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"Nous allons réussir": Valls volontariste malgré des résultats en berne

  • Publié le 25 septembre 2015 à 00:31

"Nous allons réussir": Manuel Valls, en baisse dans les sondages et confronté à un nouveau record du chômage, a affiché son volontarisme jeudi soir sur France 2, dans une émission dominée par la crise des migrants et les doutes sur la stratégie économique du gouvernement.


Habitué des journaux télévisés, chargé des annonces de réformes et -de par sa fonction- amené à s'exprimer tous les jours sur tous les sujets, le Premier ministre venait chercher dans "Des paroles et des actes", une émission de plus de deux heures, l'occasion de parler "du fond" et du "temps long", selon son entourage.
Le chef du gouvernement a admis de "mauvais chiffres, bien sûr", après la nouvelle hausse du chômage en août (+20.000 demandeurs d'emplois supplémentaires, +0,6%).
"C'est pour ça que nous réformons, parce que la croissance n'est pas suffisamment forte. Il y a des progrès, il y a des changements, nous créons de l'emploi, c'est nouveau: 34.000 emplois (créés) depuis un an", même si "ce n'est pas suffisant".
"Mais, moi, j'ai une conviction, c'est que nous allons réussir. Parce que nous avons posé le bon diagnostic: le manque de compétitivité dont notre pays et nos entreprises souffrent depuis dix ans", a déclaré Manuel Valls.
Le début de l'émission a été dominé par des échanges avec deux témoins, une étudiante en droit favorable à l'accueil de davantage de migrants et un jeune ouvrier et militant Les Républicains qui y est opposé.
"Si tout le monde vient, on crée les conditions d'un drame humanitaire. Si nous ne distinguons pas le demandeur d'asile du migrant économique, c'est le droit d'asile qui meurt", a répondu M. Valls à la première.
"La Commission européenne a proposé des centres d'accueil de 160.000 demandeurs d'asile, ceux qui fuient la guerre et la torture. La France (...) a proposé d'en accueillir 30.000. Ca ne sera pas plus", a-t-il dit.
Lors d'un échange plus houleux avec le second invité, Manuel Valls a notamment assuré qu'il n'y avait pas de "concurrence des pauvretés" en France entre réfugiés et Français. "On ne prend pas aux Français, ou à ceux qui vivent en France, on n'oppose pas.
"Il faut faire preuve de solidarité, de générosité, d'humanité, faire vivre ce droit qu'est le droit d'asile, mais en même temps il faut maîtriser, car il y a des peurs, des fantasmes, donc c'est l'idée de la maîtrise, du sérieux, de la responsabilité".
-'Ne pas trop penser à 2017'-
M. Valls, qui a beaucoup visé Nicolas Sarkozy ces dernières semaines, devait débattre dans la deuxième partie de l'émission avec un de ses prédécesseurs à Matignon: François Fillon.
Manuel Valls a encaissé de mauvaises enquêtes d'opinion ces dernières semaines: sa cote de confiance a perdu quatre points dans les enquêtes de CSA et de l'Ifop, et pas moins de huit dans celle d'Ipsos. Cette dernière le place désormais moins de dix points devant le président Hollande dans son enquête.
L'émission intervient à un moment où, bientôt un an et demi après son arrivée rue de Varenne, Manuel Valls doit régler sa partition sur celle d'un président qui joue de plus en plus celle de 2017.
A Vesoul (Haute-Saône) mi-septembre, François Hollande avait pris la tête d'un grand déplacement du gouvernement (un "comité interministériel") consacré aux territoires ruraux, rôle habituellement dévolu à son Premier ministre.
Les critiques qui voudraient qu'il soit devenu "l'intendant" du président Hollande n'ont d'ailleurs pas échappé au chef du gouvernement, soucieux de conserver l'image qu'il a voulu se construire d'un réformateur audacieux.
"Si vous voulez réussir aujourd?hui, c?est le paradoxe, il vaut mieux ne pas trop penser à 2017. Sinon ça vous entrave. On va continuer à réformer, on va continuer à prendre des risques, à prendre des responsabilités", explique en privé le Premier ministre.
Manuel Valls doit aussi composer avec les prises de position d'Emmanuel Macron. Les sorties, plus ou moins contrôlées, du ministre de l'Economie sur la durée du travail ou le statut des fonctionnaires, l'ont contraint à rappeler par deux fois que les deux sujets n'étaient pas à l'ordre du jour.

Par Jacques KLOPP - © 2015 AFP
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