Un phénomène inquiétant

Saint-Denis : des cadavres de chiens découverts dans un squat, les associations alertent sur les tortures infligées aux animaux

  • Publié le 23 août 2024 à 10:57
  • Actualisé le 23 août 2024 à 12:19

Le phénomène inquiète, et semble prendre de l'ampleur : à Saint-Denis, mais aussi dans l'Est, des squats se retrouvent être le théâtre de tortures sur des chiens. Lundi 19 août 2024, la mairie de Saint-Denis a été alertée pour des suspicions de sévices dans un immeuble désaffecté de Saint-François. Un cas parmi tant d'autres, malheureusement. Les associations de protection animale réclament plus de moyens pour agir (Photo d'illustration www.imazpress.com)

Signalé par l'association Apeba, engagée farouchement pour la protection des animaux, la mairie de Saint-Denis s'est rendue sur les lieux accompagnée de la police municipale et nationale.

Si dans un premier temps, ils n'ont pas pu accéder au bâtiment verrouillé, ils sont revenus sur place ce mercredi après avoir reçu l'autorisation pour constater la situation

C'est dans les Jardins de Bourbon, un immeuble abandonné appartenant à la société liquidée Apavou, que ces actes de tortures pourraient avoir été perpétrés.

Sur place : des outils, des cadavres de chiens, des matelas laissant penser à un squat, des excréments canins mais aussi humains. Aucun chien vivant n'a été retrouvé sur place.

Personne n'a été interpellé dans cette affaire, mais d'après les dires du voisinage et des associations, des mineurs viendraient régulièrement sur place.

"S'il y a des enfants dans cette dynamique, ce sont avant tout des personnes protégées. Il y a des éléments qui peuvent compromettre la sécurité sur place, notamment des plafonds qui peuvent s'effondrer, de la végétation, une piscine encore remplie…" détaille David Charlot, directeur de la police municipale de Saint-Denis.

"Dès lundi la maire a pris le dossier à bras le corps, les services de la ville se sont mobilisés pour constater et faire un signalement auprès du parquet" précise-t-il.



La question des tortures sur animaux pourrait désormais mener à la création d'un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) spécifique pour "trouver des solutions de traitement de ce type d'agissements".

"Il y a aussi un Groupement de partenariats opérationnels (GPO), géré par la police nationale, pour lutter contre ce phénomène de maltraitance animale" précise David Charlot.

Une requête auprès du président du Tribunal administratif pour désigner un expert pour sécuriser les lieux va être faite, ajoute Maître Guillaume Chastenet de Géry, avocat de la ville.

"Des actions sont entreprises dans les quartiers pour retrouver les auteurs d’infractions" précise-t-il. "La maire de Saint-Denis est informée de ces actes de tortures présumés et un signalement à la procureure va être fait. On doit désormais envisager les suites à donner" explique-t-il.

- Manque de moyens -

Pour les associations, s'il y a un sursaut face à ce problème dont les premiers signalements remontent à 2016, les moyens manquent. Ce phénomène n'étant plus isolé.

"C'est bien de réagir et de montrer que les immeubles abandonnés doivent être murés pour empêcher les jeunes d'y pénétrer. Il n'y a pas que les Jardins de Bourbons qui sont concernés" rappelle Cécile Squarzoni, présidente d'Apeba.

"Mais il ne faut pas oublier le manque de moyens : ces tortures elles sont réalisées la nuit, la police nationale ne peut pas surveiller régulièrement" déplore-t-elle. "Il n'y pas d'interpellations, et donc ça continue, notamment dans les ravines."

Ce qui inquiète d'autant plus, c'est que beaucoup de ces tortures sont réalisées par des enfants. "Comment vont-ils grandir, ces jeunes ?" s'interroge-t-elle. "Ces enfants sont complètement désœuvrés, à l'abandon, c'est un cercle infernal" martèle-t-elle.

Elle réclame des interventions dans les écoles des quartiers les plus touchés, des actions pédagogiques, des médiations au sein des familles. "Ca fait un an qu'on intervient à la Chaumière par exemple, et on note une amélioration. Il faut pouvoir généraliser ces actions mais on n'a pas les moyens" estime l'association.

La présidente de l'association interpelle le rectorat pour se mobiliser au maximum. "Il commence à s'emparer du sujet, mais ça reste au bon vouloir des enseignants, et pourtant c'est là qu'il faut intervenir" estime-t-il.

L'Apeba propose par ailleurs une enveloppe dédiée à cette lutte. "Il faut des moyens pour surveiller ces jeunes la nuit, la police ne peut pas gérer ces violences, les violences intrafamiliales, les trafics de drogue et les accidents avec deux patrouilles" souligne-t-elle.

La préfecture, sous l'impulsion de Jérôme Filippini, a fait de la lutte contre les violences animales une priorité. "On voit les effets : les forces de l'ordre travaillent en véritable collaboration avec nous. Mais ce qui manque, ce sont les peines" s'indigne Cécile Squarzoni. "Quand on sauve des chiens, les affaires sont classées sans suite parce qu'on les a sauvés, c'est inadmissible", cite-t-elle en exemple.

Les associations dénoncent un réel manque de réaction de la justice. "Nous avons suivi le dossier d'une chienne morte de faim. L'auteur a été condamné à 500 euros d'amende. Ce n'est pas dissuasif" dénonce Cécile Squarzoni.

L'association réclame désormais un "budget afin d'avoir un poste à temps plein car on traite 60% de la maltraitance animale sur l'île".

Depuis le début de l'année, 60 chiens ont été sauvés de squats. Soit autant que pour toute l'année 2023.

- 1.300 signalements entre 2022 et 2024 -

À La Réunion, selon les chiffres de l'association Apeba, 1.300 signalements de maltraitance animale ont été reçus entre 2022 et 2024.

Des signalements qui ont explosé au fur et à mesure des années puisqu'en 2021, Apeba recensait 67 signalements contre 622 en 2023.

500 animaux ont été sortis de maltraitance ou ont vu leurs conditions de vie améliorées.

La majorité des animaux étant des chiens (1.062 animaux) et chats (68 félins). Mais il se peut que l'association vienne en aide à des chevaux, chèvres,  volailles, vaches ou autres espèces.

À savoir que l'association traite entre 50 et 70% des signalements sans les forces de l'ordre.

Selon les chiffres de la préfecture, les sévices graves ou actes de cruauté envers un animal domestique apprivoisé ou captif ayant entraîné la mort ont augmenté de 127% en 2023.

En 2024, ce sont neuf animaux qui sont morts des suites de cas de maltraitance - en squat ou chez des particuliers.

Dans l'Hexagone, selon les derniers chiffres de 2021, "les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré 12.000 infractions visant des animaux domestiques", précise le ministère de l'Intérieur sur son site.

Une rencontre est prévue ce vendredi entre le préfet et Cécile Squarzoni pour aborder toutes problématiques.

Lire aussi : Maltraitance animale : le 3677, un nouveau numéro de signalement peu adapté à La Réunion

as/www.imazpress.com/ redac@ipreunion.com

guest
8 Commentaires
Clain
Clain
4 mois

Areteksa

Anne
Anne
4 mois

Cécile a parfaitement raison mais au niveau de la police il y a de graves dysfonctionnements:
Comment peut t on dire qu il y a plus de 100 fonctionnaires de police dans un commissariat et que la nuit (parfois même le jour)il n y a parfois qu une patrouille dehors .Hallucinant

Basile
Basile
4 mois

Nos pandore sont sur la trace des tortionnaires depuis des années. Ils n'ont rien trouvé !
Manque de flair !

Jdido
Jdido
4 mois

Des futurs psychopathes

Clara
Clara
4 mois

... il faudrait déjà que tous les proprio de chiens divaguants soient sévèrement amendés . Un chien c pas ds la rue le matin qd on part au taf ou pas . Un chien c ds son jardin sa cour avec le portail FERMÉ . Mr le préfet , vous devriez vous pencher à mort sur ce sujet

ZembroKaf
ZembroKaf
4 mois

Mme vos actions et signalement sont louables !!! vous demandez à l'éducation nationale de faire de la sensibilisation dans les écoles .... alors que certains responsables d'établissements regardent "ailleurs" pour les signalements de l'harcèlement "à l'école" !!!
Les peines de maltraitance animale doivent être "persuasives" financièrement avec des peines de prison !!!

HULK
HULK
4 mois

Toujours plus de moyens. Mais s'il y avait plus de sanctions adaptées, ce serait mieux. Toujours dépenser plus pour des résultats nuls, comme d'habitude.

marius
marius
4 mois

si on veut régler le problème on peut mais veux t on vraiment le faire c'est le pas de vague qui commande