Une Française vivant à Rome témoigne sur les obsèques du Pape

"Une grande émotion, pas de tristesse"

  • Publié le 9 avril 2005 à 00:00

Muriel Rouffaneau est une Française de 44 ans. Elle vit en Italie depuis 18 ans où elle exerce la profession d'herboriste. Elle participe d'ailleurs sur la chaîne RAI 3 a une émission sur le sujet. Réunionnaise de c?ur, elle vient régulièrement dans l'île où elle a de la famille, elle a voulu témoigner de "la grande émotion" ressentie dans la ville éternelle lors des obsèques du pape Jean-Paul II ce vendredi 8 avril 2005. Nous publions intégralement son témoignage

"À l'heure qu'il est (milieu l'après-midi ce vendredi - ndlr) je suis chez moi et les hélicoptères continuent de sillonner le ciel, même après la cérémonie.
Bien qu'habitant très près du Vatican, je n'ai pu me rendre Place St Pierre, même en mobylette. Car il est interdit depuis cette nuit 2 heures locale (4 heures, heure de La Réunion - ndlr) de circuler dans la ville, et ceci jusqu'à 18 heures ce soir (heure de rome). Mais je n'étais pas bien loin tout de même.
La ville est encore remplie et je pense que de nombreuses personnes, ceux et celles qui n'ont pu accéder place Saitt Pierre, vont rester pour aller sur la tombe de Jean Paul II. La ville de Rome, qu'on décrit toujours comme sale et mal organisé s'est démontré exceptionnellement efficace. Certes il y a eu des problèmes et certains ont bien essayé de faire les malins en passant devant les autres, mais bon, il n'y a eu que de petits problèmes par rapport au monde incroyable ici et la dans la ville.

Écrans géants

Une vingtaine de grands écrans sont placés autour du centre, au cirque Massimo, et à Tor Vergata qui a accueilli deux millions de jeunes en l'an 2000 pour les journées mondiales de la jeunesse. Les pélerins qui sont arrivés ce matin se sont rendus "obligatoirement" la bas, car le service de sûreté voulait bien sur éviter un afflux considérable autour du Vatican.
Qui n'est jamais venu à Rome ne connaît pas la caractéristique de cette ville: c'est-à-dire des petites rues et ruelles, pas bien plus larges que les rues du centre de Saint Denis à la Réunion. Alors il faut s'imaginer deux millions de personnes essayant d'y arriver. Un grand merci à la police, carabinieri (police militaire) et service de sûreté et à toutes les organisations de volontaires, des médecins, des infirmiers, de la croix rouge et surtout des volontaires, à milliers!

Hommage émouvant Durant la cérémonie des obsèques, les personnes applaudissaient beaucoup, un hommage personnel et très émouvant, des applaudissements qui duraient bien cinq minutes! Il y avaiténormément de Polonais sur la place. Favorisés? Peut-être, mais je pense que beaucoup penseront avec que cela est plutôt normal. Des drapeaux avec l'inscripton "Papa santo subito" c'est-à-dire "le Pape Saint maintenant", il y en avait des dizaines et encore des dizaines. On nous explique bien à la télé Italienne qu'il faut en règle général des années et des décennies pour sanctifier un pape mais de nombreux Italiens pensent que pour Jean Paul II il en faudra beaucoup moins.

Pas de chagrin

L'émotion était grande, mais dans l'air on ne sentait pas de chagrin, pas de tristesse, mais une grande émotion, un sentiment d'union très palpable. Le grand "miracle" de cet homme c'est probablement cela: avoir su réunir en cette journée tant de monde de tout endroit de la planète, grands et petits, importants ou non, et je me demande quand et si, une autre personne sera un jour capable de réunir des millions de personnes comme il a su le faire, allant dans chaque pays, sans jamais se fatiguer et s'inquiéter de son sort.
On peut être croyant ou non, mais cet état de choses et cet état d'âme, on ne peut pas ne pas le voir et l'apprécier, surtout dans un monde et un moment aussi difficile pour les hommes en général, pour ces 6 milliards et plus qui habitent cette planète terre".

Muriel Rouffaneau
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