Bien se protéger

Le soleil peut (aussi) être un danger pour les Réunionnais et les écosystèmes marins

  • Publié le 5 mai 2024 à 09:06
  • Actualisé le 5 mai 2024 à 09:14

Qu'on ne s'y méprenne pas. Ce n'est pas parce que l'hiver austral approche à petites foulées, que le soleil réunionnais n'en reste pas moins dangereux. Vous êtes d'ailleurs encore très nombreux à aller faire bronzette sur les plages de l'île, en quête d'un teint hâlé. Mais voilà, s'exposer n'est pas sans danger. Si le soleil est un véritable danger pour l'homme, les crèmes utilisées peuvent être aussi un vrai danger… pour les coraux et les mammifères marins (Photo rb/www.imazpress.com)

"Dans la vie, tout est bon à petites doses", indique Léopoldine Settama, présidente de la Ligue contre le cancer. "La bonne exposition au soleil permet la fixation de la vitamine D mais les gens doivent se protéger pour éviter toute dégradation de son état de santé."

"Idéalement, il faut se protéger du soleil en se mettant à l'ombre, surtout entre 10 et 15 heures", préconise le Docteur Scalbert Sadones Camille, dermatologue mais également membre de l'association Mission Soleil Réunion.

Ajouté à cela d'autres protections de type t-shirt en lycra, manches longues, chapeau ou encore lunettes. À La Réunion, selon un baromètre santé environnement de 2021, 55% des Réunionnaises et 44% des Réunionnais interrogés disent en mettre. 

En complément : appliquer de la crème solaire indice 50 anti-UVA et UVB, toutes les 2h et après la baignade ou le sport sur les parties découvertes. "Attention, la crème solaire ne vient qu’en complément des mesures précédentes et elle ne protège pas à 100%", lance l'ARS.

"La majorité des personnes qui n’utilisent pas de crème solaire c'est car elles n'ypensent pas (30%) ou n’y voient pas l’utilité (39%) d'autres y sont directement opposés (39%), ceci pour des raisons variées (crainte de leur toxicité 14%, usage désagréable (8%), pas confiance dans l’efficacité (8%) souci de l’environnement (5%), coût (3%) ou envie de bronzer (1%)", ajoute l'Agence régionale de santé.

Les Réunionnais de 18 à 75 ans ne mettent pas toujours la crème solaire toutes les deux heures, et les hommes deux fois moins souvent que les femmes (respectivement 15 % contre 30 %)."

Il est important de rappeler qu'à La Réunion, "les indices sont deux fois supérieurs à ceux de la métropole". "Les UV traversent à 90% les nuages, leur intensité toute l’année à La Réunion demande les mêmes précautions que par grand soleil", ajoute l'Agence régionale de santé.

"Au-delà du risque de cancer, le soleil provoque un photo vieillissement et peut-être que c'est cette information qui aura plus d'impact auprès des jeunes femmes."

Retrouvez ici tout ce qu'il faut savoir sur les risques des expositions au soleil et les indices UV de La Réunion en temp réel.

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- Un litre de crème solaire vidé dans les océans -

Se protéger soi c'est bien, mais le faire en protégeant notre littoral est encore mieux.

"Certaines crèmes sont un danger pour la biodiversité et entraînent la destruction des zones dans lesquelles ces produits sont répandus", lance Léopoldine Settama.

"Il n'y a rien à faire à part remplacer ce poison en n'utilisant des produits dont on sait qu'ils ne porteront pas atteinte à l'environnement", ajoute-t-elle. "Protéger l'environnement c'est nous protéger aussi"."

On estime que chaque seconde, 1 litre de crème solaire se dilue dans les océans, soit entre 6 000 et 14 000 tonnes chaque année.
Dilués dans la mer durant la baignade ou dispersés par le vent sur les plages via les aérosols, les composés toxiques s'accumulent dans le sable et se déposent dans le fond des océans.

L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire française) a d'ailleurs confirmé en septembre 2023 la nocivité de certaines crèmes solaires sur les coraux.

La moitié d'entre elles, dont trois filtres à UV, ont des effets négatifs.

L'Anses pointe particulièrement la dangerosité, pour les coraux, de trois filtres à UV utilisés dans les crèmes solaires : l'oxybenzone, l'octinoxate et l'octocrylène. "La présence d'une de ces substances [dans un produit] semble incompatible avec la possibilité de bénéficier d'une mention ou d'un marquage mettant en avant le respect du milieu marin", alerte l'agence.

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- Pour le lagon, privilégiez les crèmes minérales -

"Si une crème solaire est nécessaire pour couvrir la zone pas protégée, pour aider à la protection du lagon, le mieux est de choisir une crème minérale", explique le Docteur Camille Scalbert Sadones.

Si cela n'est pas forcément indiqué sur la crème, des petits dessins ou dans les annotations, il est notifié que ces crèmes sont respectueuses du lagon et des coraux.

"Des crèmes à l'effet blanc sur la peau car elles réfléchissent les UV. Leur avantage c'est qu'elles n'ont pas de filtre chimique qui altère les coraux."

La professionnelle de santé et membre de l'association Mission Réunion prévient : "certaines crèmes minérales ont des nanoparticules qui peuvent abimer le corail car elles peuvent agir comme des perturbateurs endocriniens".

Idéalement, "il faut regarder les ingrédients et éviter certains comme l'oxybenzone et l'octinoxate, des composants chimiques nocifs pour les coraux et la vie marine". "Soit on regarde les ingrédients soit l'application UCA ou UFC Que Choisir permettent de voir quelle crème est la moins nocive pour l'écosystème marin."

Comme l'indique la dermatologue, l'oxybenzone "est une molécule provoquant le blanchiment des coraux et qui affecte la capacité à survivre des écosystèmes marins". Autre produit pointé du doigt : l'octocrylène "qui peut s'accumuler dans les organismes marins, même les poissons et mammifères. Ce qui peut affecter leur santé et leur reproduction".

De plus, la dermatologue tient à alerter sur l'usage des huiles de monoï ou autres produits pour bronzer plus vite. "Cela ne protège pas du tout, au contraire ça fait brûler la peau", met en garde le Docteur Camille Scalbert Sadones.

"C'est hyper dangereux. Les UV pénètrent directement dans la peau." "Pensant bien faire et avoir une belle peau, ces personnes vont plutôt aggraver leur peau et développer des rides plus précocement", ajoute-t-elle.

- 100 nouveaux cas de cancer de la peau par an à La Réunion -

Crème ou pas… l'important est d'éviter à tout prix les coups de soleil, responsables des cancers de la peau.

À La Réunion, "on a 100 nouveaux cas de mélanome par an", indique la dermatologue. "Des cancers graves qui touchent aussi les jeunes et sont responsables de décès."

Schématiquement, il y a 2 types de cancers de la peau :

- Carcinomes (basocellulaires ou épidermoïdes) : leur nombre n’est pas connu car ils ne sont pas enregistrés dans une base de données. "Une étude faite par l’Observatoire Régional de la Santé sur financement CGSS est en cours de finalisation et devra permettre de connaître le nombre d’adultes concernés par les carcinomes de la peau", explique l'Agence régionale de santé.

- Mélanomes : moins fréquents que les carcinomes, leur nombre est connu car ils sont répertoriés dans les registres des cancers, du fait de leur gravité. Selon les données du Registre des cancers de La Réunion, le nombre de mélanomes invasifs de la peau diagnostiqués en 2018 chez l’homme = 32 et chez la femme = 26, soit un total de 58.

"Dans ce cas il peut y avoir des métastases qui peuvent provoquer un décès", explique la dermatologue.

À La Réunion, on compte presque un décès par mois lié au cancer de la peau. La moyenne d'âge des personnes ayant perdu la vie étant de 60 ans.

42 % des réunionnais indiquent qu’il leur est déjà arrivé de faire examiner leur peau par un médecin généraliste ou un dermatologue à la recherche d’une anomalie (exemple cité : "comme un grain de beauté qui apparaît ou change de forme") et, parmi eux, 12 % le font au moins tous les ans.

Il est important de savoir que les cancers de la peau peuvent subvenir à l'âge adulte, en lien avec des coups de soleil eu dans l'enfance ou en raison d'une exposition chronique au soleil.

Toutefois, "bien évidemment, ce n'est pas parce qu'on est exposé au soleil qu'on attrape un cancer de la peau", rassurer la présidente de la Ligue contre le cancer. "L'exposition est une circonstance aggravante, raison pour laquelle il faut se protéger, avec les bons produits."

Lire aussi - Journée du Soleil : prévenir les dangers de l'exposition au soleil

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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5 Commentaires
Voyager974
Voyager974
2 mois

L homme un danger pour la planète

Torti
Torti
2 mois

On parle des dangers du soleil sur les plages où à la montagne. Et à l’école ? Combien d’enfants sont exposés sans crèmes ni casquettes pendant leurs activités éducatives à l’extérieur ou lors de leurs entraînements sportifs ? Et n’est-il pas aussi recommandé qu’ils portent « comme les grands » des lunettes solaires ? Toutes ces protections devraient être obligatoires…

Rachel
Rachel
2 mois

Erreur dans l'article : pas de métastases dans les carcinomes, mais possible dans les mélanomes.

Merci Rachel, nous avons rectifié.

Thoz Rachel
Thoz Rachel
2 mois

Rachel

Martine
Martine
2 mois

Et les choses ne vont pas s’arranger avec le changement climatique. Il est fort à craindre que cela aille de mal en pis.