Biosécurité

Nettoyer ses chaussures en randonnant pour lutter contre les plantes invasives

  • Publié le 4 mai 2023 à 16:40
  • Actualisé le 4 mai 2023 à 16:46

Les espèces exotiques envahissantes végétales, ou plantes invasives, sont la principale menace pour la biodiversité des îles comme La Réunion. Avec le mécénat de la Fondation Groupe EDF, le Parc national de La Réunion dote le territoire d’un nouvel outil pour lutter contre ce danger : les stations de biosécurité. Ce jeudi 4 mai 2023, s'est tenu l'inauguration d'un de ces dispositifs sur le site de Mare-Longue située sur la commune de Saint-Philippe. Nous publions ci-dessous le communiqué du Parc National de La Réunion. (Photos : Parc National de La Réunion)

Mis en place sur les sentiers en cœur de Parc national, ce dispositif vise à limiter la dispersion de graines d’invasives dans des espaces naturels encore bien préservés et surtout à sensibiliser le public sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité. Après une première phase d’études et de prototypes, l’expérimentation prend de l’ampleur en 2023.

- De nombreux passages suseptibles de contenir des graines -

En 2022, les éco-compteurs situés sur les sentiers de l’île ont comptabilisé plus d’1,5 million de passages en cœur de parc national. Or, les usagers des sentiers contribuent à la propagation des invasives, le plus souvent sans le savoir. Des études ont montré qu’ils transportaient en moyenne 10 grammes de terre par passage, susceptible de contenir des graines d’espèces d’exotiques envahissantes. Traileurs et randonneurs sont donc des acteurs privilégiés dans la lutte contre les exotiques envahissantes.

En moins de 20 secondes, ces mobiliers très simples d’utilisation, permettent à l’usager de taper et/ou brosser ses chaussures pour en débarrasser la terre pouvant contenir des graines d’espèces exotiques envahissantes. La terre potentiellement contaminée tombe ainsi dans un bac de rétention situé sous la station, évitant que l’usager ne transporte involontairement des graines indésirables dans un milieu préservé.

En 2023, quatre nouvelles stations de biosécurité vont être installées sur les sentiers de l’île, sur des sites stratégiques en termes de fréquentation et de conservation. Les milieux sélectionnés pour la localisation des stations sont tous exceptionnels, et se trouvent à la frontière entre milieux envahis et milieux préservés. Le choix des emplacements s’est appuyé sur des études menées par le Parc national et ses partenaires, afin de cartographier l’état d’invasion des différents sites de l’île et de prioriser les actions de préservation.

Les stations ont été conçues par le Parc national de La Réunion, en collaboration avec l’ONF qui a assuré la construction des dispositifs. Au-delà du recueil de terre potentiellement contaminée, ces stations de biosécurité sont aussi et surtout un outil de sensibilisation important à destination des randonneurs.

Chaque station est en effet accompagnées d’un panneau à visée pédagogique, expliquant à la fois pourquoi et comment l’utiliser. Le Parc national a aussi créé une page dédiée sur son site internet pour informer le randonneur et lui donner des conseils pour aller plus loin dans la biosécurité. Ce site a vocation à évoluer pour prendre en compte les résultats de l’expérimentation en cours. Ainsi informé, le randonneur est invité à devenir lui-même acteur de la lutte, afin de préserver la biodiversité et les paysages remarquables qu’il est venu admirer.

Les stations de biosécurité sont donc des outils concrets et immédiats de lutte contre les plantes invasives, accessibles à tous. En communiquant sur ce projet et ses résultats, et en plaçant les randonneurs au cœur de l’action, le Parc national espère éveiller les consciences autours des enjeux liés aux plantes invasives, et favoriser les comportements adaptés auprès des visiteurs du Parc. En effet, chacun peut agir, quelque soit le sentier emprunté. En l’absence de station, un brossage minutieux des chaussures avant de quitter l’habitation est un geste utile à encourager.
 
Un bilan annuel est prévu pour l’ensemble des 4 stations, afin de poursuivre l’amélioration de l’outil et d’établir des perspectives à long terme. Il devrait permettre d’évaluer l’efficacité des stations pour retenir les graines transportées par les randonneurs, d’évaluer l’appropriation du dispositif par les randonneurs et d’établir le coût réel de fonctionnement du dispositifs.

 

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