Cyclone Garance

Catastrophe naturelle : la reconnaissance des vents cycloniques pour seulement deux communes fait grincer des dents

  • Publié le 13 mars 2025 à 07:27
  • Actualisé le 13 mars 2025 à 08:10

Si l'état de catastrophe naturelle a été reconnu pour toute La Réunion ce mercredi 12 mars, seules deux communes sont concernées par l'état catastrophe naturelle vents cycloniques : Sainte-Marie et Sainte-Rose. Une décision incompréhensible pour les dirigeants politiques locaux, qui appellent le gouvernement à revoir sa copie. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)

Si des communes comme Saint-Benoît, Saint-André, ou encore Saint-Denis ont subi de nombreux dégâts en lien avec les vents violents, ces derniers n'ont pas été assez puissants pour les intégrer à l'arrêté des vents cycloniques.

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En effet, les critères et les seuils, mis en œuvre par la commission interministérielle pour caractériser les vents cycloniques, sont fixés ainsi : les vents maximaux de surface enregistrés ou estimés sur la zone sinistrée doivent avoir atteint ou dépassé 145 km/h en moyenne sur dix minutes, ou avoir atteint ou dépassé 215 km/h en rafales. Ce qui n'a pas été le cas sur les communes citées précédemment, ou ,en tout cas, cela n'a pas été relevé par les outils de Météo France.

- Un arrêté de catastrophe naturelle qui provoque un vent de colère -

Pour autant, les dégâts ont été bien plus considérables sur ces communes qu'à Sainte-Marie ou Sainte-Rose. Une situation donc incompréhensible pour les élus, qui dénoncent d'une même voix ce choix de la commission.

"Il est incompréhensible que cet arrêté ne prenne pas en compte les destructions causées par ces vents extrêmes, alors que plus d’une centaine de familles ont vu leurs toitures arrachées et leurs habitations détruites par la violence des rafales et les débris projetés", a réagi Joé Bédier, maire de Saint-André.

"Comment expliquer aux sinistrés de Saint-André que l’État reconnaît certains phénomènes naturels mais refuse d’inclure les vents cycloniques dans le périmètre de la catastrophe naturelle ?", a-t-il demandé, estimant que "cette omission prive de nombreux foyers de la possibilité de bénéficier des indemnisations et des dispositifs d’accompagnement nécessaires pour reconstruire rapidement leurs vies".

Jeannick Atchapa, maire de Bras-Panon, commune égalementé sinistrées par les vents violents, exprime son incompréhension totale. "Ce phénomène dévastateur a détruit plus de 25 habitations, endommagé des centaines d’autres et affecté l’ensemble des équipements municipaux. L’ampleur des dommages est telle que les 5.000 m² de bâches reçus par la préfecture et la Sécurité civile n’ont pas suffi à apporter une aide d’urgence aux sinistrés, contraints de lutter pour préserver leur logement en pleine saison cyclonique et de fortes pluies".

"Où ont été effectuées les mesures des vents ? Météo France a enregistré une rafale de 169 km/h à Bellevue à 9h47 ce vendredi 28 février 2025. Qu’en est-il des quartiers situés plus près du littoral, où des toitures entières ont été arrachées ?", se questionne-t-il.

Même son de cloche du côté de Serge Hoareau,, président de l'AMDR, qui a demandé "une révision de cet arrêté afin de prendre en compte la réalité des situations, et la prise d’un arrêté complémentaire sur la base des données qui doivent être remontées par Météo France, notamment sur la puissance des vents cycloniques".

Cyrille Melchior, président du Département, a lui réclamé la reconnaissance des vents cycloniques pour l'ensemble de l'île. "Ne pas reconnaître l'ensemble des communes pour les "vents cycloniques" dans l’arrêté actuel, crée une inégalité de traitement et complique l’accès aux indemnisations pour les sinistrés concernés", a-t-il affirmé.

Un avis partagé par le député Philippe Naillet, qui interpelle à Manuel Valls : "L’ensemble des communes de La Réunion doivent pouvoir être couvertes de manière similaire par l’arrêté d’état de catastrophe naturelle. Je vous demande donc de bien vouloir solliciter vos services afin que l’arrêté soit amendé en ce sens."

Pour le député Perceval Gaillard, la décision de ne placer que deux communes en catastrophe naturelle au titre des vents cycloniques est "un scandale et une provocation inouïe lorsque l'on connaît les dégâts occasionnés par les vents très forts dans toutes les communes de l'Est, notamment mais pas uniquement".

"Je ne peux croire que cette décision soit dictée par des considérations partisanes politiciennes du fait des étiquettes des mairies concernées mais au-regard de la manière dont le pouvoir traite ses opposants et ceux qui ne votent pas pour lui, je ne peux l'exclure. Le simple fait de se poser la question en dit suffisamment sur le déshonneur qui caractérise ces gens", s'est-il par ailleurs aventuré.

- Valls pas satisfait -

Il faut dire que quand on parcourt les rues de certains quartiers, la désolation laisse peu de place au doute. Entre toits envolés, murs écroulés, arbres arrachés…Difficile de comprendre la décision de la commission interministérielle dans ce contexte. Si des bases ont été posées pour encadrer ces décisions, elles ne semblent pas avoir pris en compte les réalités du terrain en matière de constructions.

Manuel Valls lui-même s'est étonné de cette décision, apparemment pas au courant des conditions d'attribution de la reconnaissance de catastrophe naturelle. Ce qui interroge tout de même, ce dernier ayant promis monts et merveilles lors de son déplacement dans l'île.

Dans un communiqué publié ce mercredi après-midi, le ministre des Outre-mer considère cette reconnaissance comme "insuffisante" et n’est "pas satisfait par le périmètre des sinistres couverts par l'arrêté".

Le ministre a "souhaité la prise rapide de ce premier arrêté pour permettre le lancement des premières indemnisations et demande désormais une saisine complémentaire de la commission pour tenir compte de la violence du cyclone, avec des vents pouvant dépassant les 215 km/h selon Météo France". Ce qu'il ne semble pas avoir réalisé, c'est que c'est bien en se basant sur ce seuil que les décisions ont été rendues…

En attendant, le préfet s'est voulu rassurant : les sinistrés victimes des vents violents "peuvent toujours être indemnisés par leurs assureurs au titre de la garantie tempête présente obligatoirement dans les contrats d’assurance dommages".

Reste en tout cas à voir s'il sera possible pour le gouvernement de détourner ces seuils, pour apporter une aide rapide aux plus sinistrés de l'île. Après tant de promesses d'accompagnement, il serait malvenu pour le ministre de ne pas tenir ses engagements, après tout.

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2 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
2 mois

Grâce à la gestion exceptionnelle de nos "Mozard de la finance", la France est quasi ruinée.
Et aujourd'hui, l'urgence pour Macron est de fabriquer des engins de mort en hurlant à la guerre, cela pour tenter de faire remonter sa cote des profondeurs.
Les Réunionnais sans toit ne sont donc pas sa priorité er l'État doit limiter les indemnités au maximum.
Quant aux promesses de Valls... 😂😂😂

Eve
Eve
2 mois

Macron et sa bande soutenue par le PS nous prend pour des imbéciles pour être polie