Tribune libre de Perceval Gaillard

Courrier à la Ministre de l'Agriculture sur les herbicides

  • Publié le 24 janvier 2025 à 14:42
  • Actualisé le 24 janvier 2025 à 14:45

Dans une étude récente, l'association Générations Futures a rappelé ce que nous savons malheureusement depuis fort longtemps : La Réunion est le plus gros utilisateur de glyphosate de France, rapporté à la Surface Agricole Utile, très loin devant les autres départements ultramarins. (Photo : www.imazpress.com)

Le constat est le même pour le “2.4-d”, Acide 2,4-dichlorophénoxyacétique, un produit utilisé comme pesticide depuis les années 1940. Avec une quantité de 16,3 tonnes achetées, soit 0,42 kg/ha si l’on rapporte à la Surface Agricole Utile, l’île est le département qui en consomme le plus de tout le pays.

Face à cette situation et aux risques importants que cela fait courir tant pour la santé des agriculteurs et agricultrices que pour les riverains et l'ensemble de la population, j'attire votre attention sur les alternatives possibles à l'utilisation massive des pesticides.

Ainsi, à La Réunion le projet CanecoH (2012–2018) a proposé des systèmes de culture canniers innovants assurant une protection suffisante des champs contre les adventices et la rentabilité des exploitations tout en garantissant les rendements.

L’objectif de réduire de 50% l’usage des herbicides de synthèse par des stratégies de gestion de l’enherbement coconstruites avec les acteurs a conduit à des expérimentations concluantes sur plusieurs sites dans des conditions différentes :

• Couvert végétal (avec crotalaire ou voème-vigna) entre deux cycles de canne à Sainte-Suzanne ;

• Désherbage mécanique de l’inter-rang à Saint-Joseph ;

• Plante de services (pois de sabre) intercalaire à Sainte-Marie.

L’expérimentation est poursuivie dans le cadre du projet Canecoh 2. Celui-ci expérimente et teste sur l’île de La Réunion des pratiques de désherbage alternatif visant à réduire l’IFT de 75 %.

Le projet sera basé sur la reconception des systèmes canniers, en concertation avec des planteurs. Un système « zéro herbicide » sera également testé et évalué.

Parmi les leviers testés, on peut citer l’utilisation de mélanges d’herbicides à doses réduites, le désherbage mécanique avec travail du sol (outils à disques ou à dents) ou sans travail du sol (fauche, aérofaneur de paille), la mise en œuvre de variétés à vitesse de croissance importante et forte biomasse, l’optimisation de la gestion de la paille (épaillage, répartition en repousse, quantité, apport en plantation) et l’utilisation de plantes de services sur les inter rangs de la canne mais aussi entre deux cycles de culture.

Au-regard de ces expériences innovantes concluantes et du danger pour la santé publique que représente l’utilisation massive des pesticides, je sollicite un entretien avec vous afin d'aborder, en concertation avec l'ensemble des acteurs du secteur, les solutions rapides et concrètes à mettre en œuvre pour protéger notre population.

Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l'expression de ma haute considération.

Perceval Gaillard, député de La Réunion

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1 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
1 mois

La ministre s'en fiche. Elle a les moyens de manger bio et elle ne paie même pas ses repas.
Pour la droite, si les Réunionnais meurent empoisonnés, ça fera toujours baisser les stats du chômage.
Donc ils laissent faire. De plus, ils ne vont pas se fâcher avec la FNSEA empoisonneuse qui les soutient.