Savane de Plateau Caillou (Saint-Paul)

La ZAC Renaissance 3 au centre d'une polémique, la Sedré se défend et s'explique

  • Publié le 25 juillet 2024 à 14:40
  • Actualisé le 26 juillet 2024 à 15:30

Dans les cartons depuis une vingtaine d'années, le projet de la ZAC Renaissance 3 - renommée Tamarins - à Plateau Caillou a connu un coup d'accélérateur depuis le début du mois de juin. Le ballet d'engins de chantier a débuté il y a désormais plusieurs semaines, au grand dam des riverains qui affirment ne pas avoir été avertis du lancement des travaux. Alors que 90 hectares vont être aménagés sur les 12 prochaines années, pour accueillir logements et commerces, le collectif "Protège Nout Savane" s'est mis en place pour réclamer l'arrêt du projet, qui se construit sur un terrain où se trouvent plusieurs espèces protégées. La Sedré, en charge des travaux, se défend et affirme que la savane protégée n'est pas concernée par le chantier. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)

"Cet aménagement s'inscrit dans le cadre d'un projet d'intérêt général, qui est reconnu et validé par des documents d'urbanisme" abonde Yannick Payet Fontaine, directeur général de la Sedré. "Nous sommes investis d'une mission d'intérêt général, et nous intervenons uniquement dans le cadre de la loi et des réglementations."

"Ce projet est une aberration, il y a 90 hectares de savane qui vont être détruits" note pour sa part Elie Payet, porte-parole du collectif Protège Nout Savane. "En 2024, c'est tout de même immoral de se lancer dans un tel projet face aux enjeux environnementaux. On ne peut pas ignorer à ce point cet aspect" estime-t-il.

Plusieurs espèces protégées se trouvent en effet dans la savane : l’oiseau blanc, la tourterelle malgache, le caméléon panthère, et gibbosa.

Ces espèces ont fait l'objet d'une étude d'impact pour mettre en place des mesures compensatoires, dont les conclusions ont été rendues en 2023. La société CYNORKIS, en charge de l'étude, a notamment préconisé une "réaffectation écologiques" des espèces concernées avec la création d'un jardin indigène.

La préfecture, qui a délivré l'autorisation de l'exploitation de ce terrain, rappelle cependant que "le projet de la ZAC Renaissance 3 a connu une instruction longue et continue et fait l’objet d’une vaste concertation du public, dont les avis ont amené à un ajustement du projet, principalement au regard des enjeux écologiques".

"La savane de Saint-Paul regorge d'une biodiversité unique et d'une flore d'une importance écologique exceptionnelle. Le déplacement de ces espèces pourrait causer des perturbations qui pourraient être irréversibles" estiment cependant les opposants au projet.

"Un projet immobilier de cette envergure reviendrait à éliminer cet espace magnifique et irremplaçable qui pourrait être classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO" ajoutent-ils.

- La Sedré se défend -


Alors qu'une pétition réclamant l'arrêt immédiat des travaux a récolté près de 13.000 signatures en l'espace de seulement quelques jours, la Sedré (Société d'Equipement du Département de la Réunion) a souhaité faire le point sur les accusations visant ce chantier.

"Aucun chantier n'est prévu dans l'espace protégé de la savane". "Toute la zone savanaire naturelle et protégée n'est pas du tout impactée par cette opération" insiste Yannick Payet Fontaine.

Sur les 90,5 hectares que représentent le chantier, "30 ha d’espaces naturel conservés et valorisés" sont prévus. "La savane, qui est protégée, ne fait pas non plus partie du périmètre de la ZAC" assure la Sedré. "Aussi, les futures constructions respecteront les caractéristiques du relief."

"Les débuts de l’urbanisation de Plateau Caillou débutent en 1975 avec la ZAC Renaissance 1 et 2 et prévoient l’aménagement d’une troisième tranche. Le projet Renaissance 3 a évolué au fil du temps, de la réglementation et des enjeux sociétaux" rappelle-t-elle.

Le projet ayant récolté toutes les autorisations d'urbanisme et de protection de l'environnement, les travaux ont été lancés en juin dernier.

"Aujourd’hui, Renaissance 3 est un projet harmonieux, équilibré et inséré dans son environnement" insiste la société.

"Des dispositions sont prises au niveau opérationnel pour préserver les espèces protégées, tant au niveau de la faune que de la flore, avec la mobilisation d'experts en environnement pour le suivi des travaux" souligne par ailleurs la Sedré.

Un écologue accompagne par ailleurs le projet. "La première action au démarrage du chantier a été de le démarrer hors de la période de nidation des espèces présentes sur place. Concernant les espèces végétales, nous avons transplantés les espèces pour les maintenir dans leur milieu" indique Yannick Payet Fontaine. Regardez :


 

- Crise du logement contre protection de l'environnement -

La nature même du projet pose question du côté des opposants au projet : si l'île est effectivement en manque de logements sociaux, le choix du lieu est l'objet de toutes les critiques depuis le début du chantier.

"On comprend la nécessité de créer de nouveaux logements, mais à quel sacrifice ? Qu'est-ce qu'on détruit pour construire ?" interroge Elie Payet. Le projet est par ailleurs "loin de concerner uniquement les logements sociaux" assène-t-il. "Il y a un véritable intérêt économique, avec des logements aux prix élevés, et des commerces qui doivent être construits" dénonce-t-il.

"C'est aussi une insulte aux riverains, les engins circulent à quelques centimètres de nos jardins. C'est un énorme projet qui va durer des années, on impose des nuisances à des riverains. Tout ça pour faire disparaître une nature remarquable" souffle le porte-parole.  

"On aurait pu effectivement mieux communiquer sur le début des travaux" admet Yannick Payet Fontaine. "Cependant, les riverains ont eu l'occasion à plusieurs reprises de nous faire parvenir leurs objections, nous avons été très peu sollicités. Je rappelle qu'il s'agit d'une Zone d'aménagement concertée, les riverains savent depuis toujours que la zone va être aménagée, des concertations publiques leur permettaient de porter leurs interrogations" ajoute-t-il.  

A termes, 2000 logements doivent être construits, dont 50% de logements en accession et 50% de logements locatifs sociaux et intermédiaires.

La première phase des travaux, qui a débuté, prévoit la construction de 200 logements collectifs, 200 logements aidés collectifs (intermédiaires, sociaux et très sociaux), des équipements de services publics comme une gendarmerie, des commerces, et l'aménagement d'une place publique centrale.

"Nous sommes dans une logique de mixité sociale, il y a une demande dans le secteur privé de personnes qui sont privées de parcours en raison de la concurrence. Parallèlement, une forte proportion de la population est éligible à un logement très social" répond Yannick Fontaine.

"Il est par ailleurs faux de dire que cela amènera plus de population : la ZAC vient répondre aux demandes locales de logements et éviter un flux qui continuera à embouteiller le littoral" ajoute-t-il, alors qu'un giratoire sera créé à termes pour relier la route nationale à la ZAC.

La Sedré défend fortement ce projet, qui a "été modifié au fil des ans pour répondre aux nouvelles préoccupations". "On n'est plus dans une logique de zone économique, comme cela était prévu au début, on va promouvoir le commerce de proximité" cite-t-il en exemple.

"C'est un projet qui se veut plus vertueux, mieux dimensionner, mieux organiser dans l'espace, qui organise une mixité entre le logement, l'espace économique, et la nature. Nous ne faisons pas de gentrification, au contraire" estime Yannick Payet Fontaine, rappelant que la France "se trouve dans une crise du logement majeure". "Il y a eu plus de 10 ans de consultations, d'études d'impact, de concertations…Si le collectif veut porter une action en justice, qu'il le fasse, nous sommes dans un Etat de droit" tacle-t-il.

Concernant les nuisances, la Sedré redirige les riverains vers son adresse email en cas de problème.

Malgré ces clarifications pourtant argumentées et détaillées, les opposants au projet ont prévu une mobilisation pour ce dimanche.

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
bibik
bibik
1 mois

logements sociaux?? lorsque l'on parle de cette crise elle concerne les personnes défavorisées et non les investisseurs. Utilité publique pour qui?? Des spéculateurs fonciers et agences immobilières? La honte et la flagélassion

Vicq
Vicq
1 mois

Plateau caillou est saturé la voirie asphyxiée aux heures de pointe cela ne va qu’empirer la situation

Tiko
Tiko
1 mois

En parlant de commerce depuis un moment le groupe hayot force de construire une grande surface, il faut arrêter de donner des terrains aux BEKET. Et le monde économique ARTISANALES pour les jeunes qui s'installent ont besoin d'ateliers relais.
Politique ouvre zot zieux.

Guy
Guy
1 mois

Je suis POUR, qu'on construise des logements pour loger nos enfants et les familles dans le besoin. Qu'on se mette à leur place, il y a un manque crucial de logement dans l'ouest en particulier, et sur toute la Réunion en général. Ce projet ne fait pas parti de la savane, c'est juste derrière la station essence LOL.