par ailleurs que dans une île comme La Réunion, la probabilité d'une concentration excessive exige l'existence d'une loi anti-trust. L'amélioration et l'extension de l'article 56 de la loi de programme pour l'Outre-Mer qui fixe à 25% le seuil maximum que peut détenir un même groupe ou une même enseigne dans la distribution alimentaire pourrait jouer ce rôle.