La situation critique que connaît le département de Mayotte a été davantage révélée lors du passage du cyclone Chido, qui a agi comme un catalyseur. Le destin lié de nos deux îles - Mayotte et La Réunion - et les débats qui se sont déroulés autour de la récente loi d’urgence pour la reconstruction de Mayotte m’ont conduite à y effectuer un déplacement. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
J’ai pu visiter le Centre Pénitentiaire de Majicavo. Je remercie le Directeur du Centre Pénitentiaire, Monsieur Méril Binkoumina qui m’a présentée l’établissement. Avec une capacité d’accueil de 278 places, le centre fait face à une surpopulation alarmante, accueillant actuellement 622 détenus. Cette surpopulation entraîne une usure extrême du bâtiment et de ses équipements. Les conditions de vie des détenus sont particulièrement difficiles.
Il faut aussi s’interroger sur la réalité et la qualité de l’entretien et de la maintenance des locaux.
En outre, alors que 65% des détenus ont entre 18-21 ans, l’établissement affiche un manque criant en matière d’insertion pour les détenus. Certes ces espaces existent dans l’établissement, mais aucun concessionnaire ne s’y investit. Cette visite m’a permise de mesurer combien il est urgent de doter Mayotte d’un second établissement pénitentiaire. En outre, j’interpelle le gouvernement sur la nécessité d’agir au plus vite afin d’activer des travaux d’entretien et de remise en état indispensables au respect de la dignité humaine. Je rappelle qu’un établissement carcéral est à la fois un lieu d’incarcération mais aussi un espace de travail pour un personnel assurant une mission de service public pour la sécurité de la population.
Au cours de mon déplacement, je me suis rendue à l'Académie de Mayotte. Mes échanges avec le directeur de cabinet du Recteur, Monsieur Benjamin Lazard-Peillon, et l'inspecteur général, Monsieur Ollivier Hunault, ainsi que leur collaborateurs, m’ont permise de constater les difficultés auxquelles font face les personnels pour assurer le service public de l’école. Entre les crises sociales, les crises de l’eau et les écoles détruites, l’accueil des élèves et la continuité des apprentissages sont des défis quotidiens.
Je remercie les équipes de l’académie de Mayotte et de la circonscription de Kawéni, qui ont organisé une visite dans cette cité scolaire hors norme.
En tant que professeure des écoles, j’ai éprouvé une émotion singulière devant les ruines de l’école maternelle T6, qui, après avoir résisté à Chido a été totalement saccagée et brûlée. J’ai vu des enseignants et des élèves qui font preuve d’une grande résilience pour tirer le meilleur profit du temps passé à l’école. J’ai constaté la solidarité, l’implication et l’engagement des équipes pédagogiques et des parents protégeant l’école ainsi que les valeurs républicaines et humanistes qu’elle porte. Enfin, j’ai été saisie par une alerte poignante des professionnels qui témoignent: « Ils ont faim. Nos élèves ont faim. Ça c’est très dur... » Or, le droit à l’alimentation est un droit humain, droit fondamental rappelé dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, pourtant ratifié par la France.
L’Etat se doit d’investir massivement pour l’école à Mayotte, afin d’être enfin à la hauteur du professionnalisme et de l’engagement de toute la communauté éducative mahoraise.
La prochaine loi de programmation pour Mayotte soulèvera de nombreux débats. Je serai attentive à ce que ce texte ouvre la voie d’un développement durable pour Mayotte. Notre ambition commune est bien de hisser nos deux îles vers une intégration et un rayonnement régionaux capables de répondre aux besoins de nos territoires.
Conseillère régionale
Membre de la délégation
sénatoriale aux Outre-mer
...et la maîtrise de l'accord du participe passé, où est-elle passée ?
... il m'a présenté l'établissement
.... cette visite m'a permis...