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Cisjordanie: chasse à l'homme après le meurtre de colons

  • Publié le 2 octobre 2015 à 13:19

L'armée et le renseignement israéliens menaient une chasse à l'homme vendredi en Cisjordanie pour retrouver les meurtriers d'un couple de colons tués sous les yeux de leurs enfants, tandis que la droite se déchaînait contre le président palestinien Mahmoud Abbas.


"Les recherches sont intensives", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'armée, Arye Shalicar. Elles impliquent des centaines de soldats sur le terrain, mais aussi un gros effort de renseignement, a-t-il dit.
Sur la route menant vers les lieux de l'attentat, survenu jeudi soir entre les colonies d'Itamar et Eilon Moré à l'est de Naplouse, de nombreux soldats filtraient les voitures de passage, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous allons les traquer jusqu'à ce que nous mettions la main sur eux et sur ceux qui les ont envoyés", a promis le ministre de la Défense Moshé Yaalon.
Eitam et Naama Henkin, âgés d'une trentaine d'années et habitants de la colonie de Neriah, plus au sud en Cisjordanie occupée, "ont été massacrés sous les yeux de leurs quatre enfants" alors qu'ils circulaient de nuit, a indiqué le porte-parole de l'armée, le colonel Peter Lerner.
Les secours ont évacué les enfants, âgés de 4 mois à 9 ans, traumatisés mais indemnes.
"C'était une vision très pénible", rapportait dans la presse Boaz Malka, un secouriste. "Il y avait une voiture au milieu de la route et, à côté, un homme d'une trentaine d'années avec des blessures au torse, et, dans la voiture, une femme avec de graves blessures au torse. Ils ne montraient aucun signe de vie et malheureusement il a fallu les déclarer morts sur place".

- Circonstances encore floues -

Les circonstances de l'attaque restent floues. Le quotidien Maariv écrivait que des hommes à bord d'un véhicule palestinien avaient ralenti à un carrefour à hauteur de la voiture des Henkin et l'avaient criblée de balles à l'arme automatique, avant de prendre la fuite.
Dans un communiqué dont l'authenticité ne pouvait être vérifiée, un groupe se présentant comme affilié au Fatah, le parti de M. Abbas, a revendiqué l'attaque sur internet.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas a salué l'opération, une "réponse aux crimes sionistes". Le département d'Etat américain l'a condamnée fortement et lancé un appel au calme. L'armée israélienne a annoncé dans la nuit le renfort de quatre bataillons, plusieurs centaines d'hommes, pour prévenir une escalade.
Le double meurtre ajoute aux craintes d'une explosion de violence, dans un contexte de vives tensions. Le secteur où l'attaque s'est produite a vu ces dernières semaines au moins deux voitures israéliennes essuyer des balles. C'est là aussi qu'un Palestinien de 26 ans a été tué en septembre par des tirs de soldats israéliens alors qu'il lançait, selon l'armée israélienne, un engin incendiaire sur un véhicule.
Plus au sud, près de Ramallah, un colon a été tué fin juin par des tirs imputés à des Palestiniens.
En Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, les jets de pierres sur les voitures des Israéliens, notamment des colons, sont une occurrence quotidienne.

- 'Encouragement au meurtre' -

Si les tensions se cristallisaient ces derniers jours autour du site ultra-sensible de l'esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie occupée reste un facteur de crispations très important.
Fin juillet, un bébé palestinien de 18 mois et ses deux parents avaient ainsi trouvé la mort dans un incendie imputé à des extrémistes juifs qui se vengeraient de ce qu'ils estiment être des atteintes à la colonisation.
Vendredi, la droite israélienne a laissé déborder sa colère contre le président palestinien.
Ce sont les "incitations à la haine débridées de la part des Palestiniens qui conduisent à de tels actes de terrorisme", s'est indigné le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il n'a pas nommé M. Abbas mais la ministre de la Culture Miri Regev ne s'en est pas privée: "Chaque parole que prononce Abou Mazen est un encouragement au meurtre de juifs", a-t-elle dit en employant le surnom de M. Abbas.
MM. Abbas et Netanyahu avaient donné mercredi et jeudi dans leurs discours devant l'Assemblée générale de l'ONU la mesure du fossé qui les sépare d'une reprise des négociations de paix, M. Abbas déclarant que les Palestiniens n'étaient plus liés par les accords passés.
Un "peuple dont les dirigeants soutiennent le meurtre n'aura jamais d'Etat", a de son côté tonné Naftali Bennett, ministre de l'Education et partenaire essentiel de la coalition de M. Netanyahu.


Par Jean-Louis SANTINI - © 2015 AFP
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