Face à la hausse du prix des carburants

Des propositions pour aider les professionnels de la route

  • Publié le 5 avril 2011 à 19:00

Représentants de l'Etat, de la Région et de la chambre de commerce et d'industrie se sont réunis ce mardi après-midi, 5 avril 2011, pour discuter des moyens à mettre en ?uvre pour aider les professionnels de la route dans un contexte de flambée du prix des carburants. Plusieurs propositions ont été faites parmi lesquelles la mise en place d'un fonds destiné à compenser la hausse des prix, la répercussion de la surcharge carburant des professionnels sur la facture présentée aux donneurs d'ordre ou encore l'importation du GPL, beaucoup moins cher que le gazole actuel. Des propositions qui ne sont pas nouvelles puisqu'elles ont déjà été faites les années précédentes. Elles ont été présentées aux transporteur ce mardi après-midi lors d'une rencontre à la Région. Elles feront l'objet de débat lors de la concertation organisée le 13 avril prochain entre l'Etat, les collectivités, les transporteurs et les donneurs d'ordre.

La réunion qui s'est tenue ce mardi après-midi était "prévue de longue date", selon Jean Ballandras, secrétaire général aux affaires régionales à la préfecture. Un rendez-vous qui a été accéléré au regard du contexte social, à savoir la manifestation des transporteurs qui ont bloqué l'entrée de la SRPP de 8 heures 30 à 20 heures 45 ce mardi. Une colère que disent "comprendre" les acteurs autour de la table.

"La flambée du prix des carburants est difficilement supportable", reconnaît Ibrahim Patel, président de la chambre de commerce. "En décembre 2010, le litre de gazole coûtait 1,09 euros. Aujourd'hui, il coûte 1,25 euros. Les entreprises réunionnaises ne peuvent pas supporter une telle hausse", constate David Lorion, vice-président au conseil régional. Cette réunion a donc été l'occasion pour ces 3 acteurs d'étudier "les dispositifs susceptibles d'être mis en ?uvre pour aider les professionnels de la route à faire face à cette flambée".

"Nous avons pu identifier deux grandes orientations sur lesquelles nous devrons travailler", annonce Jean Ballandras. La première consiste à utiliser la fiscalité locale sur le carburant, et notamment le surplus d'octroi de mer, pour créer un fonds de compensation susceptible d'aider les professionnels de la route. Cette fiscalité se divise en deux principaux postes. D'une part, la taxe spécifique sur la consommation des carburants est perçue par la Région. "C'est une taxe fixe qui n'a pas bougé depuis 10 ans", indique David Lorion. Aucun levier n'est susceptible d'être activé sur cette taxe.

La seconde taxe est l'octroi de mer. 5% sont prélevés sur le gazole et 23% sont prélevés sur l'essence. Cette somme est partagée entre les communes et la Région. Concernant le gazole, 2% reviennent à la Région et 3% reviennent aux communes. Pour l'essence, 2% reviennent à la Région et 21% aux communes. En cas de hausse du prix des carburants, les collectivités perçoivent un "surplus d'octroi de mer". "Cette somme pourrait être utilisée pour créer un fonds de compensation à destination des professionnels de la route", explique le représentant du conseil régional.

Un fonds de ce type avait été crée fin 2008 à la suite de la grande manifestation des transporteurs. 2,5 millions d'euros avaient été débloqués par la Région pour les aider à faire face à la hausse des prix des carburants. L'Etat et la Région souhaitent la mise en place d'un fonds de façon "pérenne". "Pour cela, les communes devront aussi jouer le jeu", explique David Lorion qui signale que "la Région ne bénéficie pas du pactole de l'octroi de mer dans sa globalité". Reste à voir si les communes accepteront de jouer le jeu. Les communes connaissant déjà des problèmes financiers, il semble peu probable qu'elles acceptent d'abandonner un tel "pactole".

Autre proposition faite par les membres de la réunion, la répercussion systématique de la hausse des prix des carburants sur la facture présentée par les professionnels de la route à leurs donneurs d'ordre. "Dans toutes les régions de France, la surcharge carburant apparaît sur la facture. Mais à La Réunion, cette pratique a du mal à se mettre en place", constate David Lorion. Jean Ballandras propose la mise en place de "moyens de contrôle" afin de vérifier si transporteurs et donneurs d'ordre respectent cette prérogative.

Jean Ballandras et David Lorion estiment par ailleurs que "le meilleur moyen de faire baisser le prix des carburants est de procéder à une rupture technologique". David Lorion propose la mise en place du carburant GPL sur l'île. Problème, le GPL exige de respecter certaines normes de sécurité. Ce n'est pas encore le cas sur l'île. Jean Ballandras plaide quant à lui pour l'utilisation de voitures électriques. "Pour 2 euros, on peut rouler pendant 180 km", souligne-t-il. Mais La Réunion n'est pas encore équipée pour permettre de recharger une voiture électrique n'importe où.

Que ce soit le sujet du GPL, de la surcharge carburant ou du surplus de l'octroi de mer, ces questions ont déjà fait l'objet de débats les années précédentes. "Depuis 2002, la Région réclame qu'on importe du GPL mais rien n'a été fait", affirme David Lorion. Les questions de la surcharge carburant et du surplus de l'octroi de mer ont été abordées lors de la crise de 2008 mais n'ont pas été effectivement mises en ?uvre. Ces propositions apparaissent donc comme de vieux serpents de mer qui apparaissent à chaque crise. Mais cette fois, l'Etat, la Région et la CCIR se disent "confiants". "Il y a une réelle volonté de trouver une solution", assurent-ils. Ces propositions seront présentées lors de la grande réunion de concertation prévue le 13 avril prochain. Réunion à laquelle l'Etat, les collectivités, la SRPP, les professionnels de la route et les donneurs d'ordre sont invités.

Mounice Najafaly pour
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