L'Urcoopa veut reprendre la main

Abattoir de volailles de l’Etang-Salé : les salariés ne veulent pas d'un changement de direction

  • Publié le 5 septembre 2024 à 14:36
  • Actualisé le 5 septembre 2024 à 14:56

Alors que le tribunal de commerce de Saint-Denis devra statuer le 19 septembre 2024 sur la demande de l’Urcoopa de faire annuler un pacte d’associés signé avec le groupe privé Duchemann et Grondin concernant la gestion de l'abattoir de volailles de l'Etang-Salé, les salariés de l'entreprise se mobilisent pour faire entendre leur désaccord. 400 des 434 employés de l'abattoir EVOLLYS ont signé une pétition réclamant le maintien de la présidence actuelle, pointant du doigt les "conditions de travail dégradées" qui existaient avant 2017 et le changement de présidence.

L'exploitation d’Evollys est dirigée par l'entreprise Duchemann et Grondin, mais c'est bien l'Urcoopa via sa filiale Soficoop qui en est propriétaire. Cependant, depuis 2017, suite à une "accumulation de dettes très importantes", l'Urcoopa a cédé la présidence via un protocole que l'entreprise veut désormais faire annuler, rappelle Mickael Guillou, secrétaire CSE UES EVOLLYS.

Un protocole auquel les salariés sont très attachés, mais qui déplait au nouveau président d'Urcoopa, Henri Lebon, arrivé en 2022. 

"Depuis la reprise de la présidence, les conditions de travail mais aussi la situation financière de l'entreprise se sont améliorées" note Mickael Guillou. Il s'inquiète des conséquences de cette reprise en main par l'Urcoopa. 

"On se mobilise parce qu'on est très inquiets, surtout quand on se rappelle des méfaits que les salariés ont pu connaître jusqu'en 2017" souligne-t-il. Consultés, 400 des 434 salariés ont signé une pétition pour signifier leur soutien à la direction actuelle.

"Sous l’ancienne direction, le gaspillage des aliments était un fait marquant. Notre travail était jeté à la poubelle devant nos yeux, cela a été à mon sens un manque de respect total. Aujourd’hui, nous travaillons dans de meilleures conditions avec du matériel adapté et une optimisation du process de travail, chose qui n’existait même pas auparavant" témoigne un employé, sous couvert d'anonymat.

"J’ai quitté les hauts de Saint-Joseph pour venir travailler à l’Etang-Salé. Je me suis investi depuis 7 ans. Zordi, i di a mwin remont out kaz, i pren domoun poud kouillon ?" s'indigne un second.

Pour un troisièmle, il est "impensable de retourner en arrière et de retrouver des conditions de travail aléatoires". "Je me sens plus qu’impliqué dans la situation actuelle, je serai acteur pour défendre la direction actuelle et assurer l’avenir de la filière. L’homme travaille, mais derrière nous, nous avons des familles qui risquent de tout perdre… Notre avenir est en jeu" dit-il.

Un courrier a été adressé au préfet et aux différents présidents de collectivités de l'île pour alerter sur la situation. Pour l'heure, ces courriers sont restés lettre morte.

Les salariés se sont mobilisés dès mardi avec un sitting pour signifier leur colère face à la situation. "Nous avons alerté Monsieur le Préfet et toutes ses instances jeudi dernier avec une date butoir de rencontre à ce vendredi sans quoi nous ne serons pas en capacité de maintenir les salariés dans le calme" souligne Mickael Guillou, qui s'inquiète "des risques psycho-sociaux, d'un manque de dialogue avec la direction de l'époque, un gel des salaires" si l'entreprise retrouve son ancienne direction.

Contactée, l'Urcoopa n'a pour l'heure pas donné suite à nos sollicitations.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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