Depuis la fin du mois de septembre, les producteurs d’ail de La Réunion s'affairent sur leurs parcelles. Il leur a fallu plusieurs mois de labeur avant de fournir ce condiment incontournable des assiettes et des kari péi. Les agriculteurs réunionnais produisent plusieurs tonnes par an, mais l’ail importé a un tonnage bien plus important (Photo d'illustration : rb/www.imazpress.com)
2022 est un bon cru pour l’ail de La Réunion «La qualité est plutôt bonne. Une grande majorité des producteurs d’ail a su maîtriser techniquement la production de cette saison, contrairement à d’autres années», indique Alexandre Hoarau, technicien en maraîchage et spécialisé sur l’ail à la Chambre d’agriculture . Cela s’explique par la bonne maîtrise des techniques de plantation des producteurs. L’ail a eu les semences et la matière organique dont il avait besoin pour bien pousser. Et puis, en 2022, la météo n’a pas perturbé la production», poursuit le technicien.
La trentaine de producteurs locaux cultivent principalement deux variétés. Il s’agit de l’ail gros bleu et l’ail vacoa. Le berceau même de la culture de l’ail péi se situe du côté de la Petite-Île en raison de son climat idéal. Ces variétés se cultivent également dans l’ouest ou encore à Cilaos. Cette année, les planteurs prévoient une production de 130 à 140 tonnes d’ail péi. Un tonnage inchangé depuis quelques années .
Alexandre Hoarau précise que d’autres variétés d’ail sont cultivées à La Réunion. Il s'agit del’ail du cap et l’ail ti rouge. «Ces variétés ne sont pas forcément commercialisées en grande quantité, mais sont produites sur certaines terres familiales pour qu’elles continuent d’exister», appuie-t-il.
Les semences sont plantées fin avril, début mai. Comme le veut la tradition, la plantation se fait durant la semaine sainte. Ce qui, selon la croyance, garantirait une bonne production. La récolte se fait entre fin septembre, début octobre, il est temps de récolter la production.
L'ail péi prend ensuite la direction des marchés et notamment de la fête de l’ail à la Petite-île qui se tient généralement en période de récolte. "Chaque année, 15 tonnes d’ail sont vendues par nos producteurs sur le site de la fête. Cette année 22 producteurs, contre 14 en 2021, ont proposé leurs produits à la vente », se réjouit John Corré, adjoint au maire de la Petite-Île, en charge de l’animation.
L'élu municipal et le technicien de la Chambre s’accordent à dire que « l’ail péi est toujours autant apprécié par les consommateurs ».
– Rotation des plantations –
Pour être certains d'obtenir une bonne récolte un certain nombre de conditions doivent être respectées. «On ne peut pas planter n’importe où. Il faut faire une rotation des cultures. Le producteur ne peut pas planter au même endroit tous les ans. Il faut qu’il le fasse ailleurs, sur une autre partie de ses terres. Il ne peut revenir sur la parcelle d’origine, où l’ail a été planté la première fois, que tous les 7 ans. Sans ces rotations, il peut y avoir des risques de maladie et un développement de bactéries sur la production. On aura très peu ou pas de rendement du tout. Il y a 10 ans, certains producteurs ont fait cette erreur et ils ont perdu toute leur récolte », affirme Alexandre Hoarau.
- A propos d'autosuffisance -
La question de l’autosuffisance se pose aussi face à la production locale très appréciée des consommateurs. Chaque année 1.500 tonnes d’ail sont importées principalement de Chine. Cette importation complète les 130 à 150 tonnes produites localement. « Nous n’avons pas encore la capacité à être autosuffisant en ail et ce n’est pas non plus notre objectif" note Alexandre Hoarau. "Nous n’avons pas les surfaces, ni les moyens nécessaires pour arriver à une autosuffisance. Cette culture demande beaucoup de main-d’œuvre, de l’entretien et de la surveillance, sans compter les aléas météorologiques», énumère le technicien.
"La culture de l’ail péi reste un marché d’exception" dit-il en précisant "il faut compter un investissement moyen de 5.000 euros pour une culture de 0.5 hectare d'ail"
Ce coût de production combiné aux augmentations du tarif des intrants, l'engrais notamment, en raison de la guerre en Ukraine, ont fait grimper les prix pour les consommateurs. «Nous avons 5.000 m2 d’ail gros bleu. Le prix des intrants a triplé. Nous ne pouvons pas faire autrement que notre ail entre 20 à 25 euros le kilo contre 14 euros en 2021» témoigne Isabelle Grondin, agricultrice de Saint-Joseph.
Bonne nouvelle, l'ail péi est très parfumée, il n'est donc pas nécessaire d'en mettre beaucoup dans les kari. Ce qui est aussi source d'économie.
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