Johnny Payet, maire RN de la Plaine des Palmistes et secrĂ©taire dĂ©partemental du parti Ă La RĂ©union, a dĂ©clarĂ© ce mardi 18 juin 2024 sur RĂ©union la 1Ăšre qu'il ne "cĂ©lĂšbre pas la FĂȘte Kaf" car il ne faut pas rester bloquĂ© sur le passĂ©. Des propos qui ont suscitĂ© l'indignation dans la classe politique rĂ©unionnaise... et pas seulement. (Photo photo RB imazpress)
- Cyrille Melchior
Je dĂ©nonce les propos du Maire de la Plaine-des-Palmistes, SecrĂ©taire dĂ©partemental du RN au sujet de sa remise en cause de la cĂ©lĂ©bration de lâAbolition de lâEsclavage Ă La RĂ©union.
En tant que Réunionnais(e)s, nous avons un devoir de mémoire envers tous ceux et celles qui ont façonné notre ßle. Pour construire au mieux l'avenir de notre pays, nous avons aussi un devoir de transmission aux générations futures, les valeurs et les traditions inestimables que nous avons héritées, pour ne citer que le maloya, inscrit au titre de patrimoine immatériel de l'Humanité.
"Un peuple qui ignore son histoire est comme un arbre sans racine" disait Marcus Garvey.
La position du maire de la Plaine-des-Palmistes, démontre que beaucoup de chemin reste à parcourir dans la connaissance de notre Histoire.
Nous nous devons de continuer Ă cĂ©lĂ©brer comme il se doit notre 20 dĂ©samb, FĂȘte de la LibertĂ©".
- Pour La Réunion
Dans une interview accordĂ©e Ă RĂ©union 1Ăšre ce mardi 18 juin, Johnny Payet, maire RN de la Plaine des Palmistes, a exprimĂ© une position aussi claire que lamentable. Il conviendrait, selon le secrĂ©taire dĂ©partemental du Rassemblement National, "dâarrĂȘter de parler dâesclavage". Lors du mĂȘme entretien, Johnny Payet sâest Ă©galement positionnĂ© contre la Fet Kaf et toute forme de festivitĂ©s pour le 20 dĂ©cembre.
Nous condamnons avec la plus grande force ces propos qui sont une insulte Ă la mĂ©moire de nos aĂźnĂ©s, victimes de lâesclavage et de lâengagisme et qui ont bĂąti La RĂ©union au prix de leur sueur, de leur sang et de leurs larmes. Jamais nous ne cesserons dâaffirmer leur existence, de saluer leur rĂ©sistance et de rappeler lâabomination que furent la traite nĂ©griĂšre et l'esclavage colonial qui restent pour l'humanitĂ© une tache indĂ©lĂ©bile !
La position exprimĂ©e par le maire de la Plaine des Palmistes, Johnny Payet, dĂ©voile le vrai visage du Rassemblement National. Elle prĂ©figure nettement de la façon dont lâhistoire sera revisitĂ©e par lâextrĂȘme-droite si celle-ci accĂ©dait au pouvoir. LâHistoire des Outre-mer et le devoir de mĂ©moire seront jetĂ©s dans les fosses de lâoubli. Câest une alerte et un appel Ă la plus grande vigilance ! Le projet raciste et xĂ©nophobe du Rassemblement National est contraire aux valeurs humanistes et solidaires qui sont les ciments de notre culture rĂ©unionnaise.
Le dimanche 30 juin, jour dâĂ©lections lĂ©gislatives, sera lâoccasion de condamner ces propos et de dire notre attachement Ă notre Histoire et au devoir de mĂ©moire !
- Juliana M'Doihoma, maire de Saint-Louis
Monsieur Johnny Payet, reprĂ©sentant local du parti dâextrĂȘme-droite, le Rassemblement National, est intervenu ce mardi 18 juin midi sur une radio locale dĂ©clarant quâil "ne faut plus parler d'esclavage" et qu'il "ne fĂȘte pas le 20 dĂ©cembre"... Je suis profondĂ©ment choquĂ©e par de tels propos indignes dâun responsable politique, de surcroĂźt originaire de La RĂ©union. M. Johnny Payet est un Ă©lu local, responsable dâune ville dans un territoire ultra-marin oĂč le vivre-ensemble est aussi admirĂ© quâĂ prĂ©server !
Ce genre de propos qui nie toute une part de notre histoire et des étapes de reconstruction nécessaires à notre société riche de sa diversité sont graves !
M. Payet dit justifier sa position par le fait de ne pas vivre dans le passé⊠Je suis sidĂ©rĂ©e dâun tel manque de considĂ©ration pour notre hĂ©ritage et ses richessesâŠ
Les mises Ă lâhonneur de nos mĂ©moires ne sont pas un retour en arriĂšre, mais une vraie chance dâavancer dignement et la tĂȘte haute, guĂ©rie des blessures passĂ©es. Celles et ceux qui sâopposent Ă ces Ă©tapes et veulent revisiter lâhistoire, dĂ©nigrent et nient celles et ceux qui sây reconnaissent comme bon nombre de RĂ©unionnaises et de RĂ©unionnais.
Sâil sâagit lĂ dâune technique de buzz pour rĂ©colter des voix aux prochaines Ă©lections ? La dĂ©ception nâen est que plus forteâŠ
Au final, en sâexprimant ainsi, M. Payet met en lumiĂšre le fait que son parti, le RN, aura beau tenter de se maquiller par des techniques de dĂ©diabolisation, il reste bel et bien lâhĂ©ritier du FN et des nĂ©gations ignobles de soi-disants « dĂ©tails » historiques.
En tant que Maire dâune ville qui sâestime ĂȘtre fiĂšrement le berceau du maloya et oĂč la valorisation de la fet kaf est au cĆur de notre politique culturelle, je ne peux que condamner ce genre de proposâŠ
Nout péi bato fou : ousa bana y rode rale a nou
Nou viv pa dans le passé... mais par contre, nou doit jamé oubli ousa nou sorte ! Nou doit pas fé semblant de ne pas voir les conséquences que ces temps esclavagistes néna encore su nout société !
20 désanm sa lé a nou ! Fetkaf nou lé fier ! I fé parti de nout lidentité et nou largue pas nout Kiltir !
Ici, Ă Sin lui, a nou berso Maloya, nou va continuer porte le flambo !
- Ericka Bareigts
Johnny Payet, secrétaire départemental du Rassemblement National, fait une fois encore la démonstration du peu de connaissance et de respect de son parti pour notre histoire réunionnaise à travers des propos choquants.
ConsidĂ©rer que "lâesclavage fait partie du passĂ©, quâil ne faut plus en parler, quâil sâagissait dâune façon de vivre » et « quâil ne faut pas commĂ©morer son abolition", est un rĂ©el danger pour notre vivre-ensemble. Non lâesclavage nâĂ©tait pas un style de vie choisi mais une pĂ©riode de lâhistoire subie !
Renier notre histoire coloniale et esclavagiste, en sâopposant Ă notre devoir de mĂ©moire, câest nier la libĂ©ration de plus de 60 000 ĂȘtres humains Ă La RĂ©union.
Lâabolition de lâesclavage est un moment clĂ© de lâhistoire qui symbolise la fin de lâune des plus grandes abominations humaines.
CĂ©lĂ©brer cet Ă©vĂ©nement permet de rendre hommage aux luttes et aux souffrances de nos ancĂȘtres, et de reconnaĂźtre leur contribution Ă la sociĂ©tĂ© actuelle. Câest aussi crĂ©er des occasions dâĂ©duquer les jeunes gĂ©nĂ©rations sur lâhistoire de lâesclavage et ses consĂ©quences et de promouvoir des valeurs de tolĂ©rance, dâĂ©galitĂ© et de respect des droits humains.
CommĂ©morer le 20 dĂ©cembre, câest ne pas nier que lâesclavage a laissĂ© une empreinte indĂ©lĂ©bile sur lâhistoire et la sociĂ©tĂ© de La RĂ©union.
Bien que cette période ait été marquée par des souffrances et des injustices, elle a aussi donné naissance à une riche diversité culturelle.
Les descendants dâesclaves ont contribuĂ© Ă façonner lâidentitĂ© culturelle unique de La RĂ©union, caractĂ©risĂ©e par un mĂ©tissage culturel.
Les cultures africaines, malgaches, indiennes, chinoises et europĂ©ennes se sont mĂȘlĂ©es pour former une culture rĂ©unionnaise singuliĂšre.
Ces liens fraternels crĂ©ent ce sentiment dâunitĂ© entre tous les RĂ©unionnais qui sont rassemblĂ©s dans la reconnaissance de cette histoire commune.
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Notre culture rĂ©unionnaise serait en danger si le Rassemblement National devait ĂȘtre aux commandes du pays ! Supprimer notre 20 dĂ©cembre ne serait quâune premiĂšre Ă©tape.
Avec pour slogan "La France Revient", le RN mettra fin Ă la singularitĂ© de nos langues rĂ©gionales, Ă notre « batay coq », Ă nos marches sur le feu, Ă nos fĂȘtes de la Eid, Ă notre fĂȘte de Guandi, Ă nos "sĂšrvis kabarĂ©".
Avec le RN, ce sera la fin de notre singuliÚre richesse réunionnaise, symbole de notre vivre- ensemble, qui nous est envié dans le monde envié.
Lâhistoire de lâesclavage nous a montrĂ© les dangers de lâinhumanitĂ© et de lâimportance de lutter contre toutes les formes de discrimination et dâoppression.
Alors M. Payet, secrĂ©taire du RN, parti qui a votĂ© contre la reconnaissance de lâesclavage comme crime contre lâhumanitĂ© au Parlement europĂ©en en 2020, nous montre Ă quel point il mĂ©prise notre histoire et les RĂ©unionnais. Mais il met surtout en lumiĂšre le risque de voir effacer notre libertĂ© de pouvoir vivre nos particularitĂ©s rĂ©unionnaises dans le respect de chacun.
Au sein de la plateforme rĂ©unionnaise, nous ne resterons pas passifs face Ă la montĂ©e de lâextrĂȘme droite et de ses propos irresponsables et dangereux pour notre vivre-ensemble.
- Génération écologie
Dans le refus du maire de La Plaine des Palmistes de participer aux commémorations de l'abolition de l'esclavage à Génération Ecologie La Réunion nous y voyons dans sa décision la volonté de minimiser ou d'effacer une partie sombre de notre histoire, ce qui s'inscrit dans une politique plus large de révisionnisme historique ou de focalisation sur son AGENDA POLITIQUE.
En effet ses motivations, derriĂšre cette prise de position, semblent viser Ă sĂ©duire les collaborateurs du PrĂ©sident du RN. Câest un secret de Polichinelle que certains dâentre eux veulent rejeter ce qu'ils perçoivent comme une "culpabilitĂ© historique" ou promouvoir une vision nationaliste qui ignore les aspects nĂ©gatifs de l'histoire nationale. Peut-ĂȘtre que Johny Payet se voit dĂ©jĂ Ă un poste de ministre sous un Ă©ventuel gouvernement Bardella.
Le fait quâun maire dâune Ăźle oĂč de nombreux administrĂ©s ont des ancĂȘtres esclaves refuse de participer aux commĂ©morations de l'abolition de l'esclavage est prĂ©occupant, surtout que cette date est un jour fĂ©riĂ© sur notre territoire. A GĂ©nĂ©ration Ecologie La RĂ©union nous dĂ©nonçons ces tentatives dâeffacer cette partie de l'histoire de l'humanitĂ©. Jean-Marie Le Pen avait dĂ©jĂ accusĂ© Nicolas Sarkozy de cĂ©der Ă la repentance.
En 2014, le maire nouvellement Ă©lu sous l'Ă©tiquette FN de Villers-CotterĂȘts avait Ă©galement refusĂ© de participer aux commĂ©morations de l'abolition de l'esclavage dans sa ville. Bien que Marine Le Pen ait dĂ©clarĂ© Ă l'Ă©poque qu'elle n'aurait pas agi ainsi, elle poursuivait un objectif prĂ©cis : dĂ©noncer l'esclavage actuel pratiquĂ©, selon elle, au Qatar, non pas pour commĂ©morer l'abolition de l'esclavage, mais pour pointer du doigt des pays avec lesquels elle souhaitait que la France prenne ses distances.
"Le prĂ©sident de la RĂ©publique [Nicolas Sarkozy] s'honorerait Ă rompre les relations avec le Qatar, petit pays par la superficie mais grand pays par l'esclavage", avait-elle dĂ©clarĂ© selon Le Figaro. L'argument de Marine Le Pen sur l'esclavage moderne au Qatar, nous semble ĂȘtre utilisĂ© une maniĂšre de dĂ©tourner l'attention des commĂ©morations historiques en France. En focalisant sur des pratiques actuelles dans d'autres pays, elle tente de rediriger la discussion loin du passĂ© colonial et esclavagiste de la France.
En minimisant l'importance de ces commĂ©morations, Johny Payet risque de priver la population rĂ©unionnaise d'un espace de rĂ©flexion et d'Ă©ducation sur ces atrocitĂ©s. Cela pourrait mĂȘme conduire Ă une forme de "lobotomisation" oĂč la population serait moins consciente des luttes passĂ©es et actuelles pour les droits humains.
GĂ©nĂ©ration Ecologie La RĂ©union dĂ©nonce de telles tentatives d'effacement historique. L'histoire de l'esclavage fait partie intĂ©grante de notre histoire et de celle de l'humanitĂ©. Elle doit ĂȘtre reconnue et commĂ©morĂ©e pour honorer les victimes et prĂ©venir de futures injustices. GĂ©nĂ©ration Ecologie La RĂ©union se mobilisera toujours pour s'assurer que ces Ă©vĂ©nements restent dans la mĂ©moire collective et que les leçons tirĂ©es du passĂ© continuent d'informer les actions prĂ©sentes et futures.
- Philippe Naillet
 Ma réaction aux propos tenus par Johnny Payet, secrétaire départemental du RN et maire de la Plaine-des-Palmistes sur l'esclavage et le 20 desanm. Ses dires m'ont profondément choqué et blessé.
"Je suis blessĂ© par cela car quand on cĂ©lĂšbre le 20 dĂ©cembre on rend hommage Ă nos ancĂȘtres et je suis choquĂ©, blessĂ© et dire qu'Ă travers ses propos, chaque RĂ©unionnais, RĂ©unionnaise, on voit ce qui va se passer si le RN passe c'est-Ă -dire, l'effacement de notre mĂ©moire."
- Erick Fontaine
Je condamne les propos de Payet Johnny Maire de La Plaine Des Palmistes. J'exprime ma profonde indignation et condamne fermement les propos tenus récemment par le maire de la Plaine Des Palmistes qui renie publiquement l'esclavage et son impact historique et actuel.
L'esclavage est une page sombre et indélébile de l'histoire de l'humanité. Il est crucial de reconnaßtre les souffrances endurées par des millions de personnes et l'impact durable de cette pratique sur les descendants des victimes. Les propos du maire sont profondément offensants pour les communautés touchées par cette atrocité.
J'appelle à une prise de responsabilité immédiate de la part du maire. Je demande une rétractation publique et des excuses sincÚres envers tous les Reunionnais blessés par ces propos inacceptables.
En cette pĂ©riode oĂč la reconnaissance et la rĂ©conciliation sont plus que jamais nĂ©cessaires, je rĂ©affirme mon engagement Ă combattre toutes formes de nĂ©gationnisme et de rĂ©visionnisme historique. Il est de notre devoir collectif de maintenir la mĂ©moire vivante et d'honorer la vĂ©ritĂ© historique pour construire une sociĂ©tĂ© plus juste et Ă©quitable.
- Jean-Luc Poudroux
En tant que citoyen français et Réunionnais engagé de longue date dans la vie publique, en tant que candidat RN sur la 7e circonscription, je dénonce les déclarations de Johnny Payet à propos des festivités du 20 décembre, ou "Fet Kaf", qui célÚbrent l'abolition de l'esclavage à La Réunion, depuis l'inscription de ce jour férié au calendrier républicain en 1983.
Ses propos n'engagent que sa personne. Ses déclarations, aussi absurdes qu'aberrantes, méritent condamnation et réprobation, d'autant qu'elles ne sont portées ni par le Rassemblement National, ni par ses candidats engagés sur les législatives.
Le 20 décembre est certes la "fet kaf", mais c'est aussi la commémoration de l'aboutissement d'un mouvement philosophique d'émancipation qui honore notre pays et qui concerne, au-delà de la mémoire des victimes de l'esclavage, tous les Réunionnais qui chérissent la liberté⊠ce qui est mon cas et qui participe aussi des valeurs républicaines du Rassemblement National.
D'oĂč notre devise LibertĂ© - EgalitĂ© - FraternitĂ©. Rien de moins !

Ce n'est qu'avec le passé qu'on construit l'avenir » nous invite chaque jour à nous interroger sur les traces du passé et d'en tirer profit et de se poser de bonne question sur le présent sur no « représentant ».
Pour une Charte europĂ©enne des droits sociaux applicable outre-mer ĂCLAIRAGE LIBERTĂS PUBLIQUES / DDH PubliĂ© le 21/05/2025 Ă 9h00 Patrick LingibĂ© Membre du Conseil national des barreaux ancien vice-prĂ©sident de la ConfĂ©rence des bĂątonniers de France.
La Charte europĂ©enne des droits sociaux est une convention du Conseil de lâEurope signĂ©e le 18 Octobre 1961 Ă Turin qui complĂšte les dispositions de la Convention europĂ©enne des droits de
Lâhomme. Par exception au droit des traitĂ©s internationaux, elle ne sâapplique pas aux territoires Ultramarins. Une discrimination appelĂ©e Ă disparaĂźtre. Les explications de Me Patrick LingibĂ©. La Charte europĂ©enne des droits sociaux est une convention du Conseil de lâEurope signĂ©e le 18Octobre 1961 Ă Turin et rĂ©visĂ©e le 3 mai 1996 Ă Strasbourg. Câest un instrument juridique qui vise Ă
Garantir les droits sociaux et Ă©conomiques fondamentaux des individus dans leur vie Quotidienne. Lâobjectif de la Charte sociale europĂ©enne est de complĂ©ter les dispositions de la Convention EuropĂ©enne des Droits de lâHomme signĂ©e Ă Rome le 4 novembre 1950.
Une discrimination envers les populations dâoutre-mer
Le comitĂ© europĂ©en des droits sociaux du Conseil de lâEurope, le 19 mars 2025, a constatĂ© une Discrimination de la France envers les populations dâoutre-mer quant Ă lâapplication de la Charte Sociale europĂ©enne. Ce comitĂ© avait Ă©tĂ© saisi par la FĂ©dĂ©ration internationale pour les droits Humains (FIDH) dâune rĂ©clamation collective contre la France concernant des violations
PrĂ©sumĂ©es des droits sociaux et Ă©conomiques en Guadeloupe et en Martinique. Les principales AllĂ©gations soulevĂ©es par la FIDH portaient dâune part, sur lâaccĂšs inadĂ©quat Ă lâeau potable en Guadeloupe, oĂč jusquâĂ 80 % de lâeau produite est perdue en raison de fuites dans les rĂ©seaux
VĂ©tustes et, dâautre part, sur la contamination gĂ©nĂ©ralisĂ©e au chlordĂ©cone en Guadeloupe et en Martinique affectant notamment les sols. Si le ComitĂ© a reconnu que la rĂ©clamation formulĂ©e Par le FIDH Ă©tait conforme aux exigences procĂ©durales de recevabilitĂ© prĂ©vues par le Protocole Additionnel Ă la Charte, il a cependant dĂ» rejeter la requĂȘte sur le fond au motif que les Dispositions de la Charte ne sâappliquent pas aux territoires non-mĂ©tropolitains français
Le principe dâĂ©galitĂ© est loin dâĂȘtre une rĂ©alitĂ© ultramarine
Cette disposition dâapplication territoriale limitant la Charte au seul territoire hexagonal figurait Ă lâorigine dans le texte de 1961. Il convient de rappeler quâĂ cette date, le principe dâĂ©galitĂ© pourtant garanti par la loi de dĂ©partementalisation du 19 mars 1946 Ă©tait trĂšs loin de trouver une
application, notamment au niveau social. Il existait des discriminations hĂ©ritĂ©es de lâhistoire coloniale que mĂȘme une loi ne pouvait rĂ©gler dâun trait de plume dans chacune des anciennes colonies. Ainsi, il existait une diffĂ©rence salariale entre les salariĂ©s ultramarins et ceux de lâhexagone, les premiers Ă©tant rĂ©munĂ©rĂ©s sur la base dâun SMIC infĂ©rieur. Ce nâest finalement
quâau 1á”Êł janvier 1996, soit 50 annĂ©es aprĂšs la dĂ©partementalisation, que le SMIC outre-mer sâest alignĂ© sur le niveau du SMIC de la France hexagonale. Le principe dâĂ©galitĂ© est donc loin dâĂȘtre une rĂ©alitĂ© ultramarine, ce dâautant quâil existe toujours actuellement un Ă©cart Ă©vident puisque le SMIC outre-mer ne tient nullement compte des diffĂ©rences de coĂ»ts existant dans chacun des
territoires ultramarins Dans son considĂ©rant n° 12, le ComitĂ© a notĂ© quâil Ă©tait bien compĂ©tent pour traiter sur le fond la rĂ©clamation de la FIDH portant sur des questions touchant Ă la protection de la santĂ©, la protection des enfants, le droit au logement, la situation des catĂ©gories dĂ©favorisĂ©es et
vulnĂ©rables, celles-ci Ă©tant couvertes par la Charte europĂ©enne des droits sociaux. Mais leComitĂ© a rappelĂ© que lâarticle L§2 constitue une exception au principe gĂ©nĂ©ral dâapplication automatique des traitĂ©s internationaux sur tout le territoire dâun Ătat qui sâimpose Ă lui : sans dĂ©claration explicite et expresse de la France, les garanties offertes par la Charte des droits sociaux ne peuvent ĂȘtre Ă©tendues aux territoires dâoutre-mer.
La Charte sociale europĂ©enne bientĂŽt Ă©tendue aux dĂ©partements et rĂ©gions dâoutre-mer
Lâapplication de cette Charte mettrait ainsi fin Ă la discrimination dĂ©noncĂ©e par le ComitĂ© des droits sociaux et permettrait Ă la France dâĂȘtre en cohĂ©rence avec notamment deux textes de droit interne : le premier a trait au principe dâĂ©galitĂ© des territoires et peuples français dits « dâoutre-mer » dans la Constitution française, lâarticle 72-3, alinĂ©a 1á”Êł de la Constitution française
disposant « La RĂ©publique reconnaĂźt, au sein du peuple français, les populations dâoutre-mer, dans un idĂ©al commun de libertĂ©, dâĂ©galitĂ© et de fraternitĂ© » ; le deuxiĂšme concerne lâarticle 1 de la loi n° 2017-256 du 28 fĂ©vrier 2017 de programmation relative Ă lâĂ©galitĂ© rĂ©elle outre-mer et portant
autres dispositions en matiĂšre sociale et Ă©conomique qui pose en son premier alinĂ©a un principe majeur : « La RĂ©publique reconnaĂźt aux populations des outre-mer le droit Ă lâĂ©galitĂ© rĂ©elle au sein du peuple français ». Il convient Ă©galement dâajouter lâarticle 2 de la DĂ©claration universelle des
droits de lâhomme du 10 dĂ©cembre 1948 qui dispose que chacun peut se prĂ©valoir de tous les droits et de toutes les libertĂ©s sans « aucune distinction fondĂ©e sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont [il] est ressortissant, que ce pays ou territoire soit indĂ©pendant, sous tutelle, non autonome ou soumis Ă une limitation quelconque de souverainetĂ© » Le 8 avril 2025, lors dâune sĂ©ance au SĂ©nat, le ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© de la Francophonie et des partenariats internationaux, Thani Mohamed Soilihi, a officiellement annoncĂ© que le gouvernement français sâengageait Ă Ă©tendre lâapplication de la Charte sociale europĂ©enne aux
dĂ©partements et rĂ©gions dâOutre-mer. Il est regrettable que cette position nouvelle rĂ©sulte de la rĂ©cente dĂ©cision dâirrecevabilitĂ© prononcĂ©e par le ComitĂ© europĂ©en des droits sociaux, qui a soulignĂ© lâabsence de dĂ©claration formelle de la France pour ses territoires ultramarins. Ătendre la Charte sociale europĂ©enne aux territoires ultramarins permettrait de mettre fin Ă
une discrimination persistante, reconnue par le ComitĂ© europĂ©en des droits sociaux, et dâaligner la France sur ses propres principes constitutionnels dâĂ©galitĂ© et dâunitĂ© du peuple français. Cette extension ne requiert quâune simple dĂ©claration expresse du gouvernement auprĂšs duSecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Conseil de lâEurope. AprĂšs plus de soixante ans dâexclusion, elle ouvrirait
ainsi des perspectives concrĂštes de recours et de protection pour des populations confrontĂ©es Ă des difficultĂ©s sociales et Ă©conomiques majeures, mĂȘme si cette Charte ne crĂ©e pas de droitsdirectement invocables par les particuliers. NĂ©anmoins, elle constituerait un levier important
pour rappeler Ă la France ses engagements internationaux, Ă©tant rappelĂ© quâaux termes de lâarticle 55 de la Constitution, les traitĂ©s et accords rĂ©guliĂšrement ratifiĂ©s ou approuvĂ©s ont dĂšs leur publication une valeur juridique supĂ©rieure aux lois nationales. Face Ă la dĂ©gradation
continue des droits sociaux en outre-mer, il est urgent que les autoritĂ©s françaises prennent leurs responsabilitĂ©s et procĂšdent, comme promis, sans plus attendre, Ă cette dĂ©marcheindispensable pour garantir lâĂ©galitĂ© rĂ©elle et la dignitĂ© de tous les citoyens, quel que soit leur
territoire de résidence.
Référence : AJU499069
N'oublions jamais l'Histoire de La Réunion. Kreol rouv zot zieu.