La Réunion reste moins chère que l'Hexagone

Les prix à la pompe explosent… et ce n'est pas prêt de s'arrêter

  • Publié le 1 septembre 2023 à 08:47
  • Actualisé le 1 septembre 2023 à 09:35

Dans un contexte d'inflation, c'est une dépense supplémentaire dont les Réunionnais se seraient bien passés…. Et oui, c'est la mauvaise surprise pour cette rentrée de septembre. Vous allez d'ailleurs vite le constater si vous vous arrêtez à la pompe à compter de ce vendredi 1er septembre. Votre plein ou simplement mettre de l'essence vous coûtera beaucoup plus cher que le mois dernier. Et pour cause, entre la fin du mois d'août et ce 1er septembre, les prix des carburants ont flambé. Si par le passé on pouvait s'attendre à une augmentation d'environ 2 centimes, pour cette rentrée, le sans-plomb augmente de 7 centimes, et le gazole de 13 centimes (Photo : rb/www.imazpress.com)

L'annonce d'une hausse qui n'est pas passée inaperçue du côté des automobilistes. Nombreux étaient ceux qui, hier – jeudi 31 août 2023 – ont afflué dans la station-service pour profiter des derniers instants avant l'envolée des prix.

Brigitte est mère de trois enfants et a besoin chaque jour de sa voiture pour travailler, comme nombre de Réunionnais. "Ma voiture c'est mon outil de travail, je suis obligé de mettre de l'essence toutes les deux semaines environ, alors je n'ai pas eu d'autre choix que de venir avec que ça ne me coûte encore plus cher", confie-t-elle.

D'autres ne comprennent tout simplement pas cette hausse. Claude a un petit salaire. S'il concevait tout à fait qu'il y ait des hausses d'un à deux centimes… 7 centimes pour le sans-plomb et même 13 centimes pour le gazole "c'est beaucoup trop". "Déjà la vie est chère avec l'inflation, les factures à payer, mais si l'essence augmente aussi comme ça, comment je vais faire ?", se questionne-t-il.

Une hausse qui, si elle devait perdurer et se répéter, pousserait d'ailleurs certains à penser à prendre le bus ou à privilégier d'autres mobilités douces, et ce malgré les inconvénients que cela représente.

Lire aussi - Hausse des prix des carburants : plus 7 centimes pour le sans-plomb et 13 centimes pour le gazole

- Pourquoi les prix ne baissent pas… et vont augmenter ? -

Mais alors, pourquoi, alors qu'en août le gazole et le sans-plomb avait pris 2 centimes – pour atteindre respectivement 1,68 euros et 1,31 euros, sommes-nous passés au-dessus de la barre des 5 centimes voire même des 10 centimes d'augmentation ? Le sans plomb étant désormais à compter d'aujourd'hui à 1,75 euros et 1,44 euros pour le gazole.

"L'augmentation est liée à la hausse des cours mondiaux", indique Total Énergies à La Réunion.

Ce n'est donc pas la "faute" des stations-service : la raison vient plutôt de la situation internationale. On n'a en effet jamais consommé autant de pétrole dans le monde. Parallèlement, les pays exportateurs ont aussi décidé de réduire leur production.

Les pays producteurs de pétrole se sont en effet mis d'accord pour réduire leur production. En avril dernier, ces pays – membres de l'Opep + (Organisation des pays exportateurs de pétrole) – ont annoncé une baisse de la production de plus d'un million de baril de pétrole par jour jusqu'à la fin de l'année pour "stabiliser le marché".

Dans le détail, Ryad réduit sa production de 500.000 barils par jour (bpj), l'Irak de 211.000 bpj, les Émirats de 144.000 bpj, le Koweït de 128.000 bpj, l'Algérie de 48.000 bpj et Oman de 40.000 bpj, ont déclaré chaque pays via leurs agences de presse officielles respectives.

De son côté, Moscou, membre de l'Opep+ qui recoupe les producteurs de l'Opep ainsi que leurs alliés, a pour sa part annoncé prolonger la réduction de sa production de pétrole brut de 500.000 bpj jusqu'à la fin de l'année, selon un communiqué du vice-Premier ministre chargé de l'Énergie, Alexandre Novak.

En effet, la production et l’exportation des pays membres de cette alliance ont atteint leurs niveaux les plus bas depuis deux ans et la hausse de la production hors OPEP+ n’a pas permis de satisfaire la demande mondiale, fortement amplifiée par l’accroissement de l’activité en Chine en août.

Preuve en est, désormais, le prix moyen du baril de sans-plomb a augmenté de plus de 10 dollars soit une hausse de 10,87% et celui du gazole de plus de 20,5 dollars.

Des baisses qui ont débuté à partir du mois de mai – et qui commencent donc à se faire sentir à la pompe.

- Le plein augmente mais pas la bouteille de gaz -

Petit lot de consolation pour La Réunion, le prix de la bouteille de gaz lui, reste à un prix abordable et surtout fixe : 15 euros. Et ce, alors que les cotations mensuelles du gaz repartent à la hausse pour le butane (460 $ soit + 22,67 %) et le propane (470 $ soit + 17,50 %).

Le 29 juin dernier, le Département a annoncé prolonger le gel du prix de la bouteille de gaz à 15 euros jusqu'au 31 décembre 2023. Et ce, "afin de contribuer au pouvoir d’achat des Réunionnais".

La Région - le lendemain - a également confirmé ce gel du prix de la bouteille de gaz. "La commission permanente de la Région Réunion a voté, ce vendredi 30 juin, la reconduction du dispositif exceptionnel de gel du prix d’achat de la bouteille de gaz à 15 euros maximum, du 1er juillet 2023 au 31 décembre 2023."

"Dans le cadre de la lutte contre la vie chère, et dans l'objectif de préserver le pouvoir d'achat des foyers réunionnais, particulièrement les plus modestes, la Région avait proposé au Département de s’associer à la mise en place de ce dispositif, financé à parité par les deux collectivités et opérationnel depuis le 1er août 2022", note le conseil régional.

Sans l’aide des collectivités, le prix de la bouteille s’établirait à 18,35 euros.

- La Réunion toujours moins chère que l'Hexagone -

Toutefois, ce que relèvent les professionnels et Total Énergies, c'est que "La Réunion reste quand même en deçà des tarifs proposés dans l'Hexagone."

"En dépit de cette hausse, les prix à La Réunion demeurent nettement inférieurs à ceux de l'Hexagone : de 20 centimes pour le sans-plomb et de 45 centimes pour le gazole", ajoute la préfecture.

Les prix demeurent également très inférieurs (20 centimes de moins) à ceux constatés lors du dernier pic atteint au 1er juillet 2022.

"Il ne faut pas oublier qu'à La Réunion c'est le préfet qui fixe mensuellement les prix maximum des produits pétroliers" nous indique-t-on. C'est effectivement vrai, mais le coût de la vie, lui, reste bien plus élevé que dans l'Hexagone.

Ces prix maximum (toutes taxes comprises) sont calculés en deux temps :

• Tout d’abord, les prix maximums hors taxe sont établis à partir d’une méthode de calcul mentionnée dans la réglementation et de données objectivables. Ils prennent en compte les coûts réellement supportés par les entreprises et la rémunération des capitaux ou, le cas échéant, de leur marge commerciale.

• Puis les prix maximums toutes taxes comprises sont déterminés en ajoutant aux prix hors taxe le montant des différentes taxes applicables, notamment la fiscalité indirecte locale, dont les taux et tarifs sont déterminés par le Conseil Régional et dont les recettes contribuent au financement de la région et de toutes les communes. Contrairement à l’Hexagone, l’État ne perçoit ni TVA, ni taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) sur les carburants consommés à La Réunion.

En France hexagonale, l'essence se rapproche des 2 euros le litre et le gazole à 1,90 euros.

Face à cette hausse des prix, Elisabeth Borne a indiqué que le gouvernement ne mettrait pas de nouveau en place des aides ciblées comme les chèques carburant.

Ce lundi 28 août 2023, le groupe Totalénergies a rappelé son engagement de plafonner les prix des carburants à 1,99 euro le litre jusqu'à la fin de l'année dans les stations Total et Total Access.

Concrètement, cela veut dire pour nous, que sauf changement politique majeur, les prix à la pompe ne devraient pas baisser avant au plus tôt l'année prochaine.

Et malheureusement, il est difficile de prévoir les évolutions de prix.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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