Prendre sa respiration, larguer son harnais et évacuer: le Centre d'entraînement à la survie et au sauvetage de l'aéronautique navale (Cessan) forme depuis 20 ans, dans le Finistère, les personnels des armées à survivre à un accident aérien en mer, tout en offrant de plus en plus son expertise aux civils.
"Dès que vous avez les pieds dans l'eau, on estime que l'impact a eu lieu, vous lâchez les commandes", explique l'un des instructeurs de ce centre unique en France, situé sur la base d'aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic.
"Dès que vous avez de l'eau aux cuisses: dernière inspiration. N'attendez pas d'en avoir jusqu'au cou, ce sera trop tard, vous allez en avaler", poursuit-il, devant des stagiaires de l'armée de terre.
"Ca fait un peu bizarre de se dire qu'on va aller sous l'eau attaché dans une cabine retournée", réagi Ilhame, 24 ans, pilote d'hélicoptère et seule femme du groupe. "Mais il faut le faire, c'est très important, ça nous mécanise", poursuit la jeune femme.
Casqués et harnachés dans une cabine simulant un cockpit d'hélicoptère ou d'avion, les stagiaires sont plongés dans l'eau d'une piscine couverte. Il doivent réussir à décrocher leur câble radio, se défaire de leur harnais et larguer la porte, avant de pouvoir s'extraire vers la surface. Vent, pluie, effets sonores et visuels viennent renforcer le réalisme de l'épreuve.
"Il s'agit de leur apprendre les actes réflexe pour qu'ils puissent, en cas de panne ou de crash, être en mesure de sortir de leur machine", explique à l'AFP le capitaine de vaisseau Marc Gander, commandant de la base. "On a hélas dans l'histoire de l'aéronautique un certain nombre de crashs en mer, de crashs mortels aussi..."
"C'est la première fois que je fais ce stage, c'est assez stressant", témoigne Kimiora, 21 ans, encore ruisselant. "On nous met dans une situation de stress accru par les effets de sons et lumières, ensuite le niveau de l'eau qui monte...", raconte le jeune homme en formation pour devenir pilote d'hélicoptère de combat. "Mais il suffit d'appliquer la procédure, calmement", assure-t-il, se félicitant d'avoir réussi l'exercice: "Si j'ai pu m'en sortir à l'entraînement, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas sur le terrain".
- Acquérir des automatismes -
Les premiers stages datent de 1981. Mis en place après un accident d'hélicoptère survenu en 1967 au large de la Corse, ils étaient alors organisés sur la base aéronautique de Fréjus.
"Après ce crash, on s'est rendu compte qu'il fallait modifier le matériel, apprendre à l'utiliser et mécaniser les manoeuvres de sortie de l'équipage pour que ça devienne des actes réflexe et que chacun n'invente pas sa propre procédure", explique le capitaine de vaisseau Gander.
"On acquiert ici des automatismes qui seront primordiaux en cas d'accident et que, nous, on n'a pas eus", se souvient Bernard Boisson, 75 ans, l'un des quatre rescapés de l'accident de 1967, invité à célébrer les 20 ans du centre, qui a achevé cet été de rénover l'ensemble de son matériel.
"Le Cessan est l'un des centres les mieux équipés au monde", se félicite son directeur, le capitaine de corvette Patrick Rivière, indiquant qu'il reçoit de plus en plus de personnels d'armées étrangères --des Mexicains et des Jordaniens cette année-- mais aussi de civils. "Les secteurs civils, particulièrement l'offshore, sont de plus en plus concernés par ce type de stage", assure-t-il.
Outre des navigateurs de la course au large, comme Maud Fontenoy ou l'équipage du Team Jolokia, les stages sont suivis par les médecins et infirmiers embarqués sur des aéronefs de la Marine lors d'opérations de secours en mer.
Le centre, qui accueille plus de 1.200 stagiaires par an, propose aussi des exercices pour apprendre à amerrir avec un parachute où à être hélitreuillé, ainsi que des cours sur la survie en conditions extrêmes.
Par Sandra FERRER - © 2015 AFP
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