Conjoncture économique et Sociale de la Réunion

Le moral revient

  • Publié le 24 octobre 2009 à 02:00

Le bilan d'une étude sur l'état de la conjoncture économique et sociale de la Réunion en ce 3e trimestre 2009, réalisée tous les trimestres par la société de sondage IPSOS Océan Indien, a été rendu public ce vendredi 23 octobre 2009. Pas moins de 2250 réunionnais et 400 chefs d'entreprises ont été interrogés par téléphone. Comme en métropole, la confiance revient depuis 2 trimestres, mais elle demeure loin des moyennes observées avant la crise de 2007.

Le moral et la confiance des consommateurs et chefs d'entreprises avaient déjà connu un rebond au 2e trimestre 2009. Un sursaut qui se confirme au 3e trimestre puisque les indicateurs gagnent 10 points. Pour la première fois depuis 2007, une majorité de chefs d'entreprise considère que leur activité pourrait s'améliorer. Pour autant, le pessimisme, de mise depuis la crise, demeure prégnant : 60% des chefs d'entreprise de l'île se disent inquiets pour l'avenir. Pour sortir de cette crise, les personnes interrogées ont déclaré n'avoir confiance qu'en eux et leurs proches. Ni les hommes politiques locaux ou nationaux, ni les institutions, ni même le Cospar n'inspirent plus confiance.

"La consommation devrait légèrement repartir, mais la crise n'est pas résolue", analyse Jean-Paul Brouchot, directeur d'IPSOS Océan Indien. D'ailleurs, les chefs d'entreprises dans le BTP ou le bricolage sont encore loin de percevoir cette reprise. "Quelques secteurs sont, en effet, particulièrement touchés. Mais même ces entrepreneurs anticipent une meilleure fin d'année que ce qu'ils imaginaient, il y a quelques mois" précise Jean-Paul Brouchot.

Cette reprise ne bénéficie pas à tout le monde : 38% des réunionnais vivent avec le minimum, soit 15% de plus qu'avant la crise. " Le fossé se creuse entre la classe sociale la plus aisée et les plus pauvres", regrette le directeur de l'étude

Du côté des consommateurs, "la situation sociale bouillonne", précise l'analyste. Parmi les trois principaux facteurs d'inquiétude, le chômage, en tête du classement, a été cité par 80% des réunionnais. Suit le logement, qui inquiète la moitié de la population et enfin l'exclusion et la pauvreté sont rentrés sur la troisième marche du podium depuis un an, cités par 30% des personnes interrogées en ce 3e trimestre 2009.

Un questionnaire "indicateur de la cocotte-minute réunionnaise", concernant le potentiel de mobilisation sociale, confirme l'amélioration du moral des consommateurs mais n'enlève rien à la fragilité de la paix sociale latente depuis la crise économique. A la question : seriez vous prêt à soutenir ou à participer à une mobilisation sociale : une baisse de 3 points en ce troisième trimestre 2009 est à noter. Mais cela représente toujours 5 points de plus qu'il y a un an. " Les risques de mobilisation sont davantage internes aux entreprises, c'est-à-dire spécifiques à un secteur, que ceux d'un soulèvement massif de la population", précise le directeur d'IPSOS Océan Indien.

Cette étude réalisée tous les trimestres depuis plusieurs années s'intéresse aux dépenses des consommateurs dans 15 secteurs précis parmis lesquels l'alimentation, les vêtements, la santé, l'entretien de la maison et bien d'autres. Tous les indicateurs étaient négatifs l'année dernière et tous ont repris environ 5 points. L'alimentation notamment reprends avec le plus de vigueur, même si les dépenses en ce domaine demeure moindre par rapport à la période qui précède la crise. 1 réunionnais sur 5 déclare encore beaucoup se priver soit 15 à 20% de plus qu'avant la crise.

Signe du moral et de la confiance qui reprend toutefois : les dépenses en cas de fête ont gagné 10 points (bilan 3e trimestre : avec vacances) dont 7 points pour les petits cadeaux et plaisir. Il est à noter que le secteur du TIC (Technologies, informations et communication) progresse au détriment d'autres secteurs. Les réunionnais sont moins prêts à réduire ces dépenses pourtant quasiment incompressibles tel que l'abonnement d'un téléphone portable par exemple.

Autre élément, inédit, l'achat en centre ville, traditionnellement peu attractif du fait du manque de disponibilités horaires des commerçants ainsi que du peu de places de parking, gagne 4 points en ce 3e trimestre. "C'est fort probablement l'effet solde" analyse Jean-Paul Brouchot.

En revanche, les vacances pâtissent de la crise. En cette période de congés, les enquêteurs ont réalisé un petit focus sur les dépenses relatives à cette période. Résultat, un réunionnais sur 5 dit réduire ses dépenses vacancières, soit 10% de plus qu'avant la crise.


Le directeur de l'enquête tente également d'anticiper sur ce qui va se passer d'ici la fin de l'année. " Il existe un potentiel de pouvoir d'achat non négligeable avec la prime obtenue par le Cospar ainsi qu'avec la nouvelle mesure du RSTA. Néanmoins, le chômage reste en nette augmentation, les CDD tendent à disparaître et les inquiétudes quant à l'avenir s'amplifient en conséquences." Globalement, le moteur de reprise n'est pas encore installé. Les consommateurs ont seulement adopté de nouveaux comportements. Ils maîtrisent plus leur pouvoir d'achat en portant une attention accrue aux prix des produits, en partant à la chasse aux promotions, en préférant les marques d'enseignes etc.

Dans le secteur du BTP, en métropole les investissements dans l'immobilier neuf reprennent un peu tandis qu'à la Réunion le décret d'application de la loi Scellier se fait attendre, ralentissant un potentiel effet de reprise. La loi Scellier confère des avantages pour les investissements dans des logements sociaux.

Tous les experts ne s'accordent pas sur la forme que pourrait prendre la reprise. Aujourd'hui l'hypothèse la plus forte semble celle d'une reprise en W. "On sent que ça va mieux mais on s'attend à une rechute en 2010. Le consommateur reste inquiet sur son avenir professionnel et sur la conjoncture. Il va probablement continuer de contrôler de près ses dépenses", le directeur de l'étude.

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