Les coûts des matériaux augmentent et les constructions ralentissent. Cependant, la demande est toujours aussi conséquente. Face à cette véritable crise du logement qui concerne tout le territoire, la mairie de Saint-Denis a décidé de s’associer avec l’Agorah, agence d’urbanisme publique de La Réunion, afin de proposer de nouveaux logements sociaux à la population. Pour ce faire, le tout premier comité de pilotage a été mené ce mercredi 25 octobre 2023 (Photo d’illustration rb/www.imazpress.com)
"En un an, la demande de logement a augmenté de 10%. Il y a aujourd'hui autant de demandes de logements, voire plus, que de demandes d'emploi" a annoncé Ericka Bareigts. En parallèle, les entreprises ne répondent pas forcement aux appels d'offre lancées.
"Nous avons du mal à construire y compris sur des opérations financées et nous rencontrons des difficultés sur la réhabilitation également" a-t-elle poursuivi.
Pour la maire de Saint-Denis, tous ces phénomènes ne sont pas une fatalité. "Si nous arrivons à tous nous réunir en posant un diagnostic commun, nous pourrions mettre en face offre et demande et être très efficace dans les deux domaines".
"Il est important aujourd’hui que chacun fasse l’effort de trouver les solutions pour produire et rénover" a ajouté Christian Annette, président de l'Agorah.
Ainsi les bailleurs sociaux (Sodiac, SHLMR, SIDR…), la chambre des métiers, les services de l'État, la Direction de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DEAL), la municipalité et l’Agorah étaient réunis à la mairie de Saint-Denis pour signer la convention cadre de leur travail commun.
L'objectif de leur association, favoriser le parcours résidentiel des dionysiens. Cette démarche de concertation s'étendra sur huit semaines. Des semaines qui seront animées par l'Agorah qui a posé un premier diagnostic ce mercredi matin.
- 43.000 demandes de logements sociaux non satisfaites en 2022 -
À La Réunion, 80% de la population est éligible aux logements sociaux et très sociaux. En 2022, 43.000 demandes n'ont pas été satisfaites avec seulement 6.000 attributions dans l'année. À noter, qu'un tiers est déjà logé dans le parc social et demande une mutation et un quart est logé dans le parc privé. Parc privé qui se compose actuellement de 30.000 logements vacants.
Du côté de la réhabilitation, 1.600 logements sociaux étaient en achèvement en 2021 contre 4.000 en 2014. En sachant que 60% du parc locatif a plus de 20 ans. Pour 2023, la DEAL et les bailleurs annoncent moins de 50% de mises en chantier et des annulations d’opération.
Plus localement, Saint-Denis dispose d'un parc social composé de 23.000 logements gérés par la SHLMR, SIDR, Semader, SEDRE et Sodiac. Environ 9.000 demandes ont été faites en 2022 pour 1.550 attributions.
Voilà sur quoi devront plancher les bailleurs pendant plusieurs semaines.
- Définir une méthode de travail -
L'Agorah a décidé de former plusieurs groupes de travails composés à la fois de bailleurs, membres de la municipalité et des services de l'État. Ces groupes s'attacheront à des opérations ciblés avec à la fois une opération de construction et une de réhabilitation. Ils pourront ainsi identifier les freins et définir les leviers d'actions pour réussir à produire du logement et faire de la réhabilitation dans le chef-lieu.
Une feuille de route rassemblant l'ensemble des conclusions et solutions envisagées sera remise à l'issue des huit semaines de travail.
L'État a tenu à préciser avant ce début de travaux qu'il pourrait difficilement faire plus au niveau du financement étant déjà au maximum. La ville a également annoncé qu'elle ne cofinancera pas les opérations de constructions puisqu'elle a déjà à la charge les travaux de voiries, trottoirs et d'aménagement des quartiers. Un point sur lequel le ministre des Outre-mer a été interpellé.
- S'adapter à la culture réunionnaise urbaine -
Ericka Bareigts a profité de cette réunion pour faire part de son souhait de "sortir du béton" face au réchauffement climatique. "Bientôt, six mois sur douze seront à plus de 30 degrés à La Réunion. Nous devons avoir une architecture adaptée, un modèle de réhabilitation qui convient à notre culture réunionnaise urbaine" a-t-elle indiqué.
Ainsi, l'ordre des architectes a été convié aux huit semaines de travaux.
www.imazpress.com/redac@ipreunion.com