Mutations contestées

La Région refuse "l'exil professionnel" des professeurs de La Réunion mutés dans l'Hexagone

  • Publié le 25 juillet 2024 à 19:38
  • Actualisé le 25 juillet 2024 à 19:41

Forcer les professeurs du second degré à s'expatrier loin de ses proches, c'est un grand "non" pour la Région Réunion. La collectivité prend très à coeur cette lutte contre "l'exil professionnel" sans "aucune facilité de rapatriement". Le conseil régional a réaffirmé sa, position ce jeudi 26 juillet 2024. Une demande de maintien dans l'île sera envoyé au gouvernement (Photo : sly/www.imazpress.com)

"Chaque année, cette motion revient comme un verset", souffle Huguette Bello présidente de la Région Réunion. En cause : les enseignants réunionnais, nouvellement diplômés, sont mutés en France hexagonale séparés de leur famille, et ce depuis des années.

Sous le regard attentif d’une trentaine d’enseignants, la présidente de région affirme : "les postes à La Réunion existent mais on ne veut pas les pourvoir".  Elle s’insurge : "nous ne sommes plus à l’époque de la Creuse ou du Bumidom. Envoyer des enseignants au-delà pour combler le quota de l’Hexagone, c’est d’autant plus inacceptable qu’il y a un besoin à La Réunion".

"Combien sont soutiens de familles ? Combien ont des personnes malades dans leur familles et ne peuvent pas les quitter ?", questionne Huguette Bello. "Il faut arrêter de dire qu’ils ont passé un concours national et qu’ils savaient ce qui allait leur arriver. Parce que gagner un concours ça a toujours été un symbole de réussite, mais maintenant c’est le synonyme d’exil", s’impatiente la présidente. Regardez

- Des difficultés morales et financières -

Lorsque ces enseignants sont mutés en France hexagonale, ils se trouvent souvent confrontés à des défis d'adaptation majeurs, tant sur le plan personnel que professionnel. Cette situation peut engendrer des difficultés psychologiques et logistiques, impactant non seulement leur performance, mais aussi leur moral.

Et pour cause. "J’ai eu 24 heures pour prendre une décision entre trois départements de France, alors que ma seule connaissance du territoire se résume au moment où je suis partie passer les oraux de ce même concours", explique une des trente enseignant.e.s présent.e.s.

Ce délai très court est couplé avec une nouvelle problématique : le manque d’aides financières. "Tout a un coût : les déplacements pour aller à l’école et en formation, le logement, le matériel et bien d’autres. On a très peu d’aides parce qu’on est titulaire alors que les contractuels ont droit à plus d’avantages", explique Matthieu Zajac lauréat du Capes externe de physique-chimie.

Pour le moment, il est à la recherche d’un dispositif d’aide à l’installation, ayant eu son affectation à Versailles. Regardez

- Choisir entre famille et travail -

Au-delà des aspects professionnels, ces mutations ont des répercussions profondes sur les familles des enseignants. "Les séparations engendrées par les mutations brisent des foyers, éloignant parents et enfants sur de longues périodes" note la Région Réunion

"Les enseignants doivent alors faire face à la douleur de la distance, aux complications liées à la gestion de deux foyers, et au stress que cela génère pour tous les membres de la famille. Cette désunion familiale a des conséquences néfastes non seulement sur la stabilité émotionnelle des enseignants, mais aussi sur celle de leurs proches" ajoute la collectivité régionale.

C’est d’ailleurs le cas d’Anessa Hoarau, contractuelle et lauréate du concours CAPLP en économie et gestion. Elle campe sur ses positions : "mon mari est chef d’entreprise, nous avons deux enfants de 7 et 4 ans et je refuse d’abandonner mes enfants sur l’autel de l’emploi". Elle qui n’avait mis qu’un seul vœu pour La Réunion, se retrouve à faire un choix entre accepter de partir dans l’Hexagone ou de démissionner ». Regardez

La Région Réunion dit travailler activement avec les autorités compétentes pour trouver des solutions pérennes à cette problématique. Parmi les mesures envisagées, une meilleure gestion des affectations et une flexibilisation des critères de mutation sont à l’étude, afin de réduire les départs non souhaités des enseignants réunionnais vers la France hexagonale. Des mesures qui seront soumises au premier ministre démissionaire Gabriel Attal. 

cn/www.imzapress.com/redac@ipreunion.com

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12 Commentaires
Oscar
Oscar
2 mois

Pour une enseignante à la retraite qui voulait être premier ministre,elle semble ignorer les règles de la fonction Publique,ou c'est pour faire le buzz comme Ratenon.

Bato fou
Bato fou
2 mois

À la vue de certains commentaires, je pensais que les réunionnais étaient encore solidaires. Finalement il n’y a que la famille Adekalom qui peut encore se regarder dans la glace. Mon péi bato fou …

zarboutan
zarboutan
2 mois

La réalité , c'est que les besoins ne sont pas les mêmes dans toutes les disciplines. Chaque année de nombreux postes ne sont pas pourvus à La Réunion. Et l'on recrute des contractuels qui pour certains n'ont qu'un bac ! Je préfère confier mes enfants à des professeurs qui ont réussi un concours, même s'ils sont stagiaires.
Il faudrait dailleurs distinguer les sortants de concours qui pourraient quasiment tous faire leur année de formation à La Réunion et à qui pourtant on demande de partir en moins de 2 mois dans des régions inconnues et loin de toutes attaches personnelles. Même si on l'espère fortement et que l'on fait tout pour réussir, on n'est pas en mesure de changer de vie en si peu de temps.
Ce n'est pas le cas des titulaires qui savent un an à l'avance qu'ils doivent partir et peuvent donc s'y préparer. Le premier poste est le plus souvent dans un autre département. Cela a été mon cas. Mais j'ai fini par revenir après 14 ans.

zarboutan
zarboutan
2 mois

Ce ne sont pas ceux-là qui reviennent malheureusement .

pompompom
pompompom
2 mois

Et on fait quoi de ceux qui y sont déjà en métropole ? Ceux qui y sont depuis plusieurs années ? Ce serait normal qu'ils aient la priorité pour rentrer !

Paule Fabien
Paule Fabien
2 mois

Qu’il faille pourvoir les postes existant à la Réunion c’est un fait, mais je doute qu’ils suffisent à caser tous les néo diplômés !
La fonction publique tourne avec un système de points pris en compte pour les nominations et mutations. Les Réunionnais ou ceux qui ont leurs « intérêts moraux » à la Réunion bénéficient de points supplémentaires pour les postes sur l’île. Pour le reste, oui, lorsque l’on se présente à un concours national on peut être amené à être nommé n’importe où en France. Aux candidats d’anticiper.
Peut-être aussi faut-il des aides à l’installation pour les personnes venant d’Outremer., et améliorer globalement la situation des fonctionnaires.
Mais de grâce, cessons de rabâcher la même chose à chaque promotion. Les personnes de ma génération (natives des années 1950) ont dû quitter l’île pour la Métropole pour leurs études supérieures (premier contact avec la Métropole pour moi à 18 ans, seule une tante et 4 cousins y vivant). J’y ai étudié plusieurs années, pas de bourse, 4 frères et sœurs, mère institutrice, père petit employé, pas de “continuité territoriale”, pas d’Internet, même pas de téléphone fixe hors de la Poste, donc peu de contacts avec la famille sur l’île. Mon premier poste après le concours a été en Mayenne (je ne savais pas où cela se trouvait), une de mes amies s’est retrouvée à Roubaix, mon frère à Calais, etc …
Ce n’est pas en pleurant à chaque rentrée que vous améliorerez les choses. Organisez-vous, les jeunes, soyez combatifs, pas pleurnichards. Ne comptez pas trop sur les politiciens.

Dom
Dom
2 mois

Faire le lien avec les.enfants de la Creuse, il fallait oser !
Enfin elle n'a pas utilisé le mot "déportation "

Paul Joseph
Paul Joseph
2 mois

Les élus communiquent affichent leur soutien...mais ils savent très bien que les lauréats du concours à leur inscription étaient au courant des modalités d'affectation dans l'hexagone .
Chaque année c'est le même scénario...s'ils ne veulent pas quitter l'ile...ces futurs enseignants peuvent changer de métier...

HULK
HULK
2 mois

Bla bla bla. Chaque année la même rengaine. Ils le savent pourtant. Qu'ils laissent la place à ceux qui acceptent de partir, un point c'est tout.

le kiré totocheur de la pointe du diable, lé + cat
le kiré totocheur de la pointe du diable, lé + cat
2 mois

Menteuse !

Le concours est national les candidats savaient en passant les épreuves

Ayez quelque chose dans le pantalon tous ces élus péyi alimentaires.

Faites le nécessaire celles et ceux s'installant ici ne perçoivent pas la surrémunération ...

Juju
Juju
2 mois

Bello arrête de mentir à ces professeurs 23 ans députés vous n’y avez rien fait. Il y a une loi concernant les mutations il faut la respecter.

ZembroKaf
ZembroKaf
2 mois

Bon ... à l'année prochaine ... comme tous les ans !!!