La coulée s'est figée tout près de la RN2

La lave qui traverse la route, ce n'est pas juste un beau spectacle...

  • Publié le 29 octobre 2019 à 17:30
  • Actualisé le 29 octobre 2019 à 17:49

Alors que la cinquième éruption de cette année 2019 s'est terminée ce dimanche 27 octobre, la lave n'est encore une fois pas passé très loin de traverser la Route nationale 2. Si les coulées de lave ont dévalé les Grandes pentes lors de la première journée, l'intensité de l'éruption a diminué petit à petit. La lave a fini par stagner à 250 mètres de la route. Certains sont déçus, car le spectacle est impressionnant lorsque les coulées traversent la RN2, comme c'est déjà arrivé à plusieurs reprises. Mais la lave qui traverse la route, ce n'est pas juste un super show... Cela à un coût et des conséquences importantes (Photo archives rb/www.ipreunion.com)

La RN2 est empruntée quotidiennement par environ 3 000 véhicules. Si la moitié de ces véhicules sont des voitures de touristes, l'autre moitié appartiennent aux habitants utilisant la route pour se rendre au travail et vaquer à leurs occupations. Dans le cas d'une traversée de la RN2 par la lave, c'est donc environ 1500 véhicules qui devraient contourner la RN2 en passant par la Route des Plaines pour continuer à vivre normalement.

Un tel détour est chronophage, particulièrement pour ceux devant faire la route entre Saint-Philippe et Sainte-Rose. "Pour un trajet d'environ une demi-heure, il faudra compter environ deux heures en passant par la RN3" souligne Eric Boiteux, directeur de la Direction régionale des routes (DRR). Pour le trajet de Saint-Pierre à Saint-Benoit, il faut compter environ 30 minutes de plus pour se déplacer.

Outre le dérangement pratique, c'est tout le pan économique qui est à envisager. En 2007, la RN2 avait dû être coupée pendant plus de sept mois afin d'effectuer les travaux de réfection de la voirie. 1,26 million d'euros ont été nécessaires pour ces travaux. A l'époque, la coulée s'était étendue sur 1,5 km de large et, par endroit, elle allait jusqu'à plus de 60 mètres d'épaisseur. 

La Route des laves reconsruites à travers la coulée de lave - Photo RB pour Imaz Press Réunion

Mais il reste intéressant de noter que ces éruptions et ces coulées de lave fascinent depuis toujours. Déjà en 1801, Bory de Saint Vincent, l'un des premiers à avoir effectué l'ascension et la première description scientifique générale du Piton de la Fournaise, écrivait un ouvrage en trois volumes où la Réunion occupe une place centrale.

Cartographie du Piton de la Fournaise, Bory de Saint-Vincent (1801)

Entre 1860 et 1870, ce sont des estampes de Louis Antoine Roussin, lithographe célèbre, qui font part de la fascination des habitants pour le volcan. Sur une de ses estampes, on aperçoit quelques personnes, debout face au Grand Brûlé.

Estampe de Louis Antoine Roussin, 1860-1870, Iconothèque historique de l'Océan Indien

Et puis il y a toutes ces photos, au fil des années, de la foule s'approchant des alentours de la Route des laves à chaque éruption. Que ce soit en 2007, année de "l'éruption du siècle", en 2002 où la lave a traversé la route en deux endroits, en 2008, en 2005… Ou bien même au début du 20ème siècle, le Piton de la Fournaise est toujours aussi populaire.

Lire aussi : Éruptions historiques: quand la lave traverse la route nationale

Et pourtant, la première description faite parvient d'un certain Antoine Thaureau, l'un de des mutins envoyés sur l'île en 1646, et qui fut le premier à explorer la partie littorale du volcan actif. D'après Georges Azema, dans le livre " Histoire de l'île Bourbon depuis 1643 jusqu'au 20 décembre 1848", il aurait décrit des paysages chaotiques et calcinés…

Carte postale de la première partie du 20ème siècle


Au fil des siècles, la fascination demeure, et les mesures de sécurité et de restriction d'accès sont toujours aussi souples aux abords de la Route des laves, contrairement à la partie haute de l'enclos, pour laisser le plaisir aux badauds de profiter de ce spectacle. Un spectacle qui s'accompagne cependant, il ne faut pas l'oublier, de nombreux aspects négatifs.

as / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
sourire
sourire
5 ans

Merci Mon Ami

réyoné
réyoné
5 ans

super article, merci !quelques fautes cependant : "Cela à un coût" ; "Si la moitié sont des voitures de touristes, l'autre moitié appartient "=> pluriel ou singulier ? (Merci de votre vigilance, c'est corrigé - webmaster)

Sara
Sara
5 ans

article intéressant car documenté sur plusieurs aspects, en particulier historique. Le volcan n'est pas qu'un spectacle somptueux, il inspire l'imaginaire réunionnais, il parle autant aux gens de dehors qu'aux habitants.

Bêche Ayrelle
Bêche Ayrelle
5 ans

Â"... la lave n'est encore une fois pas passé très loin de traverser la Route...Â"Il y a "à faire" avec et dans cette phrase ! ! !