Conseil régional - Bilan après un an de mandature

"Le cyclone Robert a été dévastateur"

  • Publié le 13 avril 2011 à 06:00

L'Alliance tire un bilan plus que négatif de la première année de mandature de Didier Robert à la tête du conseil régional. Lors d'une conférence de presse organisée ce mardi 12 avril 2011, les conseillers régionaux du groupe Alliance ont tiré à boulets rouges sur ce début de mandature. S'appuyant sur la déclaration de politique générale lue par le président de Région lors de son investiture le 26 mars 2010, les élus régionaux ont critiqué point par point les actions de la nouvelle majorité régionale. "Le cyclone Robert a été dévastateur cette année", insiste Aline Murin Hoarau.

Premier à ouvrir le feu, Philippe Jean-Pierre s'est concentré sur l'aspect économique de la politique régionale. Il rappelle que "dans un contexte économique morose" marqué par la hausse du chômage, "on a arrêté des projets sans présenter de véritable substitut". Il fait allusion à l'arrêt du projet tram-train. Il estime que ce choix a entrainé la disparition "de façon indirecte" de certaines entreprises.

Philippe Jean-Pierre critique aussi "le peu de visibilité de la politique régionale". Il évoque notamment l'absence de "plan pluriannuel d'investissement" ou encore "de plan stratégique sur la formation, le développement économique et la mise en place de nouvelles infrastructures". Les élus régionaux se sont montrés virulents à l'encontre des projets de nouvelle route du littoral et de Trans Eco Express.

Concernant la route du littoral, "Didier Robert a détruit un projet déjà ficelé pour créer une route du littoral à 6 voies, retardant de fait le lancement du chantier", s'insurge Michel Lagourgue. Il critique non seulement le schéma choisi : "Il n'est pas certain que l'infrastructure résiste à la houle et à la montée des eaux dans un contexte de réchauffement climatique. Il y a aussi le problème des entrées de Saint-Denis et de la Possession, lorsqu'on sort des 6 voies", explique l'élu régional. Il fustige également le coût annoncé du projet, 1,6 milliard d'euros. "On sait pertinemment que ce chiffre sera largement dépassé à l'issue de la construction de la route. Le protocole de Matignon 1 prévoyait que l'Etat prendrait en charge tout surcoût éventuel. Le nouveau protocole fait supporter les surcoûts sur la Région", ajoute Michel Lagourgue.

Concernant le Trans Eco Express, Philippe Jean-Pierre parle de "ballon de baudruche qui se dégonfle peu à peu". Discours d'investiture en main, l'élu a rappelé l'annonce faite par Didier Robert en mars 2010 d'équiper La Réunion de 2 000 bus qui rouleront sur des sites dédiés. "Il semblerait que le discours ait changé depuis", ironise Michel Lagourgue. "Où sont les 2 000 bus ? La Région demande aujourd'hui aux établissements publics de coopération intercommunale d'acheter ces fameux bus", poursuit-il.

Maya Cesari s'est quant à elle attardée sur la politique énergétique de la nouvelle majorité régionale. Elle rappelle qu'aujourd'hui, le secteur du photovoltaïque a "du plomb dans l'aile" après les dernières mesures gouvernementales réduisant les aides à l'achat de ces panneaux. Elle regrette également l'abandon du projet de géothermie à la Plaine des Sables. "L'ancienne majorité avait comme principal objectif l'autonomie énergétique à l'horizon 2030. Va t-on subir toutes ces mesures ou va-t-on réagir ?", s'interroge-t-elle. Concernant les TIC, Maya Cesera estime que les choix de la Régions sont "extrêmement démolisseurs".

Raymond Mollard a évoqué la politique régionale en matière d'éducation. "Derrière des gesticulations, la réalité du terrain montre une régression dans tous les domaines", dénonce-t-il. Le plan adopté par l'ancienne majorité régionale prévoyait la construction de 3 lycées dans les prochaines années, dont 1 lycée hôtelier. "Aujourd'hui, le projet ne prévoit la construction d'un seul lycée et les travaux n'ont même pas démarré", affirme-t-il. Le conseiller régional critique aussi le Plan ordinateur portable de la Région. Ce plan prévoit d'équiper les lycéens de seconde d'un ordinateur portable à la rentrée. 9 millions d'euros y sont alloués chaque année. "Il n'y a aucun contrôle sur ce plan. Des élèves qui ont déjà un ordinateur se voient octroyés un nouvel ordinateur. Au lieu de mettre 9 millions dans le POP, la Région devrait investir 3 millions d'euros dans le renouvellement de l'ensemble du matériel scolaire", signale Raymond Mollard.

Catherine Gaud a poursuivi le bilan en s'attaquant à la politique touristique du conseil régional. "On voyage. On se fait voir. On augmente de 50% le budget de l'IRT. Mais on n'a vu aucune retombée des différentes manifestations financées par la Région Réunion", lance la conseillère régionale de l'Alliance.

Aline Murin Hoarau a tenu sensiblement le même discours concernant la politique culturelle du conseil régionale. "Didier Robert avait promis d'aider la culture de proximité. Au lieu de ça, il saupoudre, il distribue de l'argent et mène une politique bling bling", s'emporte t-elle. "Près de 900 000 euros ont été distribuées à quelques associations" dénonce t-elle. "Le dernier exemple en date est édifiant. Près de 390 000 euros ont été alloués à l'association Scènes Australes, qui organise le Sakifo (ndlr- selon l'élue, 140 000 euros sont destinés à financer le festival et 250 000 euros sont fléchés pour le marché des musiques de l'Océan Indien). Cette subvention a été actée sans même lancer de marché public, ce qui est illégal. Et lorsqu'on le fait remarquer à la majorité régionale, on repousse l'étude du dossier aux calendes grecques", commente Aline Murin Hoarau.

Enfin, Béatrice Leperlier a terminé ce bilan en évoquant la question des bourses et des emplois verts. Là encore, la jeune élue s'est montrée virulente à l'encontre de la majorité régionale actuelle. "J'aurais honte d'agir de la sorte si je faisais partie de cette majorité. Didier Robert parle de politique accélérée, je dirais plutôt que c'est une politique précipitée", termine-t-elle.

Mounice Najafaly pour
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