Richesse ethnique

Don de moelle osseuse : le métissage des réunionnais, un profil unique pour guérir les malades

  • Publié le 11 novembre 2024 à 11:43
  • Actualisé le 11 novembre 2024 à 16:13

Chaque année en France, plus de 2.000 personnes – adultes en enfants – ont besoin d'une greffe de moelle osseuse pour guérir de leur maladie. À La Réunion, depuis 2021 - la date de la première greffe, 27 patients ont reçu un don. Trouver un donneur est complexe car cela signifie qu'une compatibilité ait été trouvée entre le donneur et le receveur. Sur l'île, où les origines sont diverses et variées, le métissage est une véritable richesse. Raison pour laquelle l'Agence de biomédecine invite les réunionnaise à s'inscrire comme donneur (Photo : sly/www.imazpress.com)

"Trouver un donneur est complexe car l'on cherche au patient un donneur qui soit jumeau de moelle osseuse, c'est-à-dire qu'il ai quelque chose de commun dans l'histoire génétique", explique le Docteur Catherine Faucher, Directrice Prélèvement et Greffes de Cellules Souches Hématopoïétiques à l’Agence de la biomédecine.

"Or dans le monde, les patients sont d'origines diverses et donc on a besoin de recruter des donneurs d'origines toutes aussi diverses", ajoute-t-elle.

Lire aussi - Sauvée par une greffe de moelle osseuse, Gaëlle doit sa survie à un inconnu

- Le métissage réunionnais, une richesse -

À La Réunion, où se mêlent, kaf, zoreils, malbars, chinois, zarab… "il existe une diversité qui offre une vraie chance pour les malades en attente de greffe", souligne le Docteur Patricia Zunic, responsable du service d'hématologie clinique et de thérapie cellulaire et médecin greffeur au CHU de La Réunion.

"Les patients réunionnais et les réunionnais en règle générale, du fait de la vague de population qui est venue habiter sur l'île et le métissage a des caractéristiques uniques au monde", souligne le Docteur.

Elle ajoute : "un donneur sur deux qui s'inscrit au fichier apporte un nouvel allotype (un caractère particulier permettant de différencier des individus au sein d'une espèce – ndlr) inconnu jusqu'alors dans le monde entier et c'est cela qu'on souhaiterait développer". D'"autant qu'il y a des allotypes sous-représentés sur les fichiers mondiaux".

"Plus il y aura de diversité parmi les profils inscrits et plus les chances de trouver un donneur compatible pour un malade augmenteront, notamment pour les patients réunionnais", indique-t-elle.

"Il faut dire aux Réunionnais, s'ils ne s'inscrivent pas, les malades sont appelés à mourir", interpelle Patrick Lieon-Kao, technicien du centre donneur de la Réunion. Écoutez.

- Une chance supplémentaire de rester dans l'île pour les malades -

Trouver un donneur compatible à La Réunion, serait également un plus pour les patients et leurs familles.

S'ils trouvent un "jumeau" génétique, cela leur éviterai de quitter leur île pour aller se soigner dans l'Hexagone.

Partir dans l'Hexagone pour se faire soigner "est une véritable double peine pour les réunionnais", explique Gaëlle Le Guennec, greffée et présidente de l'association Moelle Espoir. Elle même a dû quitter son île pour subir des soins.

"Moi j'avais l'habitude de l'Hexagone mais certains ne connaissent pas grand-chose là-bas et le suivi n'est pas le même", ajoute-t-elle.

- Combattre les idées reçues et donner -

Dans notre département, 4.500 donneurs sont inscrits sur le registre national de donneurs à la fin 2023( sur un total de 385.000 français).

Fin septembre 2024, on compte 122 nouveaux inscrits à La Réunion et 192 supplémentaires depuis la fin octobre où la population a pris le temps de s'inscrire lors d'un événement organisé par le CHU et l'association Moelle Espoir.

Un chiffre encore insuffisant dans l'île. Plusieurs raisons expliquent cela : la peur de l'aiguille et la manque d'informations.

Si 67% des sondés déclarent avoir déjà entendu parler du sujet, 20% seulement se sentent bien informés.

41% associent le don de moelle osseuse à un prélèvement dans la colonne vertébrale.

Or la "moelle épinière et la moelle osseuse n'ont rien à voir", explique Patrick Lieon-Kao, technicien du centre donneur de la Réunion. "La moelle épinière c'est comme une gaine qui passe dans la colonne vertébrale alors que la moelle osseuse, quand on coupe un os en deux, c'est le rouge, l'usine qui fabrique le sang." Écoutez.

De plus, 73% pensent que le don nécessite une hospitalisation. Sauf que dans 80% des cas, il faut seulement quatre heures au donneur pour être prélevé.

Les Réunionnais sont néanmoins relativement bien informés sur les grands principes du don. Parmi ceux qui ont entendu parler du don de moelle osseuse, 75% savent que le don repose sur la compatibilité. 74% sont informés sur le fait qu’un donneur inscrit peut ne jamais être appelé à donner et 67% considèrent que le don n’est pas immédiat après l’inscription sur le registre.

Le 15 novembre 2024, une marche sera organisée à Saint-Pierre pour sensibiliser les réunionnais et potentiellement trouver de nouveaux donneurs.

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

guest
1 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
3 mois

Peut-être faudra-t-il commencer par changer le nom de ce don ?
N'importe qui sait, dès l'enfance, que la moelle se situe dans les os. Forcément, l'idée de se faire ponctionner dans les os effraie n'importe qui aussi.
Expliquer que c'est comme un don du sang un peu plus long prendra du temps.