Comme partout dans le monde, les Réunionnais de confession musulmane célèbrent l'Achoura ce jeudi 16 décembre 2010. Dans le cadre de cette célébration, des Musulmans chiites, (l'une des deux principales branches de l'islam) ont défilé à Saint-Denis entre la mosquée du Moufia et le rond-point de la Région. Tout de noir vêtus en signe de deuil, ils ont commémoré l'assassinat de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mohamed, et de 71 de ses proches en l'an 680 à Kerbela en Irak. "En ce jour nous voulons aussi dire que les valeurs éternelles de paix, de solidarité et de justice sociale prônées par Hussein doivent être plus que jamais défendues" explique Amine Goulamaly, porte-parole de l'Union des associations Khojas Shia Isnashiri de La Réunion (UAKSIR), organisatrice de la manifestation religieuse
Ce jeudi après-midi, les fidèles chiites ont défilé en prière le long d'un aller-retour à la mosquée du Moufia. Beaucoup se tapaient sur la poitrine en signe de tristesse et de douleur. Leur marche symbolise le convoi funéraire de l'imam Hussein et de 71 de ses proches. "Hussein et ses disciples ont été supplicié et n'ont pas eu droit à une sépulture digne. En ce jour d'Achoura nous leur rendons hommage en les portant symboliquement en terre" indique Amine Goulamaly. Dans le cortège, des fidèles ont distribué des bouteilles d'eau aux passants et aux automobilistes. "Ceux qui ont supplice Hussein et ses disciples leur ont refusé toute goutte d'eau. C'est en signe de partage que nous offrons de l'eau" note Amine Goulamaly.Hussein et ses proches ont été tués en 680. Le massacre trouve son origine dans les tensions qui débutent au sein de l'islam avec l'assassinat d'Ali, époux de Fatima et fille du Prophète. Le rival d'Ali, Moawiya, prend alors le titre de calife, devenant le chef de tous les Musulmans. Il obtient d'Hassan, fils aîné d'Ali, qu'il renonce à ses droits sur le califat. Mais Hussein, fils cadet d'Ali, persiste à rejeter l'autorité de Moawiya. "Il était le petit fils du prophète. Il ne pouvait pas accepter que la parole de Mohamed ne soit plus portée correctement. Alors il a résisté" souligne le porte-parole de l'UAKSIR
Après la mort du calife Moawiya en 680 et l'avènement de son fils Yazid, Hussein accompagné d'une petite troupe de fidèles se rend de La Mecque à Koufa, où l'attendent des adeptes d'Ali. Sur la route, à Kerbela, Hussein et les siens sont attaqués par des soldats fidèles à Yazid. La mort d'Hussein consomme la rupture entre Musulmans sunnites et chiites. "Il est mort pour que l'Islam continue à vivre et pour que ses messages de paix et de justice se propagent dans le monde. C'est en ce sens qu'Hussein s'est sacrifié pour nous et pour l'Humanité toute entière" commente Amine Goulamaly
La principale différence avec les Sunnites réside dans le fait que les Chiites ne reconnaissent pas les trois premiers califes - disciples du prophète Mohamed : Aboubakar, Omar et Osman. Ils estiment qu'Ali, gendre du prophète, est le seul à pouvoir porter le titre d'iman. Plus généralement, ils pensent que ce titre ne peut être donné qu'à un descendant direct de Mohamed.
À noter que dans les pays musulmans sunnites, l'Afrique du Nord entre autres, la célébration d'Achoura ne fait pas mention de ces faits. Il s'agit d'une fête, souvent comparée au nouvel an du calendrier chrétien, où des friandises et des cadeaux sont distribués aux enfants.
Achoura est célébré le 10ème jour du muharram (premier mois du calendrier musulman). "Que l'on soit Chiites ou Sunnites nous sommes d'accord pour dire que ce jour est d'une extrême importance. Ensuite chacune des obédiences de l'Islam le célèbre à sa façon" souligne Amine Goulamaly.
Mahdia Benhamla pour
(Sources www.cosmovisions.com et www.herodote.net)