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Territoires palestiniens: crainte d'une tournure confessionnelle des violences

  • Publié le 17 octobre 2015 à 10:44

Les violences en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza semblaient prendre une tournure de plus en plus confessionnelle, après l'incendie par des Palestiniens du tombeau de Joseph à Naplouse.


Ce site sacré du judaïsme, situé dans le nord de la Cisjordanie occupée, a été incendié vendredi au cocktail molotov.
La flambée de violences qui a débuté le 1er octobre en Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, avant de s'étendre à la bande de Gaza, fait craindre une nouvelle intifada et ne semble pas s'apaiser, au point que l'ONU et les Etats-Unis, inquiets, ont appelé au calme.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a parlé séparément par téléphone, jeudi et vendredi, au président palestinien Mahmoud Abbas et au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour leur demander d'oeuvrer à ramener le calme en Israël et dans les Territoires, selon un diplomate américain. M. Kerry a indiqué aux deux dirigeants qu'il espérait pouvoir les rencontrer bientôt, peut-être dans les prochains jours.
Depuis le 1er octobre, les violences ont fait, côté palestinien, 37 morts, dont plusieurs auteurs d'attaques à l'arme blanche, et des centaines de blessés, ainsi que sept morts et des dizaines de blessés côté israélien.
Quatre Palestiniens ont été tués vendredi dans les Territoires palestiniens.
L'un a été abattu après avoir poignardé et sérieusement blessé un soldat israélien en Cisjordanie occupée, en se faisant passer pour un journaliste. Un autre a été atteint par des tirs israéliens lors de heurts près de Naplouse. Deux autres ont subi le même sort dans la bande de Gaza alors qu'ils manifestaient avec des centaines d'autres près de la barrière isolant Israël de l'enclave palestinienne.
Des heurts violents ont par ailleurs mis aux prises Palestiniens et soldats israéliens en Cisjordanie occupée, à Bethléem, Ramallah et dans la poudrière d'Hébron, non loin des lieux de l'agression par le prétendu journaliste.
Toutes les organisations palestiniennes avaient appelé après la grande prière hebdomadaire musulmane à un "vendredi de la révolution" en Cisjordanie et à Gaza, territoires séparés géographiquement par Israël et censés former un futur Etat palestinien.

- 'Acte répréhensible' -

Avant l'aube, des dizaines de Palestiniens avaient mis le feu au tombeau de Joseph avec des cocktails Molotov, selon la police palestinienne.
Pour les juifs, ce site abrite la dépouille de Joseph, l'un des 12 fils de Jacob. Mais il est aussi vénéré par les musulmans, pour lesquels il abrite la tombe d'une figure religieuse locale, et par les samaritains, une secte séparée du judaïsme.
A l'ouverture à New York d'une session du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Israël et dans les Territoires palestiniens, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "fermement condamné" cet "acte répréhensible".
A Washington, le président américain Barack Obama, "très inquiet", a condamné "toutes les violences contre des innocents".
"Nous réaffirmons notre conviction qu'Israël a le droit de maintenir l'ordre et la loi et de protéger ses citoyens des attaques au couteau", a ajouté M. Obama lors d'une conférence de presse.
Le président palestinien Mahmoud Abbas, soumis à une pression internationale grandissante, notamment de la part des Etats-Unis, pour condamner les attentats anti-israéliens, a qualifié d'acte "irresponsable" l'incendie du tombeau de Joseph.
Le rôle joué dans les tensions par l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-est, site sacré pour les musulmans et les juifs et situé dans la partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, et le fait que nombre des victimes des attentats au couteau soient juives, suscite la crainte que la violence actuelle prenne un ton de plus en plus religieux.
Aux Nations Unies, le représentant permanent adjoint israélien a réaffirmé que l'Etat hébreu n'accepterait "aucune présence internationale sur le Mont du Temple" (nom donné par les juifs à l'esplanade des Mosquées), répondant à des Palestiniens qui y réclament une "protection" via une "force internationale".
Selon David Roet, "une telle présence constituerait un changement dans le statu quo" qui régit les lieux saints à Jérusalem et réglemente l'accès des croyants juifs et musulmans.
Le Premier ministre israélien a rejeté à de nombreuses reprises une modification de ce statu quo, que les Palestiniens le soupçonnent pourtant de vouloir changer.
Alors que le Conseil de sécurité se penchait vendredi sur la question, à l'instigation des pays arabes, il est difficile de discerner quel rôle peut jouer la diplomatie, jusqu'à présent impuissante à contenir les violences.


Par Brigitte DUSSEAU - © 2015 AFP
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